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Trieste-Slovénie - Jour 10

C’est le pied…C’est le pied…

Vous vous souvenez des deux chaussons qu’on a achetés à la boulangerie la veille ?

On les a attaqués ce matin.

Celui à la crème d’amande est en fait à la crème d’un truc indéfinissable, mais pas très bon. Celui à la crème chocolatée est à une sorte de confiture impossible à déterminer.

Bref, on ne les a même pas finis.

La destination du jour, c’est un petit village perdu au milieu des montagnes. En cherchant sur nos applis GPS1, on a eu un peu de mal à savoir si les petits filets colorés qui serpentent la zone étaient accessibles en voiture ou non.

On finit par se décider et, au moment de partir, on croise notre hôte à qui on confie notre envie de balade de la matinée. Elle approuve, nous disant que l’endroit est superbe et qu’il y a même un chouette restaurant. C’est cool, mais on pense qu’on ira picniquer quelque part.

Le début de la route est tranquille et très joli. Passé le croisement au village de Jereka, la route devient plus étroite et sinueuse.

La montée se fait à petite vitesse tant la visibilité est réduite à cause de l’étroitesse de la route et des virages bien serrés. Néanmoins, on continue notre montée en profitant2 du paysage de plus en plus beau.

La route bifurque ensuite vers l’intérieur, devenant plus chaotique, ce qui échange un mal contre un mal ; on n’est plus au bord du gouffre, mais on n’est pas loin parfois de faire du 4×4.

Après ce qui nous semble un temps certain et une belle longueur de route3, nous arrivons à une petite vallée toute mignonne. On s’y gare en notant au passage qu’on est à 1200 m d’altitude.

Le petit croisement où on a laissé la voiture est absolument verdoyant, parsemé de quelques chalets de montagne. On entend tout près les meuglements de vaches et le tintement de leurs cloches. On se balade dans une carte postale.

Je bila Heidi Slovenka?Je bila Heidi Slovenka?

Nous remontons une petite route de terre qui s’enfonce dans la forêt, là où nous avions vu des randonneurs y aller alors que nous arrivions. Le truc que nous découvrons bien vite, c’est que ce chemin dessert en fait tout un tas de maisons et se termine en cul-de-sac. Ça n’est pas très grave, la promenade est sympa et le paysage toujours aussi délicieux.

On redescend tout de même à la voiture. Au croisement, un panneau indique la présence d’une chapelle un peu plus loin. Avant de repartir, on décide d’aller la voir.

Pendant qu’on avance, je regarde sur le GPS et je constate deux choses ; elle n’est pas tout près, et la route fait une boucle. Je propose donc d’abandonner Helene sur place, revenir chercher la voiture et la prendre en passant.

La petite chapelle est rigolote, mais décevante ; elle est toute moderne, et elle est fermée. L’arrêt nous permet d’assister à une scène incongrue ; un troupeau de cochons déboule soudain sur la route, visiblement échappé d’un enclos4. Les bestioles, crottées et odorantes5 trottinant et sautillant comme s’ils s’amusent comme des fous. Ils sont suivis par quelqu’un qui gesticule dans l’espoir qu’ils quittent la route, ce qu’ils acceptent de faire à notre niveau, partant d’égayer dans la forêt.

Après cet interlude rigolo, on reprend la voiture et on redescend dans la vallée.

Paysage sereinPaysage serein

Prairie d’août. Qu’est-ce que ça doit être au printemps…Prairie d’août. Qu’est-ce que ça doit être au printemps…

Nous dégringolons jusqu’à l’appartement dans lequel nous picniquons sur place. Puis, on se dit que puisqu’il fait beau6 et que le lac est tout sauf pollué, on y retourne. Tant qu’à faire, il faut en profiter.

Mais, on ne va pas faire la même bêtise onéreuse de la veille. Cette fois, on y va en bus.

On prend donc notre équipement7 et on se rend à l’arrêt de bus le plus proche8, c’est-à-dire à moins de cinquante mètres de notre pas-de-porte.

Renseignements pris, le billet de bus vaut 2€ par personne et est valable la journée entière, quel que soit le nombre de trajets.

Lorsque le bus arrive9, nous sommes les seuls à monter à bord. Je demande deux billets pour le lac. Le chauffeur, une sorte de Mario Bros sans le costume et grisonnant, m’explique en me tendant un QR-code, qu’il faut que je les achète en ligne10.

Le temps que le bus atteigne son deuxième arrêt11 dans Bohinja, j’ai réussi ma transaction et je tends, tout fier, mon QR-code au chauffeur.

