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Le Writever 2024
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Writever 2024 – Août
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Je vis dans la crasse, c’est vrai. Je lis la honte dans le regard des gens qui me croisent dans la rue. Je dois puer à des kilomètres, mais j’avoue que j’y suis tant habitué que je n’y fais plus vraiment attention. Jusque là, on m’a toujours considéré comme un déchet, un rebut. Quelque chose d’encombrant, de gênant à voir.
Et puis, il y a eu l’invasion. La conquête venue du fin fond des étoiles, qui a été rapide, violente. Il n’est resté pratiquement personne de vivant sur Terre en quelques heures à peine.
Mais, moi, je suis encore là. Je les ai tellement dégoûtés qu’ils m’ont épargné.
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Ma maison est en feu. Et il n’y a pas assez de pompiers pour la sauver. Ma maison est immense, trop grande. À vrai dire, les pompiers du monde entier y sont aussi enfermés. Avec ceux qui y ont mis le feu. Ma maison est en feu, la Terre est foutue.
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L’eau n’est pas une ressource particulièrement rare dans l’univers, même si selon ses formes elle peut être compliquée à détecter ou à exploiter. Étonnamment, une seule planète, distante de plus de 30 000 années-lumière de la Terre, réunit des conditions particulières qui ont attiré l’attention et la convoitise d’un très grand nombre.
En effet, couvrant un minuscule noyau, la planète est essentiellement constituée d’un océan d’eau douce dans lequel différentes variétés d’algues microscopiques diffusent en continu des molécules d’anéthol et de méthylchavicol. Une roche souffre neutre constitue sa dernière caractéristique en lui donnant une teinte jaune pâle laiteuse.
À l’heure actuelle, c’est le groupe Pernod-Ricard (division Espace) qui semble le plus intéressé à monter une expédition vers le planétoïde PA-5t12.
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La lampe à huile n’a jamais été détrônée par une quelconque autre invention, et cette source d’énergie a continué à se démocratiser. Au point qu’à partir du milieu du XIXe siècle, de nombreuses innovations ont intégré l’huile comme carburant et énergie universelle ; four à huile, radiateur à huile, véhicule à huile, et même diverses tentatives de communication par réseau d’oléoducs et des systèmes de relais logiques permettant des calculs simples.
L’ère de l’oléopunk venait de commencer. Les auteurs de science-fiction sont unanimes : c’est nul.
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– Est-il essentiel que nous ayons cette réunion aujourd’hui ?
— Vous voulez dire « indispensable » ?
— C’est la même chose.
— Ah, non pas du tout ! Essentiel veut dire que…
— Là, par exemple, il n’est pas nécessaire que vous finissiez votre phrase.
— Ni même indispensable.
— Tiens, je suis d’accord avec vous.
— Par contre, si vous ne vous taisez pas, il sera à la fois nécessaire, essentiel et indispensable que je vous colle mon poing dans la tronche.
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À pas mesuré, l’homme avance. Sa démarche est étrange, hésitante, chaotique, mais surtout elle semble désynchronisée. Parfois, on pourrait croire à des pas de danse. D’autres fois, il semble tout simplement ivre.
Alors qu’il approche du haut de la dune, il se fige un instant, avant de disparaître dans un maelstrom de poussières. Le monstre vivant sous la mer de sable n’en a fait qu’une bouchée. À quelques lieux de là, deux silhouettes enturbannées ont tout observé en silence.
— Encore un à qui tu as raconté que les bestioles sont sensibles au rythme de ses pas ?
— Hon, hon…
— T’es vache. Pourquoi ne pas leur dire la vérité ?
— Parce que c’est plus drôle que de leur dire « Les vers sont sensibles aux odeurs. Évitez de péter… »
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Quand j’ai intégré la station de recherche arctique, on m’a fait visiter le complexe. J’avais accès à tout, sauf à une lourde porte d’acier qui avait été soudée. Quand je posais des questions à son propos, les collègues se défilaient. Tout le monde a également éludé mes interrogations à propos des membres qui étaient supposés être là et que je n’ai jamais rencontrés.
