Migration
Quelle douloureuse matinée, à peine adoucie par le petit-déjeuner pantagruélique que l’on prend au Savoia Regency1.
La nuit a été effroyable pour deux raisons ; la climatisation a passé la nuit à avoir des problèmes digestifs. Elle a ponctué la nuit de glougloutements et autres bruits humides et incongrus. De plus, la literie était, comment dire… je cite Helene : « c’est du grec à l’ancienne ».
On a posé sur un sommier deux places des matelas une place collés l’un contre l’autre, ce qui provoque des mouvements entre les deux et un canyon très inconfortable. De plus, ils n’étaient vraiment pas fameux. Personnellement, j’ai eu l’impression de dormir sur de la tôle ondulée.
Bon, tant pis. On se charge en petit-déjeuner copieux. C’est un truc étrange que je fais à chaque fois. Je suis tout à fait capable de me régaler du même petit-déjeuner plus ou moins frugal2 pendant des jours. Mais si j’ai l’occasion de pouvoir profiter d’un buffet dans un hôtel, je me lâche complètement.
En général, comme cette fois, je me prends une assiette salée3, suivie de deux assiettes sucrées4, accompagnées d’un ou deux verres de jus d’orange et d’un ou deux cafés.
Malheureusement, on a dû reconnaitre que le Savoia Regency n’était pas tellement à la hauteur. Si le petit-déjeuner lui-même était très bien, les boissons se sont montrées médiocres. Les jus devaient être des trucs commerciaux en bouteille et non du fruit frais et les cafés / cappuccinos se faisaient à l’aide d’une machine automatique. Ils étaient proches de l’imbuvable5.
Bien lestés, nous sommes allés vider la chambre, rendre la carte-clé à la réception, et nous avons repris le volant.
Après un arrêt au stand6, nous sommes partis en quête d’une boutique pour compléter notre collection de plaisirs culinaires italiens. Helene a trouvé un lieu perdu7 dans la banlieue de Bologne. Coincés entre des grands bâtiments industriels se trouvent une épicerie et une pâtisserie / salon de thé. Et malgré l’heure, y’avait déjà un peu de monde.
Nous, c’est l’épicerie qui nous intéresse8. Le personnel, visiblement peu habitué à avoir des non-italophones comme clients, puisqu’ils sont obligés d’appeler le patron, seul visiblement à l’aise en anglais.
Le jovial patron nous fait la réclame de toutes ses variétés de parmesan, nous expliquant même brièvement les spécificités selon les régions d’origine.
On ressort de là avec quelques beau blocs de parmesan de 36 mois, deux saucisses sèches9 et quelques plaques de jambon de Parme10.
Et c’est parti pour l’avant-dernière fournée d’autoroute.
Sur le trajet, la pluie s’invite sporadiquement, en épisodes plus ou moins denses. Plusieurs fois, on se rassure en se disant qu’à priori, on roule dans la direction de l’éclaircie.
De Bologne, on roule un peu plus de deux heures et demie avant de se dire qu’on pourrait faire une halte gastronomique. On sort donc de l’autostrada un peu avant Gênes.
On se gare11 dans la petite ville d’Ovada, tranquille et pas touristique pour une goutte de grappa. Il nous suffit de traverser le rond-point tout proche pour rejoindre la pizzeria qu’on a repérée. Il nous faut juste slalomer entre les gouttes de la pluie qui nous a rattrapé le temps qu’on se gare et qu’on cherche le restaurant.
On arrive au restaurant sans être trop trempés. La Pizzeria da Vola12 nous accueille volontiers sur la terrasse couverte d’où on pourra admirer au sec et en mangeant le déluge qui s’installe au-dehors.
Notre dernier repas italien des vacances sera :
Comme on a de la route encore, on oublie bières et autres vins blancs pour se contenter d’acqua del rubinetto pour accompagner nos délicieuses pizze.
On déjeune tranquillement, contemplant le rond-point devant la terrasse se transformer doucement en canal fluvial. Et, notre repas terminé, nous guettons une éclaircie, ou tout au moins une baisse du régime pluvial pour payer et reprendre la route.
Après avoir repris l’autoroute, quelques kilomètres plus loin, la pluie ne nous quitte plus. Jusqu’à Gênes, elle se montre présente sans être tellement gênante14. Mais, à partir du contournement de Gênes, tout le long de la côte, c’est un violent déluge qui s’abat sur nous. La visibilité est réduite à pas grand-chose. Mais, de toute manière, à cause de la prolifération de camions et du ralentissement prudent des conducteurs, nous avançons à une vitesse très raisonnable.
Plusieurs fois, Helene me suggère de trouver où nous arrêter et d’attendre que ça passe. Je refuse pour deux raisons. D’abord, je ne me sens pas du tout inquiet pour la conduite. La route est majoritairement droite et nous alternons les tunnels, ce qui permet de ne pas subir l’averse en continu. D’autre part, je me dis que comme on ne connait pas bien le volume et la direction des nuages, on peut très bien devoir attendre un très long moment avant de pouvoir reprendre la route dans des conditions normales.
Et puis, comme les panneaux routiers l’ont promis, passée la sortie « Imperia / Costa d’Oneglia15 », le temps s’éclaircit, la pluie faiblit jusqu’à s’arrêter graduellement. On est enfin sorti de la nébuleuse diluvienne. Ouf.
Le reste du trajet se fait sans aucune autre chose digne d’être racontée. Nous faisons une dernière escale, à peine passé la frontière16, à la station « Via Julia Augusta17 » dégourdissement de gambettes et soulagement vésical, et surtout changement de pilote.
C’est la France !
Les 2 h 30 du reste du trajet se font. Rien d’autre à mentionner.
Et la fin des vacances, ce sera déballage, lavage de linges, rangement d’accessoires et – quand même – dégustation de chouettes souvenirs culinaires.
— Fin.
Jour 11 —
Souvenez-vous, c’est l’hôtel chic où nous ne sommes pas.↩︎
Avec quelques variations.↩︎
Ici, c’était du pain grillé avec du fromage et du bacon grillé.↩︎
Cette fois, une assiette de pains grillés avec confiture, suivie d’une assiette de viennoiseries.↩︎
Le premier cappuccino est à peu près passé, mais je n’ai pas du tout fini le second qui m’est resté sur l’estomac.↩︎
///avisant.courtois.clapier
↩︎
///peler.dégrafer.titrage
↩︎
Rétrospectivement, je regrette qu’on n’ait rien pris pour la route…↩︎
Garantis sans nitrite.↩︎
Garantis sans nitrite.↩︎
///brugnon.mondiaux.traduite
↩︎
///déjeunons.coïncider.rosie
↩︎
Contrairement à sa version Slovène qu’on avait subie à Koper, celle-ci a l’heur d’avoir été grillée à sec, sans doute au four. C’était très bon, et agréablement digeste.↩︎
Sauf à force de la subir. La concentration demandée fatigue un poil plus vite qu’en conduite normale.↩︎
///rire.redemander.censurer
↩︎
///créative.postier.cigare
↩︎
Oui, la même qu’à l’aller. Sauf que là, on est de l’autre côté, donc pas de point de vue sur Monaco. Pas de point de vue du tout. Pas de ristretto. En fait, cette station n’a absolument rien d’intéressant. Désolé.↩︎