QR-code qui ne marche pas. On réessaye plusieurs fois, que dalle. Finalement, Mario fait un geste de dépit, m’explique dans son anglais approximatif12 que c’est sans doute la connexion qui passe mal, et que OK, il a bien vu que j’avais acheté les billets.

Je ne vais pas vous faire durer un suspense inutile plus longtemps. En fait, je m’évertuais à montrer au chauffeur le reçu de paiement. J’ai reçu les billets à peu près lorsqu’on est arrivés devant le lac.

Une fois débarqués, on s’impose un petit café à une terrasse toute proche13, appelée Karakter Bar. Et pourquoi pas ?

Ensuite, on remonte le bord du lac dans le sens contraire de notre tour de la veille jusqu’à ce qu’on se trouve une petite crique tranquille. Comme on vient plus tôt, les places sont plus rares, mais on parvient tout de même à trouver un bout de rive. Nous avons des voisins à notre gauche, mais suffisamment loin pour ne pas nous déranger mutuellement.

Et, il y a les canards. Deux beaux spécimens sont installés sur le bord, là où nous voulons poser nos serviettes. On ne veut pas leur faire peur, donc nous approchons doucement.

Les deux palmipèdes nous regardent approcher, se décalent de quelques pas palmés et ne bougent plus. OK. Le message est clair : les gars, c’est chez nous. On vous laisse un peu de place, mais nous, on va pas déménager.

Très bien. La cohabitation nous va. On se pose, on se dessape et on se rue à la baille avec un plaisir renouvelé. L’eau est transparente, douce, ni chaude ni fraîche. Le pied.

CoolitudeCoolitude

On passe donc un bon moment, entre petits bains, papotage, observation de malards tranquilles, geekeries sur le téléphone et micro-siestes.

SiesteSieste

Vers 17 heures, on se décide à lever le camp. Sur le retour, je regarde les horaires des bus retour, et il me semble qu’on en a un dans 15 minutes. Cinq minutes plus tard, on se cale à l’arrêt et on attend, en compagnie d’une petite dizaine de personnes, toutes déguisées en touristes comme nous.

À l’heure dite, pas de bus. On attend encore. Quelques minutes plus tard, un gros bus bleu estampillé « Arriva Slovenia » arrive avec comme destination Bohinja Bistrika. La moitié de l’abri se précipite à la porte, et la plupart reviennent sur leurs pas. Je fais de même, demandant au chauffeur s’il va à Bohinja. À sa réponse positive, je tends mon téléphone qui affiche le (vrai) QR-code de nos billets. Là, le chauffeur, mi-amusé, mi-agaçé, me répond que c’est le bus local, qu’il faut payer son billet. Il ne prend pas le daily pass. Ahbonbah OK.

Comme tous les autres, je reviens sur mes pas.

Et on attend. J’essaye de regarder sur le net les horaires des lignes qui relient le lac à Bohinja. Et je dois admettre que je ne comprends rien. D’après ce que je crois comprendre, il y a, pendant les vacances, trois lignes qui font la liaison, et d’après les tables horaires fournies, il devrait y avoir un bus toutes les 30 secondes14. Or, il faut admettre que si on voit passer quelques bus dans l’autre sens, de notre côté, c’est le vide.

Ce qui n’est pas vide, c’est l’arrêt. À mesure que le temps passe, la population de notre îlot a quasiment quadruplé.

Environs une demi-heure plus tard, c’est un autre bus bleu « Arriva » qui se gare devant nous. Là, un grand nombre de personnes se précipitent à la porte. Nous, on s’était dit que, quitte à payer encore, on pourrait prendre un de ces bus.

Sauf que bon, celui-ci a pour destination la capitale, Ljubljana. Donc, non.

Finalement, après 45 minutes d’attente, et toujours une totale incompréhension des horaires, un bus qui accepte le daily pass et qui va à Bohinja se gare. Le gag ? Il est déjà plein et on est quand même nombreux à vouloir y monter.

Pas grave, on se cale comme on peut dans la travée centrale, et on fait la route debout. Heureusement qu’elle n’est pas très longue.

On finit par descendre à l’arrêt qui se trouve en face de la boulangerie, juste devant un café15. On y échoue avec l’idée de boire quelque chose de frais et de désaltérant, sous la forme d’une limonade maison très sympa.

Puis, on remonte à l’appartement, se rafraichir et, mine de rien, commencer à rassembler nos affaires. Car, hélas, demain, nous quittons l’appartement, la jolie vallée et la Slovénie.

Helene m’explique alors son idée pour la route de demain. Pour rejoindre Bologne où nous allons passer la dernière nuit des vacances, on a prévu auparavant un petit arrêt touristique à Udine. Mais, au lieu d’y aller directement, Helene propose qu’on fasse un petit crochet par l’Autriche. En testant les trajets, on s’aperçoit que le total kilométrique n’est pas tellement différent. Alors pourquoi pas ?

