Une machine à écrire italienne
Premier jour complet à Trieste. On se réveille doucement, sans contrainte de route. Du coup, on prend notre temps. Et on profite des accommodations pour faire une petite lessive. Et un petit dej’ à la Grecque1, improvisé.
On finit par sortir avec l’idée d’aller cuisiner un peu le syndicat d’initiative. En y allant par des ruelles de traverse, on tombe sur un dépôt sauvage de livres en tout genre. Parmi eux, on déniche une pile complète de vieux recueils illustrés pour enfants, tous datant approximativement des années 75. On récolte après sélection.
Les fameux livrets
Toujours sur la route du syndicat, on arrive à un petit endroit bien sympathique, au croisement de la piazza Attilo Hortis et de la via dell’Amunziata où se trouvent à la suite un mini-marché (3 stands) et la terrasse attirante d’un café2.
Ni uno ni due, on prend quelques tomates et petits concombres et une douzaine d’œufs au petit marché. Puis, on se rend au-delà du café où se trouve une épicerie-charcuterie-fromagerie d’où on ressort armé de belles tranches de mortadelle3 et de deux morceaux de fromages locaux qu’on nous fait goûter et qui sont succulents. Ensuite, on va poser tout ça à la terrasse à laquelle on se déguste deux bons cappuccini.
Petit coucou à la piazza Unità de jour, en passant
Finalement, il faut bien se bouger un peu, et nous voilà donc au syndicat d’initiative4, à récupérer un plan et quelques idées de balades5.
Première étape : le canal Grande6 que l’on longe jusqu’à la place San’Antonio Nuovo, où se trouve l’entrée de la chiesa serbo-orthodossa della Santissima Trinità[^w3w5], c’est-à-dire l’église orthodoxe serbe de Saint Spyridon7.
L’église orthodoxe en photosphère
Très jolie, comme beaucoup d’églises orthodoxes, bien que petite et de forme carrée. Elle vaut tout de même bien le coup d’œil.
L’autel, caché comme dans de nombreuses églises orthodoxes
Vue de la nef depuis l’entrée
Un christ pantocrator, un peu timide, ici
Deux rues derrière l’église se trouve la petite librairie Liberia Antica Umberto Saba[^w3w6]. Je regrette de n’avoir pas pris de photos à l’intérieur, mais c’était étroit et il y avait du monde8. Mais il s’agit d’une librairie digne d’un film ; rayonnages anarchiques allant jusqu’au plafond, des bouquins de toutes les époques9, toutes les formes, toutes les tailles et toutes les langues.
Une machine à écrire italienne. Notez la disposition
Umberto Saba (1883-1957) était un poète et écrivain italien qui tenait cette librairie qu’il abandonne en 1938 pour fuir les lois raciales mussoliniennes.
Et puis, l’étape suivante, c’est le drame. L’erreur stratégique. Helene a repéré sur le plan un café « San Marco ». Nous sommes obligés d’y aller en pèlerinage.
Sur le GPS, il ne semble pas très loin. En réalité, s’y rendre n’a pas été une partie de plaisir, nous éloignant du centre historique en longeant une grande avenue pas très intéressante.
Une fois sur place[^w3w7], hésitation à y aller : alors qu’il est recommandé comme café mignon à l’ancienne, la terrasse est quasiment un repoussoir, à l’opposé de la description.
L’intérieur est tout autre. L’endroit est divisé en deux ; une salle classique et une librairie. Ce qui est rigolo, c’est qu’il y a des places pour boire le café dans la librairie elle-même. L’intérieur fait très début XXe, avec des mélanges parfois un peu étranges, comme ces moulures surchargées en bois sombre qui donnent l’impression de salissure, et ces médaillons portraits de clowns.
Néanmoins, l’endroit est sympa. On y est au frais, c’est calme. On a du coup beaucoup de mal à se motiver à repartir10. D’autant que l’étape suivante, c’est le Castello di San Guisto, et la petite trotte pour venir ici nous en a copieusement éloigné.
Nous passons un long moment à coup de connexions aléatoires à tenter de voir si l’on ne pourrait pas prendre un bus, mais on n’arrive à rien. Donc, on va marcher. Encore.
Après un arrêt à une boulangerie — qui ressemble plus à un stand de boissons dans un concert — pour récupérer un peu de pain et deux bouteilles d’eau, nous nous remettons en route pour le château.