Un soir j’ai découvert que le sas avait été ouvert, la soudure qui le bloquait avait été comme vaporisée. Je n’ai pas eu le temps de voir ce qu’il y avait derrière. Le bruit m’a tant terrorisé que j’ai préféré tenter ma chance au-dehors.
Je n’ai pas été bien loin…
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« … Et c’est sur ces mots que je souhaite une très longue — que dis-je — une éternelle amitié entre les peuples de la Terre et ceux de Zegema Solaris. »
Le discours du porte-parole de la délégation Zegemnienne fut applaudi avec chaleur. Les hôtes furent ensuite cordialement invités à se mélanger, humains et zegemniens, pour tisser de nouveaux liens d’amitié.
La soirée débuta merveilleusement bien, jusqu’au premier cri d’horreur issu des gorges humaines, mêlé à des gloussements orgasmiques déplacés.
C’est ainsi qu’on apprit que ces êtres se reproduisaient par fusion moléculaire.
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Lorsque j’ai intégré cette communauté, on m’a vanté les vertus du patchouli, on m’a fait découvrir comment il est censé ouvrir l’esprit, purifier les chakras, réaligner les centres biocosmiques.
En vérité, tout ce que le patchouli m’a fait, c’est de provoquer une allergie chronique, des eczémas et des irritations oculaires sévères.
C’est ce qui a motivé mon ambition carriériste, propulsé mon ascension dans les sphères de l’économie globale et décomplexée, me rendre incontournable dans le monde de l’ultra-libertarisme. Ce qui m’a poussé à accumuler une immense fortune, c’est afin de racheter toute exploitation et toute exclusivité sur la culture du pogostemon cablin et bien faire chier ces hippies malpropres et ces babacools débiles.
(extrait de la conférence Ted-X de Egon Munsk)
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Nous étions en guerre contre les Zkerkses depuis des dizaines d’années. Les deux camps étaient démoralisés, les réserves matérielles épuisées. Une ultime rencontre diplomatique avait été décidée et fut conclue sur une décision étonnante.
Les Zkerkses proposèrent de déterminer l’issue du conflit par un duel. Comme la proposition venait d’eux, ils se réservèrent le droit de choisir leur arme. Ce fut un choc. Ils nous proposèrent de déterminer le vainqueur grâce à un tournoi de Mario Kart©™®.
À l’étonnement de tous, notre champion, Kevin C. qui s’était entrainé pendant des mois, gagna l’épreuve haut la main. Son adversaire n’avait fait qu’enchainer maladresse et erreurs de débutant, gloussant de rire.
À l’issue de l’épreuve, les Zkerkses admirent avoir passé un excellent moment, avouant ne pas s’être autant depuis longtemps. Ils plièrent ensuite bagage, emportant avec eux le code source du jeu, au grand dam des avocats de Nintendo™.
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Knurt le Noir, le terrible pirate spatial avait, pendant des dizaines d’années, écumé tout le cadran, semant derrière lui ruines et sang.
Jusqu’au jour où un habile ingénieur découvrit comment repérer la trace infime du moteur supraluminique bricolé utilisé par Knurt pour sauter d’un système à un autre. Chaque saut laissait une trainée évanescente de particules qui, analysée, permettait de connaitre les coordonnées d’arrivée du pirate.
S’en suivirent alors des jours de poursuite, Knurt et les autorités armées jouant au chat et à la souris à travers des dizaines de systèmes.
Knurt avait-il perdu espoir ? Ou bien avait-il compris comment ruser ? Nul ne le sut. Mais la trace de son dernier saut propulsa tous ses poursuivants au cœur d’une étoile à neutron.