Helene me signale que pour atteindre l’Autriche, il faudra franchir un long tunnel16 payant. Elle commence à se renseigner, et découvre que pour circuler sur les autoroutes autrichiennes, il n’y a pas de péages, mais il faut payer une vignette, physique ou électronique. Pourquoi pas…

Mais… elle découvre alors que c’est la même chose en Slovénie ! Nous y sommes depuis six jours, et on apprend seulement maintenant qu’il aurait fallu, dès le premier jour, acheter une vignette pour profiter des autoroutes. Le choc !

En attendant qu’on reçoive une hypothétique mise en demeure de payer une amende17, on se dit qu’on ne va pas prendre de risque et qu’on va se la commander tout de suite. Après tout, on préfère payer 9€ pour quelques heures de route plutôt que de risquer encore une amende qui se compte en centaines d’euros.

Acheter la e-vignette slovène s’est avéré bien plus ardu que prévu. La navigation sur téléphone portable18 ne facilite pas les choses, mais le site officiel de la vignette autoroutière est labyrinthique, parfois buggant, et surtout chaque étape est ponctuée de tests de sécurités du genre « Cliquez sur toutes les bornes incendie », « Cliquez sur les motos » ou « Cliquez sur des trucs difficilement identifiables dans des photos à la résolution lamentable ».

Mais Helene y arrive, et c’est avec un gros soupire de soulagement qu’elle met bien au chaud la capture d’écran19 de la vignette salvatrice.

Du coup, elle a enchainé sur la vignette autrichienne. Ce n’est pas pour dire, mais ça a été infiniment plus simple et quatre fois moins de temps. Bref, nous voilà en règle pour demain.

Rassurés et détendus, on sort pour notre dernier restaurant slovène. Et, comme on y était bien et que les achats en ligne nous ont pris du temps, on retourne à la Restavracija in picerija Tripičavec, la pizzéria du soir de notre arrivée. Une manière de boucler la boucle.

On se décide pour :

  • Une Pica Lovska, pizza bien sympathique relevée de quelques piments pas agressifs
  • Une Fižol in zelje s čebulo in bučnim oljem, c’est-à-dire une salade de haricots et chou, à l’oignon et a l’huile de citrouille
  • Une Telečja obara z ajdovimi žganci, soupe de veau au sarrasin

Je ne vous dis pas ce qu’on a pris à boire20. Je vous dis juste que finalement, on a réussi à se régaler avec des plats slovènes. Il était temps.

Là-dessus, une dernière balade visite à la scierie de Twin Peaks, et on est bon pour se plonger sous la couette.


Jour 9Jour 11



  1. Et la carte fournie par notre hôte, même si elle n’était pas très précise.↩︎

  2. Surtout Helene. Moi, je jette des petits coups d’œil, mais pas plus, sinon on va se retrouver dans Destination Finale et, franchement, je n’ai pas envie tellement ces films sont mauvais.↩︎

  3. Ce qui, en montagne, est salement trompeur.↩︎

  4. C’est notre soupçon, mais on en est convaincu.↩︎

  5. Ça sent fortement la charcuterie sur pattes. C’est horrible, mais ça donnait faim.↩︎

  6. Alors qu’on nous avait pronostiqué un temps moche durant les trois jours de notre séjour…↩︎

  7. Dont nos maillots, cette fois.↩︎

  8. ///copossesseur.ténébreuse.surestimation↩︎

  9. À l’heure exacte indiquée sur l’affichage de l’abri. Affichage en panneau e-ink ‽ Quelle bonne idée !↩︎

  10. Décidément, c’est très tendance en Slovénie.↩︎

  11. ///année.débarrasser.désistant↩︎

  12. Un des rares Slovènes rencontrés dont le niveau en anglais était si faible.↩︎

  13. ///brunissement.gargotier.griffonneur↩︎

  14. J’exagère, bien entendu. Mais à peine.↩︎

  15. ///chinage.rigidifier.pissaladière↩︎

  16. 8 kilomètres.↩︎

  17. De toute manière, il est fort possible que si c’est le cas, on la recevra à la maison.↩︎

  18. Seuls appareils électroniques qu’on avait embarqués.↩︎

  19. Elle a fait un screenshot par sécurité, mais on a bien reçu le PDF de la vignette quelques longues minutes plus tard.↩︎

  20. Je vous dis juste que j’ai commandé une deuxième pinte de Laško, comme une tournée d’adieu.↩︎

Dans les épisodes précédents… Trieste-Slovénie - Jour 9 Trieste-Slovénie - Jour 11
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