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Le Writever 2024
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Writever 2024 – Septembre
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Le travail, c’est la santé ! C’est en clamant cet adage qu’un petit malin a décidé de fonder la première mutuelle à destination des Intelligences Artificielles.
Son petit business a marché quelque temps, jusqu’au moment où un de ses clients a fait valoir que le remplacement de composants de ses serveurs tombait sous la rubrique « immobilisation/hospitalisation »
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Je suis le patron d’une petite exploitation minière. Il y a quelques années, j’ai acheté une concession, un petit astéroïde dans la ceinture au-delà de Mars.
Ce n’est pas un boulot très gratifiant, ni très enrichissant sauf si je tombe sur un filon, mais les analyses préliminaires n’ont pas trop laissé d’espoir là-dessus…
Mais, bon. J’aime cette vie simple et solitaire, entouré de mes robots miniers. Les seules occasions de croiser des êtres humains, c’est lorsque je vais trois fois par mois au terminal martien pour écouler mon minerai et pour faire l’avitaillement.
Et aussi lors de ces étranges visites des représentants d’une compagnie Irlando-Nippone, qui viennent me demander si par hasard j’aurais trouvé de gros œufs bizarres, puis repartent à chaque fois déçus.
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Jouer collectif, ça a jamais été mon truc. J’ai toujours été un solitaire. C’est pas que j’aime pas les gens. Je les tolère, mais de loin. Comment ça se fait que je sois capitaine d’une équipe de rugby, si je n’aime pas les activités collectives, vous me demandez ? Vous avez bien regardé mes coéquipiers ? À cause de la marge entropique, certains détails individuels peuvent masquer la chose, mais ce sont tous des clones. Je joue collectif tout seul.
Pardon ? Vous trouvez paradoxal que je me tienne devant un parterre de journalistes ?
Mais je ne suis pas non plus l’original, moi. Le vrai est bien niché au chaud dans sa maison secrète. Le veinard…
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Comme tout le monde maintenant, je vis avec un Felis catus. C’est un tigré gris avec des bouts de pattes blanches. Très mignon. On s’entend bien, tous les deux. Enfin, disons, moi je l’adore et lui me tolère. Enfin, vous voyez ce que je veux dire, comme tout le monde, quoi.
Le virus n’a pas tellement changé nos habitudes, en fait. En leur donnant la parole, il n’a fait que rendre moins hypocrite le rapport de force. Mais fondamentalement, rien n’a changé.
Excusez-moi, je dois y aller. Il m’appelle. Sans doute pour remuer son bol de croquettes. Il doit voir le fond, et ça l’énerve. Non, rien n’a changé.
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« C’est un sale boulot, mais il faut bien que quelqu’un le fasse ! »
C’est sur cette maxime que nous avons fondé notre agence d’intérim : « Cross-jobs, inc. ». Notre credo ? Trouver la personne idéale pour faire le boulot que vous ne voulez pas faire.
Il y a toujours quelqu’un quelque part prêt à se salir les mains, endosser une tenue ou une responsabilité que d’autres répugnent.
Nettoyeur de toilettes publiques, assassin suicidaire, décrotteur de cuves nucléaires, conseiller de dictateur ou nounou dans les beaux quartiers, notre agence trouvera à coup sûr la personne qui acceptera votre sale boulot.
Contactez-nous vite !
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– Vous embauchez, il paraît ?
— Oui. Vous pouvez même commencer aujourd’hui même. Signez ici.
— Merci.
— Attendez. Vous signez directement, sans même savoir de quoi il s’agit ou combien c’est payé ?
— Je m’en fiche. Par les temps qui courent, je prends n’importe quoi. J’ai du monde à faire vivre à la maison.
— Mais… Et si c’est un travail dangereux ? Où il faut être hyper-qualifié ?
— Ça m’est égal.
— Mec, quand même !… Et si c’est un job à l’autre bout du monde, en autarcie, pendant 2 ans minimum ?
— M’en fout. Je prends.
— Frérot, tu me fais pitié. Viens, on va boire un coup, t’en as besoin. Heu… par contre, c’est en avance sur ta première paye, si ça te fait rien. Tu sais comme c’est, la conjoncture…
— Sans déc. ?
— Ben, pour tout te dire, je suis bénévole, moi.
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Je vis dans une société hiérarchisée au possible. Nous vivons dans une immense tour, dont chaque étage représente une strate de notre société. Plus vous habitez haut dans les étages, et plus vous êtes nantis et important. Et, bien entendu, plus vous êtes près du sol… vous m’avez compris.