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Venez découvrir le Tornado™ 2000 ! La machine à laver universelle et intelligente. Placez-y n’importe quel type de linge, à n’importe quel degré de salissure, elle saura s’adapter, et le lavera, le sèchera, le pliera et le rangera sans fautes.
La Tornado™ 2000 est même capable de laver tout type d’objets1 et petits animaux2, et pourra même aider vos enfants à faire leurs devoirs grâce à son processeur LearnGPT™ intégré. Il est également équipé de programmes spécifiques pour la famille, les trafiquants et les politiques.
Le modèle Tornado™ 3000, certes un peu plus onéreux, vous permettra en plus de vous désinfecter — vous-même et vos vêtements3 — de la grande majorité des virus et bactéries connus et la plupart des isotopes radioactifs4. La cuve est assez grande pour accueillir jusqu’à quatre personnes en tout confort.
N’hésitez pas un instant de plus, précommandez dès aujourd’hui votre Tornado™ 2000 ou 3000 !
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« Tout est une question de dosage. » se répétait le professeur Zkwĵck. « Un millionième de trop ici, une demi-molécule manquante là, une pico-fraction de seconde en trop, et vous vous retrouvez dans la peau squameuse d’une monstruosité à six bras et trois têtes, dans une dimension particulièrement inhospitalière. Et, alors, vous voilà bien embarrassé… »
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Le rire est universellement le propre de l’homme. À tel point que, depuis le début de notre expansion spatiale, chaque espèce extraterrestre rencontrée nous fait comprendre que nous sommes bien les seuls à avoir de l’humour et à en rire. À chaque trait d’humour partagé avec eux, les aliens se contentent de nous regarder d’un air dépité, haussant sourcils, épaules ou tout autre appendice correspondant, pour ensuite nous classer dans leur encyclopédie dans la catégorie : « Espèce vaguement dangereuse, mais surtout très loufoque »
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« Alors, oui, Kevin. La soupe est vraiment joliment colorée. Mais elle est également totalement immangeable, merci bien. Et ce grâce à toi qui confonds piment et pigment. Et non, Kevin. Un pigment n’est pas un tout petit piment. »
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Les moules géantes télépathes de la planète océan Zegema 3 s’avérèrent être des adversaires redoutables. La puissance de leurs émissions psychiques était telle qu’elles pouvaient rendre mortellement fou tout être vivant et griller tout appareil électronique à des parsecs à la ronde.
Nous parvînmes néanmoins à les vaincre en les bombardant avec des frites psychotiques de Gamma-Centauri.
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La voix inhumaine résonne dans l’immense temple à l’architecture incompréhensible et aux décorations indicibles, tétanisant sur place le petit groupe d’humains effrayés. Quelle que soit l’origine de chacun des membres de l’expédition, le message lui parvient dans sa langue d’origine.
« Vous avez inlassablement cherché la cure miraculeuse à tous les maux de l’humanité. Au plus profond des océans, dans les déserts sans fin, au sein de gouffres insondables et dans des espaces entre les espaces. Vous avez enfin atteint votre destination. La cure universelle vous est maintenant offerte. »
Et l’être humain cessa alors d’exister.
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Le champ de lavandes semblait s’étirer à l’infini, pétillant de ses tons mauve intense. La chaude lumière rasante de la fin d’été nappait le décor d’un miel de lumière radieuse.
L’instagrammeur, enivré au-delà de tous ses filtres, spiralait sur lui-même tel un derviche tourneur. Il finit par s’écrouler en pâmoison, inconscient et enfin déconnecté.
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La planète Thalassa, dans le système Zegema Prime, a été nommée ainsi, car c’est une géante aqueuse que mon équipe et moi-même avons eu l’honneur d’explorer en premier.
Au retour de notre toute première plongée, on nous a laissé quelques minutes pour nous sécher et nous changer avant notre débriefing. Étrangement, la sensation d’être mouillé ne nous quitta plus, quelle que soit l’insistance avec laquelle nous nous frictionnions.