Dix belles minutes de marche dans des rues de plus en plus pentues11 et nous arrivons aux remparts entourant le château. On s’arrête d’abord près de ce que nous croyons être l’entrée[^w3w8] pour nous reposer quelques minutes, en pesant le pour et le contre de manger ici. Puis, nous repartons contourner les remparts pour entrer dans le parc du château.
En matière de parc, on est un peu échaudé ; il s’agit en fait d’une vaste esplanade qui trace les plans des ruines d’une ancienne basilique. Bon, pas grave. On s’installe du mieux qu’on peut et surtout le plus à l’ombre possible[^w3w9]. Le temps est couvert, mais il suffit que le soleil pointe le bout de ses rayons pour nous faire cuire façon pierrade.
Néanmoins, on a le loisir de ne pas déjeuner seuls ; nous avons la visite successive d’une guêpe fort insistante, de mignons et peu farouches moineaux, de pigeons bourrins comme des pigeons, et finalement d’une mouette qui fait la loi parmi tout ce petit monde.
Une fois terminé et les mains rincées (pour éviter d’aguicher la guêpe), on se dirige enfin vers le château.
Surprise : l’intérieur est quasi inexistant ; au sein des remparts, il n’y a quasiment qu’une vaste esplanade[^w3w10] pour l’heure occupée par des centaines de chaises et des dizaines de techniciens occupés à dresser une scène de concert.
On jette un coup d’œil à l’entrée du lapidarium, transformé en musée de l’histoire de Trieste à l’époque romaine. On abdique devant ce qui nous semble encore des centaines de mètres de piétinement12.
On monte sur les hauteurs, derrière le café-bar, pour admirer la vue. C’est beau, et comme on est sur une des rares éminences de la ville, le panorama est exceptionnel.
Tout le côté nord de Trieste, vu du château
On continue la balade le long des remparts, en découvrant des choses insolites ; un minaret-mais-en-est-ce-bien-un-?, l’université de Trieste, et l’étrange bloc d’habitations de Rozzol Melara13.
Une fois sortis du château, on jette un œil à l’église attenante[^w3w11], sombre, peu décorée, puis un temps encore plus court au petit musée archéologique[^w3w12] gratuit juste à côté14.
Le retour vers nos pénates est bien plus court et reposant. Non seulement ça descend, mais on est tout près de notre point de départ. Du coup, pour fêter ça, on se prend une petite glace-récompense15, avant de rentrer se doucher, se changer, se reposer les membres inférieurs.
On décide ensuite de tenter un petit restaurant de poissons et de fruits de mer à quelques rues de l’appartement. Détail cocasse : sur le chemin, nous découvrons un petit bar de quartier appelé le « San Marco », hahaha… hum.
La trattoria de Basil[^w3w13] nous accueille volontiers sans réservation. La salle est sympa, sobre, décorée de peintures aux goûts et talents variés, allant de trucs très chouettes à quelques croûtes honteuses.
Mais on n’est pas là pour faire les critiques d’art, mais plutôt les boulimiques culinaires, alors…
Le tout avec une bouteille de… oui, de vin… blanc, c’est ça, et… sec ! Bravo, vous avez bien deviné !
Après une petite promenade légèrement digestive le long de la marina toute proche, on est rentré se faire dodo.
Tranche de pain sur laquelle on écrase un bout de tomate. Ensuite, on ajoute un filet d’huile d’olive et un peu de sel. Puis, on remet la tomate par-dessus et on déguste avec par exemple un bout de fromage. Miam.↩︎
///validant.appuyant.conduire
↩︎
Et tant pis pour le nitrite…↩︎
///convocation.poussoir.picoter
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Et quelques explications confuses quant au réseau de bus.↩︎
///rinçant.donateur.paver
↩︎
Pourquoi en italien c’est la Sainte Trinité, et en anglais Saint Spyridon ? Mystère de Google…↩︎
Et je ne voulais pas passer pour plus touriste que je ne l’étais déjà.↩︎
Mais quasiment rien de contemporain.↩︎
Durant tout le séjour, Helene a souffert d’un pied, ce qui rendait toute marche compliquée et difficile.↩︎
Dans le mauvais sens, évidemment.↩︎
Note du futur durant la réécriture : on a un peu regretté, et découvert également qu’on a complètement zappé une autre partie visitable du château. Tant pis.↩︎
On y revient dans 2 jours…↩︎
Dixit Helene : « Si c’est pour voir des tas de pierres en vrac dans un jardin, non merci. » Et j’approuve.↩︎
Sorbet citron/citron-menthe pour Helene, citron-menthe/gingembre pour moi.↩︎