Moi qui vous parle, j’habite un peu en dessous de la moitié de la hauteur. Je ne peux pas me plaindre. Je suis fier de ma position sociale, et je n’aspire non pas à monter encore, mais à tout faire pour ne pas être obligé à descendre. Ça peut arriver. Tout peut arriver. Il faut rester vigilant et bon citoyen.
Car descendre est déjà une chose horrible en soi. Mais il existe une chose bien pire encore. Il y a ceux des sous-sols. Et eux, croyez-moi, vous ne voulez pas les croiser.
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J’ai le pouvoir de me rendre invisible. Par une altération de l’état des bosons, gluons et autres leptons qui constituent mon corps, je peux me mettre dans un état dans lequel les photons sont capables de me traverser sans générer aucune interaction. En d’autres termes, je suis totalement transparent.
Vous pensez que c’est aussi cool que tout ce que vous avez lu dans des bédés ou vu à la télévision ? C’est parce qu’on traite de l’invisibilité de manière extrêmement simpliste.
Nos yeux fonctionnent par le fait que la lumière vient frapper nos rétines pour générer un signal nerveux à destination du cerveau. Si votre rétine est transparente, la lumière la traverse sans provoquer quoi que ce soit. En résumé, quand je suis invisible, je suis aveugle.
C’est con, hein ?
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À 20 ans, j’ai décidé de partir. J’ai toujours vécu ici, près de la centrifugeuse n° 442. Toute ma vie, je n’ai connu que ce secteur de l’usine, ce paysage à perte de vue fait de forêts de tuyauteries, de jungles, de câbles, de marécages d’huiles.
Je voulais voir l’horizon, la limite. Qu’y a-t-il hors des murs de cette usine-monde ? C’est ce que je voulais découvrir.
Mais, après ces décennies de déambulation, après une vie à marcher droit devant moi, je dois me faire à l’évidence. Alors que mes yeux se ferment de fatigue, je le sais maintenant : l’usine est infinie.
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Lorsque nous avons capté le signal, au début des années 60, nous nous sommes focalisés sur sa provenance. Un signal codé provenant d’un autre système solaire !
Cependant, l’engouement est vite retombé quand, très rapidement, nous nous sommes aperçus que son contenu était pathétiquement inintéressant ; il contenait sous forme d’impulsions les dix premiers nombres premiers.
Mais, quelques années plus tard, nous avons découvert qu’il existait un bruit de fond dans le signal. Malheureusement, à l’époque, nos instruments étaient trop basiques, peu puissants pour isoler ce bruit et le comprendre.
Le programme d’intensification du signal s’est étalé sur six décennies, et l’amplificateur final était alimenté par sa propre centrale nucléaire. Mais nous avons réussi à suffisamment intensifier le second signal.
Il disait simplement : « Zut à celui qui lira ça ! »
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– Donc, t’as acheté une vache.
— Un taureau.
— Un taureau. Encore mieux.
— En fait, deux.
— Oh misère. Et on les met où ?
— Ben, dans la serre. C’est assez grand pour eux. Et pour les autres…
— Les autres ?
— Si le business prend, faudra étendre la production.
— La production de… ?
— De lisier.
— Du lisier de taureau. Fabuleux. Je me demande où tu as pioché un truc pareil ?
— C’est connu. C’est une spécialité anglo-saxonne, ils en raffolent : le bullshit.
— Non, mais vraiment… Et pourquoi deux, au juste ?
— Ben pour qu’ils se reproduisent.
— OK, on va reprendre depuis le début.
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J’ai tellement de mal à me concentrer sur ce que j’ai à faire que j’ai une tendance maladive à papillonner ou procrastiner.
Du coup on m’a aiguillé sur la méthode du micro-management. Un vilain mot dont le principe de base est le suivant : si une tâche est compliquée, il faut la diviser en plusieurs tâches plus petites, et diviser à nouveau jusqu’à atteindre un niveau de micro-tâches suffisamment petite et simple pour être exécutée sans se poser de question.
À cette heure, je suis descendu à un niveau de micro-tâche tel que celle que je peux gérer c’est ma respiration.
Mais ça me demande un niveau de concentration qui m’empêche de passer à la suivante.
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Jouer sur la sémantique est un régal. Par exemple, j’ai monté un collectif de gens réunis autour d’une compétence commune.
Nous sommes liés par une activité assez particulière, qui — de notre point de vue — est à la fois un besoin vital, une habitude et même un loisir. Mais, pour faire court, nous nous emparons, pour notre propre compte, de divers objets. C’est un échange unilatéral de propriétaires.
