Deuxième nuit passée dans notre petit nid Agrigentais. On a dormi comme des bûches1.
Retour sur la place piazza Luigi Pirandello pour notre deuxième petit déjeuner. Pas au même endroit, mais la même chose, peu ou prou ; le cappuccino et des croissants fourrés à plein de trucs sucrés. Et, nouveauté : un bon jus d’orange pressé de frais.
Ensuite, on s’empare de nos affaires et de la valise, et hop ! Adieu Agrigente. On t’a bien aimé, on te reverra avec plaisir, nous espérons.
Le GPS est maintenant réglé sur la ville de Favara. En soi, ça n’est pas une escale qui semble très intéressante, sauf pour son centre d’art contemporain niché en plein cœur de la vieille ville, le Farm Cultural Park.
Le lieu en soi est amusant, un dédale de petites pièces qui semblent imbriquées les unes dans les autres. Nous y visitons deux expositions ; une première au centre même dont les thématiques sont variantes au long de la visite, puis on nous propose ensuite d’aller voir la Human Forest.
La Farm a mis la main sur un ancien palazzio en ruine. Après avoir vérifié et sécurisé sa structure, ils ont décidé d’y planter un jardin et une forêt. Le but est, à terme, de laisser les plantes accaparer l’espace et d’investir un écosystème autonome à l’intérieur des pièces du petit palais. Bien entendu, des expositions y prendront aussi place.
Bref, c’est rigolo, la visite2 était très sympa.
Une fois notre tour fini, on reprend la route. Cette fois, la destination du GPS est Syracusa. Mais vers midi, une heure, on décide de faire escale à Caltanissetta.
L’idée était de renouveler plus ou moins ce que nous avions fait le premier jour à Piazza Armerina ; se prendre quelques trucs à grignoter et faire un repas rapide sur une placette, avant de repartir.
Nous sortons de notre voie rapide pour entrer dans la ville. Je suis à la fois le GPS et les panneaux qui m’indiquent la direction du Centro, pour débouler dans un vieux quartier qui, curieusement, n’a rien de pimpant. On trouve à garer la voiture dans un endroit qui semble ne pas trop craindre3 et on commence à déambuler dans les rues désertes, étroites et décrépies. En un mot : c’est glauque.
Nous reprenons la voiture pour chercher une sorte de centre-ville plus adéquat, avec l’option de fuir si vraiment on ne trouve pas mieux. Finalement, nous arrivons à une grande place qui chausse la cathédrale di Santa Maria La Nova où nous localisons enfin plusieurs cafés ouverts et quelque peu fréquentés.
Rassérénés, on s’installe sur un banc pour prendre notre déjeuner4 puis un café en terrasse. Ensuite, nous reprenons l’autostrada sans histoire et relativement rectiligne jusqu’à Syracusa.
L’arrivée est elle aussi ennuyeuse, mais pas au même titre.
Synacusa même, à part ses vestiges antiques, ne nous intéresse pas particulièrement. Ce qu’on en voit en arrivant n’a rien de bien folichon ; de grosses zones industrielles et commerciales. Mais notre but, c’est l’île d’Ortigia, la ville historique nichée sur son petit promontoire auquel on accède par l’un des trois ponts qui la desservent.
Après quelques difficultés pour se garer, nous rallions l’hôtel de notre seule nuit sur place, le Gran Bretagna Hotel. Nous y stockons nos affaires et, plus légers et plus frais, nous repartons à la découverte de la belle Syracuse.
Nous traversons une première fois la magnifique place du Duomo, qui est un régal pour les yeux par son ampleur et son architecture au sommet du baroque. Et quelle tranquillité, quelle quiétude.
Nous continuons notre balade dans les rues et ruelles qui parviennent à la gageure d’être à la fois géométriques et sinueuses, pour arriver au foro Emanuele II, c’est-à-dire au front de mer. L’esplanade est immense, la mer calme5 accueille peu ou pas de trafic. En face d’elle, c’est une continuité de bars à touristes, sortes de salons lounge à ciel ouvert. Nous remontons presque jusqu’au bout le cours, avant de renoncer devant une marée humaine parlant fort et remuant au son trop fort d’une sono techno débraillée.
De retour à l’autre pôle, nous jetons notre dévolu sur l’un des canapés qui nous tend les accoudoirs6. Je feuillète la carte à la recherche de ce sur quoi nous sommes tacitement d’accord. À ma surprise, ça n’y figure pas. Néanmoins, je demande :
— Do you make spritz?
— Of course! me répond l’aimable serveur.
— Then, make two, please.
Enfin ! Le spritz des vacances ! Bon, certes, nous l’avons payé quelque chose comme un demi-SMIC. Mais ça nous fait tout de même bien plaisir.
Nous profitons donc du coucher de soleil en sirotant nos boissons, accompagnées de chips (pas terribles, mais pas trop salées) et d’olives vertes (pas mal).