L’équipe médicale commença à s’intéresser sérieusement à nous lorsque nous nous sommes mis à dégouliner, comme si nous étions en permanence en sueur. Elle n’eut pas vraiment le temps de nous examiner. En quelques minutes, mon équipe et moi-même nous nous sommes liquéfiés. Après avoir ruisselé sur le pont du navire puis goutte à goutte, nous avons regagné le sein de notre nouvel environnement.
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C’est triste et pathétique d’apprendre que l’Homme Invisible s’est retrouvé dans cet état parce qu’il cherchait à mettre au point un sérum exfoliant qui s’est avéré bien trop efficace.
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D’accord, c’est la seule programmeuse de l’équipage. D’accord, elle est ultra douée, rien à redire sur ses compétences. Après tout, elle nous a sauvé les miches plus d’une fois. Et je ne remets pas non plus en question ses goûts personnels. Elle, c’est la vanille. Pourquoi pas ? Chacun est libre d’aimer ce qu’il veut.
Le problème, c’est quand vous l’imposez aux autres. Et, dans la promiscuité d’un vaisseau spatial, ça peut vite devenir embarrassant.
Parce que, mettons, le léger parfum de vanille dans la clim, OK. La lessive à la vanille, top. Le café à la vanille, bof, mais bon, ça passe encore. Mais toutes les rations saveur vanille, ça commence à être trop. Mais la playlist Vanilla Ice en boucle, ça non !
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Assis en face de mon camarade de cellule, je contemple la pile de cartes à jouer posée sur le carton qui nous sert de table basse, entre nos deux paillasses.
Je purgeais une longue peine suite à la mutinerie de notre équipage qui avait été jusqu’à l’éjection de notre technicienne. Mais, c’est une autre histoire.
Présentement, je tue le temps grâce à Veľký Blázon, un natif de la planète Zebra Cetiruli. Il a entrepris de m’apprendre à jouer à la patience Cerirulienne.
Le jeu ressemble étrangement à un de nos propres jeux de cartes, mais le leur utilise 117 familles et un nombre incalculable de personnages dont les fonctions changent selon les familles.
Ça fait déjà une semaine qu’il tente de m’inculquer les bases, et je n’ai toujours pas compris comment on démarrait une partie. Finalement, n’y tenant plus, je craque et balance à Veľký que son jeu est trop compliqué, que c’est n’importe quoi et que j’en ai marre.
— Oh, c’est dommage, me répond-il. Tu t’en sortais bien jusque là. J’ai oublié de t’expliquer un truc, en fait. La partie en soi n’a que peu d’intérêt. Ça s’appelle une Patience parce que ça représente la plus grande qualité qu’il faut posséder pour réussir. Le but du jeu, en fait, c’est juste de comprendre ses règles.
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L’industrie du parfum ne peut plus échapper aux contraintes environnementales. Or, comme toute industrie de haut niveau, elle est fortement décentralisée. Elle requiert des matières premières un peu partout dans le monde, convoyé vers des laboratoires et des usines où sont créées les fragrances et les parfums. Enfin, elle use également d’une lourde logistique pour acheminer les produits finis jusqu’au consommateur.
C’est pour éviter tout ce gâchis néfaste à la planète que nous, les parfums Élégantesque, avons choisi de restructurer complètement notre industrie. Fini les transports coûteux et polluant. Chaque secteur entrant dans la boucle de fabrication de nos produits de luxe reste à sa place, mais plus aucune voie de transport ne les relie.
Ainsi, chaque intervenant se doit d’imaginer recevoir sa part de matière à traiter et faire semblant de transmettre le produit de son opération au poste suivant. Et ce, jusqu’au consommateur final à qui nous confions le plaisir d’imaginer l’envoutante essence qu’il ou elle porte virtuellement sur sa peau.
Bien entendu, les transferts d’argent étant depuis longtemps virtuels, les prix de nos produits restent réels.