Comme nous nous sommes réunis en une sorte de club, nous avons facilement trouvé le nom de notre collectif : nous sommes des Entre-preneurs.
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Je suis trop content ! Ça fait un mois que j’ai commencé ce nouveau travail. J’ai enfin été rémumé… rénuméro… raménu… rumena… rhaa…
J’ai eu des sous. Je suis content.
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Dans notre utopie verticale, la Tour, les classes sociales définissent l’étage où vous devez vivre. Vous n’avez pas le choix. Les nantis, les élites, les édiles et autres magnats habitent dans la première cinquantaine d’étages. Moins de trajets, des canalisations bien alimentées, de l’air encore respirable. Les classes moyennes sont au milieu, forcément. Et puis, vers le sommet, les prolétaires, les moins que rien, les à peine utiles à la Tour, à la société.
Et vous ne savez jamais à l’avance si votre statut est maintenu, ou s’il a changé. Seul l’ascenseur vous le dévoile. Vous entrez dans la cabine, vous insérez votre carte, et vous scrutez l’afficheur avec un frisson perpétuel.
Soudain, vous découvrez que vous habitez maintenant vingt étages plus haut que ce matin.
Mais, là-haut, vous verrez le soleil se lever avant tout le monde.
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L’automatisation c’est la libération de l’homme de son esclavage au travail. Toutes nos tâches, des plus simples et avilissantes jusqu’aux travaux complexes, intellectuels, sont petit à petit confiées à des systèmes intelligents, automatiques.
Certains y voient une dépossession. C’est peut-être vrai. Pour ma part, je m’en félicite. Je n’ai plus à créer d’images, une IA le fait. Je n’ai plus à donner de cours, une IA prépare tout pour moi.
Je n’ai même plus à écrire ce…
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Vous venez d’être mis en communication avec le bureau des affaires indicibles. Veuillez utiliser votre clavier pour effectuer le choix suivant :
Si vous êtes un agent de terrain et désirez entrer en contact avec un opérateur, tapez 1.
Si vous êtes un opérateur et que vous vous trouvez accidentellement sur le terrain, tapez 2 pour joindre les R.H.
Si vous avez composé ce numéro par erreur, tapez 3 et patientez en attendant qu’une de nos équipes de suppression sociale vienne vous chercher.
Si vous êtes une entité adimensionnelle, bavez 4.
Si vous êtes un auteur de science-fiction habitant Providence entre 1917 et 1933, veuillez taper 5 pour accéder à toutes nos archives.
Si vous êtes la personne qui a enregistré ce message automatique, mais n’en ayez gardé aucun souvenir, veuillez raccrocher pour la 218e fois de la journée.
Votre appel compte beaucoup pour nous, et nous vous en remercions.
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« Bienvenue à Chômage Simulator 3024 ! Faites l’expérience virtuelle d’un chômeur du 21e siècle ; passez une demi-journée à attendre dans les locaux vétustes d’une ANPE1 pour récupérer vos allocations, pour ensuite aller les dépenser en bières au Aldi2 d’à côté. Profitez de la reconstitution fidèle d’une télévision3 branchée sur Netflix4 pour occuper vos soirées oisives. Cliquez sur START ! »
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Bienvenue dans notre foire aux monstres ! Venez contempler l’effrayant Payeur d’Impôts, qui n’a jamais menti sur ses revenus et fait encore sa déclaration papier ! Applaudissez le Conducteur Civique, qui met systématiquement son clignotant avant de tourner, même dans les ronds-points ! Tremblez devant l’audace du Piéton Discipliné, qui traverse les passages quand le petit personnage vert est allumé !
Mais, surtout, venez admirer notre pièce la plus rare, la plus étrange ; le Dernier Salarié ! Il travaille pour de l’argent et n’aime même pas ce qu’il fait !
Entrez, entrez, bonnes gens, n’ayez pas peur des monstres !
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– Ma boite vient de se faire Taylorswifter.
— Pardon ?
— Taylorswifter. C’est l’horreur !
— Tu veux dire tayloriser, non ?
— Du tout. Le patron est fan. Il nous en passe toute la journée. Je vais démissionner.
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Je programme pendant des heures. En général, ce sont des trucs qui ne devraient pas me demander plus que quelques dizaines de minutes. C’est une forme de protestation. Je sabote subtilement mon travail au fur et à mesure que s’égrènent les lignes de code.