Ensuite, nous rallions un restaurant trouvé dans notre guide, le Sicilia in Tavola7. On s’est dit que si on ne peut pas s’y poser, on trouvera bien une autre table quelque part.
Il y a de la place, donc on s’y pose, à même la ruelle. On s’y trouve bien, malgré que nous sommes assis à côté d’un couple italo-français en pleine drague un peu envahissante. Et, malgré que je ne suis pas assez couvert et qu’un petit vent piquant s’est levé. Je passe la soirée à répondre à ma Douce que « Non, non, même pas froid, même pas peur tout va bien ! », mais je vais le payer les jours qui viennent.
En attendant, nous dînons d’un plat de spaghettis aux fruits de mer (mais pas à la Sicilienne), et d’une assiette de sardines et anchois grillés, accompagnés d’un verre de vin blanc bien équilibré8. La dame qui nous sert parle un très bon français. À la vue de notre commande (une entrée, deux plats), elle nous demande si nous allons partager nos assiettes. Surpris de la question, nous acquiesçons.
Et c’est avec une agréable surprise que nous voyons arriver devant nous chacun des plats en demi-assiettes chacun. C’est vraiment une délicate attention.
Bref, on se régale, puis on va balader dans les rues serpentines d’Ortigia, jusqu’à la pointe sud de l’île, sur la petite piazza Federico di Svevia sur laquelle se trouve l’autre restaurant que ma Douce avait également repéré sur le guide. Pas de regret, le bar d’à côté est en mode techno aux surbasses testostéronées. On fait demi-tour pour remonter vers le front de mer, en admirant au passage la tranquille Fonte Aretusa où s’épanouissent de magnifiques papyrus et où s’ébat une théorie de canards de toutes les tailles. Et où nous admirons l’humanité dans toute sa splendeur sous la forme de divers déchets plastiques flottants à la surface du bassin.
On termine notre tour par la place du Duomo, cette fois de nuit, resplendissant sous ses éclairages artificiels. En passant, nous admirons par les fenêtres ouvertes du premier étage d’un des immeubles en façades, le plafond d’un appartement incroyablement décoré ; moulures, tentures, colonnades et lustres d’un infini baroque. Rebroussant chemin, nous allons jeter un œil à l’entrée d’une cour intérieure, au 10 de la via Pompeo Picherali. Nous déchiffrons sur une plaque qu’apparemment cet appartement-musée serait à visiter. Hélas, toujours selon ce qu’on comprend, il reste moins d’un quart d’heure pour le visiter.
Nous tergiversons devant l’entrée de l’escalier lorsqu’un groupe d’une demi-douzaine de personnes, assez âgées, nous passe devant tout sourire et bonsoirs, pour emprunter l’escalier. Le dernier, très souriant, nous fait signe de suivre. Nous échangeons un regard, puis nous leur emboitons le pas.
Sans trop comprendre sur le moment, le groupe dépasse le premier étage et continue de monter. Nous suivons, presque jusque le dernier étage. Là, le petit groupe ouvre un appartement, s’y engouffre, et le dernier –celui qui nous avait invités à monter– nous fait coucou de la main et ferme la porte devant nous.
Deux théories s’affrontent. Ma Douce est persuadée que les facétieux petits vieux nous ont fait une blagounette. Personnellement9, je pense que la personne nous a juste indiqué du geste que nous pouvions entrer dans le bâtiment, mais n’avait pas anticipé que nous allions les suivre jusque chez eux.
Bref. On n’a donc pas visité le Palazzo Borgia del Casale, et nous le regrettons un peu.
Enfin, après avoir hésité à déguster une petite glace, voire un cannoli, nous finissons par retourner à l’hôtel. Où je suis content de pouvoir me prendre une douche bouillante, me gober 1000mg de paracétamol, et m’écrouler dans un lit king-size en toute flacitude10.
Score Fit : 13.843 pas
Même si nous continuons à souffrir de nos infections nasales respectives. Pour moi ça sera la constante du séjour.↩︎
En totale autonomie. Après nous avoir expliqué le principe, on nous a laissés seuls déambuler à notre rythme à l’intérieur. Ça aussi c’était chouette.↩︎
On ne craint pas spécialement un vol, mais plutôt des coups à la carrosserie qui plongerait mon compte dans l’embarras à coup de franchise douloureuse.↩︎
Comme d’habitude ; pain, fromage, mortadelle, Parme, tomates, biscuits, orange.↩︎
Mais toujours pas motivante à la baignade.↩︎
Bar choisi au pif tellement ils se ressemblent. Seul critère de sélection ; il y a de la place et la musique ne braille pas.↩︎
« La Sicile à Table », tout simplement.↩︎
Souvenez-vous ; le premier, au Ruga Real était une merveille de minéralité beurrée, le second était bien trop minéral. Celui-ci est sec sans excès.↩︎
Je suis naïf et je manque de malveillance.↩︎
Au grand regret d’Antidote, ce mot n’existe pas, mais il décrit bien l’état dans lequel je me suis couché ; à plat, en mode flaque et plein de lassitude.↩︎