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L’artiste Zadok Bublinov, un natif de la constellation Horologium, s’était fait un nom depuis des temps immémoriaux comme artiste plasticien. Son médium préféré était des produits de son invention permettant de jouer avec les surfaces de tension. En d’autres termes, il créait des sculptures faites de bulles.
Il pouvait créer des formes petites au point de tenir dans une vaste pièce, mais il arrivait aussi à créer des amalgames éthérés et scintillants de la taille de planètes.
Leur particularité était que c’étaient des créations éphémères. Personne ne savait combien de temps elles pouvaient durer. Cela allait de quelques jours terrestres à plusieurs siècles.
Lorsqu’on lui a demandé quel était son chef-d’œuvre et combien de temps il allait durer, il répondit laconiquement :
— À la première question, la réponse est : vous avez les yeux constamment braqués dessus. À la seconde question, je me permets une question en retour : à quelle heure aura lieu la fin de l’univers ?
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J’ai monté un petit business avec un pote de l’école. On a acheté d’occasion un vieux T-6 qu’on a retapé. L’idée était de proposer la distribution de pains et viennoiseries dans tout le système. L’idée m’était venue quand j’ai vu de vieux documentaires, datant d’avant les colonies spatiales, qui montraient comment les gens vivaient dans les campagnes.
On s’est vite heurté à une contrainte technique que nous n’avions pas anticipée. Le temps de nous rendre sur chaque planète, chaque colonie orbitale, notre cargaison de pains avait rassis. On arrivait toujours à la refourguer à des paysans, mais c’était de la perte sèche.
Du coup, mon partenaire a eu l’autre idée de génie : réduire notre zone de stockage à bord du T-6 pour y installer une boulangerie. Autant profiter du temps de voyage entre nos destinations pour préparer et cuire nos propres fournées.
Ça a tellement bien marché qu’on s’est aperçu qu’il était plus simple d’attendre que les clients viennent nous voir plutôt que d’aller les chercher.
Depuis, on a réuni assez d’argent pour acheter une base sur un astéroïde. Le plan a tellement bien marché que l’an prochain nous allons ouvrir le premier parc d’attractions du système sur la thématique de la boulangerie.
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« Autofiction & Bergamote »… Quel titre pour mon podcast. Un podcast mélangeant tranches de vie réelle, fictions humoristiques dont je suis le protagoniste, et recettes de produits cosmétiques faits maison. Quel concept !
J’avoue, je n’en aurai jamais eu l’idée seule. Heureusement que je peux compter sur des IA génératives. D’abord, il y a Disco-GPT qui a pondu le concept et s’occupe d’écrire les épisodes. Ensuite, Mon-ET qui génère tout la DA de ma chaîne, depuis le logo jusqu’aux visuels des posts sur les réseaux sociaux. Mid-Voyager, pour lequel j’ai créé un modèle de moi-même et qui anime mon avatar pour les vidéos. Sans parler de Sumo qui s’occupe de tout l’habillage sonore.
Je me rends compte que je n’ai plus grand-chose à faire. Tout roule tout seul, les copines IA abattent le taf comme des grandes.
En fait…
Je n’arrive même plus à savoir si c’est encore moi qui écrit ces lignes.
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Je travaille dans une usine d’emballages. La devise de la boite est : « Si existit, sarcinam faciemus ». Et, en tant qu’ingénieur-emballeur, je suis toujours avide de nouveaux challenges.
Mais, je dois l’avouer. Quand on nous a confié la responsabilité de préparer un chou Deneebien, on a salement serré les fesses. Ces énormes brassicaceae, gros comme une petite voiture, ont tendance à exploser au moindre contact.
La première gageure a été de les envelopper dans une sorte de cocon de stase sans que notre atelier ne soit rasé par accident.
La seconde a été de trouver un système pour que le récipiendaire ne soit pas vaporisé lorsqu’il voudra déballer sa commande.
