La tradition s’est déplacée. Jusque là, je m’arrangeais pour passer Noël en famille, mais depuis le Covidemec, j’ai été forcé de décaler mes visites en été.
Et c’est pas plus mal. En dehors de visiter ma famille, et du fait que j’ai peu d’appétence pour les fêtes de fin d’année, j’avoue que les plats paysages du Nord rendent mieux sous un soleil presque estival que sous le gris et poisseux crachin de l’hiver.
Donc, après le séjour en Grèce où il a fait très chaud et où on a survécu grâce à des bains de mer quotidiens et répétés et ce qu’il fallait en boissons fraîches, après le plomb sec de la canicule provençale, j’apprécie à sa juste valeur des journées à 25°.
J’ai fait quelques tests, vaguement commentés ici ou sur Mastodon, et j’ai cru tenir ma solution pour écrire où que j’veux quand que j’veux. Et ça tient en trois éléments :
Testée tranquillement à la maison, sans vraiment me mettre au travail, la solution semblait totalement fonctionnelle1.
J’ai donc glissé dans mon sac la tablette et le clavier en plus du matériel informatique habituel (Ordinateur portable et Wacom One pour le boulot en motion), avec l’idée de scribouiller dans le train.
C’est pas que je manque de trucs à écrire. Bien que j’ai pris de l’avance sur le Writever2, j’ai sur le feu la refonte du projet Helialithos3, et deux nouveaux Contes Grecs dont j’abreuve mon Obsidian de notes avant d’attaquer la rédaction.
À la gare d’Aix, je monte dans mon TGV. Ma place est à l’étage, et c’est un direct Lille Flandres. Je compte bien mettre à profit mes quatre heures assises pour être un peu productif. Mon voisin est un jeune grand blond façon nordique qui, une fois qu’il m’a laissé m’installer, commence à poser devant lui un pad musical. Un musicogeek. Sympa. J’ai hâte de sortir mon matos d’écrivogeek. Et c’est là qu’il se retourne vers moi pour me demander, dans un français hésitant et accentué :
— Ma copine est en dessous. Est-ce que vous accepteriez d’échanger votre place avec elle ?
Oh, ben… Ok. Pourquoi pas ? Donc, je remballe mes affaires et je descends d’un étage, à la recherche de ma place de substitution. Je croise la jeune dame qui me remercie chaleureusement avant d’aller retrouver son Viking mélomane.
Et là, je découvre l’étendue de mon sacrifice ; je vais passer quatre heures4 dans le carré en compagnie d’un petit couple — fort sympathique dans l’absolu5 — et de leur bébé de quelques mois.
Le carré est déjà pas très grand en matière de surface de travail, mais quand en plus il est envahi de jouets divers et de mimines de bébé prêtes à agripper tout ce qui passe à leurs portées, c’est compliqué.
J’ai donc commencé à sortir la tablette pour lire un peu6, mais avec un mélange d’agacement poliment contenu et de légère pudeur à sortir mon clavier de clown, j’ai tout simplement abandonné l’idée d’écrire avec la tablette.
Je n’ai pas pour autant cédé la procrastination somnolente. J’ai écrit. Sur le portable. Na.
Néanmoins, après quelques jours chez les parents, j’ai tout de même ressorti le writing setting7 avec l’idée de sérieusement bosser sur mon épopée caprine pour mes Contes Grecs.
Ce fut le deuxième volet de la déceptitude. Je découvre en tentant de gérer mon espace de travail que l’interface d’Obsidian n’est pas vraiment ergonomique sur tablette. Merdalors.
Lorsque je travaille un texte sur Obsidian version ordi, en général l’écran est occupé par trois panneaux :
L’écran de ma tablette est assez grand8 pour contenir tout ça.
Sauf que… Si l’interface de la version tablette d’Obsidian permet ce type de disposition, elle n’autorise pas de s’en servir pour travailler. Absurde ? Contradictoire ? Oui.
En gros, je peux obtenir la même disposition, comme le prouve la capture ci-dessous :
La différence est que, si je clique sur mon document principal dans lequel je veux écrire, par exemple, tout le reste va se refermer. Vous noterez la présence de petites icônes « punaises » pour chaque onglet et pour le menu. En théorie, ça fige la présence de l’onglet à l’écran — et ça marche très bien sur ordinateur. Mais sur tablette, ce bouton semble n’avoir qu’une fonction décorative. J’ai beau cliquer dessus, l’appli s’en carre les badigoinces comme de sa première gorgée de panaché tiède.
Comme vous n’êtes pas les premiers à qui je me plains de ce comportement, je me fais un plaisir de partager avec vous9 ce court échange avec Olivier :
(Olivier) J’ai pas ça… SUR IPAD ! Mouahahhaha
(Moi) Ben t’as un iPad, déjà. De base tu pars perdant. [insérer rire diabolique et mesquin]
(Olivier) Sauf que je sors la carte « je me sens pas touché parce que je suis prisonnier captif, mais heureux
(Moi) Pareil, mais moins cher
Bref, en y réfléchissant, c’est très agaçant, mais pas rédhibitoire. Mais c’est salement agaçant pour bosser en toute sérénité. Ça et quatre heures de bébé énervé.
Parce que, vous voyez, c’est encore un peu les vacances, alors…
…on se quitte ici, on se retrouve là-bas, mais en un peu plus bronzés.
Sauf en ce qui concerne les raccourcis clavier Android, mais je m’en passe volontiers.↩︎
L’avantage d’être l’auteur de la liste du mois d’Août.↩︎
Ex « Monde du Sel »↩︎
Bon, si vous chipotez : trois heures et quarante-cinq minutes au moment des faits.↩︎
Enfin, surtout lui. Elle a quasiment tout le temps évité mon regard et n’a pas souri une seule fois.↩︎
Si vous avez suivi les épisodes précédents, ma liseuse est aussi fonctionnelle qu’une tranche de salami périmé.↩︎
Pourquoi cette terminologie anglaise ? Pour que ça claque ? Oui. En ai-je honte ? Définitivement.↩︎
C’est un douze pouces, je crois.↩︎
Et sans son consentement.↩︎