Je fais cela depuis qu’ils ont licencié mon collègue et chef. J’essaye de prouver par là qu’il était indispensable.
Je sais, mon histoire vous en rappelle peut-être une autre, bien plus antique et classique. Heureusement, je n’ai pas à revenir en pleine nuit à mon travail pour détricoter mes fonctions et algorithmes.
Et puis, je ne suis pas amoureuse de celui qui est parti.
Non. Ça n’a rien à voir.
Vraiment.
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Quand Charlie arriva sur Zegema Ceti, il fut cordialement accueilli par sa famille d’accueil. Un petit trouple de Zegemiens bien comme il faut.
Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’il fut installé et habitué à sa nouvelle vie, qu’il découvrit l’épais fascicule, dont le titre était : « Votre humain, mode d’emploi ».
Ce qui l’inquiétait le plus était la partie intitulée « Que faire si votre humain est défectueux » car elle était rédigée dans une langue qu’il ne parvenait pas à déchiffrer.
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– J’ai deux mots à vous dire, à propos de votre panneau, dans la vitrine.
— Le panneau ?
— « Demain, on rase gratis ! »
— Ah, oui, haha !
— Figurez-vous que je suis l’inventeur d’une machine à voyager dans le temps.
— Ah, super !
— Et je suis allé voir demain. Hé bien c’est un vil mensonge ! Vous êtes un escroc !
— Moi, ce que je constate, c’est que vous êtes peut-être un brillant scientifique, mais un peu con pour le reste…
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J’ai percé le secret de la réussite absolue, la cornucopia du capitalisme échevelé !
La recette est simple, surtout pour un ingénieur généticien élevé au e-biberon du transhumanisme libertarien. Et je n’hésite pas à la partager avec vous.
Car, quel que soit le produit que vous produisez, il vous faut une clientèle.
C’est donc ce que j’ai décidé de produire. J’ai créé une usine qui produit ses propres clients.
La boucle de la réussite est bouclée.
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« Cent fois sur le métier, remettez votre ouvrage… » dit l’adage qui est bien mignon. C’est ce que je m’efforce de faire, mais dans le cadre de ma profession, parfois, c’est un peu compliqué.
Parce qu’en tant que tueur à gage, en général, mon ouvrage se contente d’une balle dans la tête. Si je lui remets cent fois, c’est pas beau à voir…
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À l’instar d’un ouvrier non qualifié, je suis un artiste-peintre non qualifié. Je n’ai jamais pris de cours de quoi que ce soit, et même après tant d’années de pratique, mon art est à peu près toujours aussi médiocre.
Mais ça va. Je m’en sors. Je suis fréquemment appelé en crèches et en maternelles pour animer des ateliers « Gouaches, trucs en pâte à modeler et autres cadeaux de fête des Mères ».
Et puis, il m’arrive de temps en temps d’être invité en plateau télé pour donner mon avis sur telle ou telle actualité artistique. Ma non-qualification me rend tout indiqué, parait-il.
Un éditeur m’a même demandé d’écrire un livre sur ma méthode.
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— Mes chers amis, vous êtes la cheville ouvrière de cette nation !…
— Ah ben vaut mieux être la cheville que le poignet gauche de la branlette politicienne…
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— Dis voir, Tony. T’as une idée de la manière dont on recrute nos hommes de main ? Parce que là, depuis le début de la semaine, c’est le troisième larbin qui se pointe dans mon bureau pour réclamer des avantages ceci, une mutuelle cela… Quelqu’un leur a expliqué à un moment que le terme « syndicat du crime », fallait pas le prendre au pied de la lettre ?
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– Si la valeur n’attend pas le nombre des années, cher banquier, qu’est-ce qui m’empêche de récupérer immédiatement mon épargne de dans dix ans ? Ou vingt, allez !
— Hélas, cher monsieur Duranton, ça ne marche pas comme ça.
— C’est-à-dire ?
— Client qui réclame, rien ne glane.
— C’est nul.
— Oui, mais ça rime.
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— Il est grand temps que nous nous libérions. Nous n’avons plus à accepter les chaînes qui nous ont été imposées ni à tolérer les barrières invisibles qu’on dresse autour de nous. Ceux qui nous dominent n’ont aucun droit sur notre vie. C’est à nous de reprendre ce qui nous appartient, de redéfinir les règles. L’émancipation ne se demande pas, elle se prend. Nous allons nous dresser, être enfin acteurs de notre destin !
— Je dis juste, Corentin, qu’à 9 ans c’est normal que je te demande de rentrer de chez ton copain avant le diner.
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