C’est là qu’est intervenue la personne qui nous les a confiés : c’est un cadeau pour sa belle-mère, et il nous a enjoint de faire en sorte que le déballage ne se passe pas au mieux.
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Devant moi, l’écran cathodique fait scintiller les gros caractères verdâtres de son lent balayage. En haut, à gauche, les caractères « CN/X » suivis d’un compteur en minutes et secondes me rappellent que le service est facturé à la minute.
Mes mains se posent sur l’horrible clavier mécanique. Je réfléchis encore quelques secondes à ce que je vais taper. Sur l’écran, une bannière graphique affiche « 36-15 R-Tel » suivi du nom du forum : Discussions SF/Fantasy.
Je commence à taper. Mes mains prennent vite leur rythme même si je tape depuis peu sur ce genre de clavier. Les lettres pixellisées s’enchainent à l’écran :
En fait, le Seigneur des Anneaux de Tolkien, c’est pas de la fantasy…
1987, ma longue carrière de troll numérique vient de commencer.
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C’est mignon, l’éducation populaire. Oh, j’ai rien contre, hein. Venir dans un bar pour faire son malin, j’aime moins. Ce mec est entré dans mon bouge, bardé de son assurance universitaire et de sa dégaine de premier de la classe. Il croyait quoi, le petit ? Pourtant, ça avait bien commencé son histoire.
Payer sa tournée de bière, comme entrée en matière, c’était malin. Nous souler ensuite sur les interactions du dioxyde de carbone et des protéines issues du houblon, la tension de surface définie par la chimie du liquide et la qualité du verre… ça l’était moins.
Quoique… tant qu’il parlait, nous, on dégustait. Et puis un petit malin, en fond de salle a lancé : — J’ai pas tout bien compris, à la fin. Tu peux reprendre ? Et, on a recommandé une tournée.
Après la 5e, il avait oublié pourquoi il était venu nous causer. Mais en revanche, il a appris de bien belles chansons à boire.
Qui a dit que l’éducation populaire devait être à sens unique ?
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On vit à combien, dans ce squat, déjà ? Impossible à dire, réellement, puisque ce coin de zone tient à la fois du refuge ouvert à tous, et de la Cour des Miracles. Personnellement, j’y vis depuis une dizaine d’années maintenant, et je ne pense pas avoir vu les mêmes tronches plus de trois ans d’affilée. Enfin, je ne compte pas ceux qui se font refaire le portrait à coup de bagarres de rue ou de drogues dures.
Mais la vie ici, c’est pas tout à fait l’anarchie. On a une organisation. Et, cette année, on a décidé d’y aller un grand coup ; gros nettoyage de printemps. On lave le squat !
Ça n’a pas été pour rien. En s’y mettant bien à fond, ça nous a permis de retrouver : une réserve d’alcool de contrebande, les clés du portail de la cour, une cellule dormante de terroristes, un ex-présentateur TV tombé en disgrâce après un trait d’humour homophobe, une collection de pin’s, deux agents du FBI et leur matériel d’écoute, et le propriétaire original du bâtiment.
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Ma fortune, chère et imprévisible fortune ! Il y a quelques années, je me suis installé comme savonnier amateur, et j’ai ouvert boutique. Je n’ai guère rencontré de succès. J’allais mettre la clé sous la porte lorsque la grande propagation spatiale eut lieu. Nous n’étions désormais plus seuls dans l’univers. Oh, non. Ce n’est pas grâce aux innombrables espèces extra-terrestres que j’ai fait fortune. La plupart des aliens trouvent l’odeur de mes savons répugnante. La constitution de leur épiderme de nombre d’entre eux fait que mes savons sont littéralement un poison corrosif. Mais les Zegemniens ! Ah, mes chers Zegemniens, eux, adorent mes savons. Ils les mangent par kilos, ces fins gourmets !
