————
Les deux ingénieurs avaient les yeux rivés sur l’écran de leur ordinateur sur lequel des épures défilaient. Ils semblaient perdus, désemparés. On les avait mis devant un mur infranchissable. Ils devaient concevoir le boitier d’un appareil qui ne devait pas être un triangle mais avoir moins de cinq côtés. C’était un concept novateur, surprenant. Mais techniquement, ils devaient littéralement inventer une chose encore inexistante. À quoi pouvait ressembler un objet à 3+1 côtés ?
————
L’universitaire déboule dans le bureau de l’éditeur, le visage congestionné de fureur, proche de l’étouffement. — Ça veut dire quoi, ce titre, monsieur ? « Les trois mousquetaire, et un autre mousquetaire » ? C’est parfaitement ridicule ! — C’est une nouvelle traduction. — Ne dites pas n’importe quoi ! Le texte d’origine est en français. Et son titre est, depuis toujours : « Les trois mousquetaires » D’où sortez-vous ce personnage de d’Artagnan ? Vous n’avez pas le droit de modifier ce classique ! — Mais, ça plait aux gens ! — Ce n’est pas un argument ! Je vais vous trainer en justice ! — Si vous voulez perdre votre temps. Mais sachez qu’on est déjà en train d’imprimer la suite. — La suite ? — « Les cinq mousquetaires »
————
Le cénacle de chercheurs en éthologie était sur le point de s’étriper. Pour une moitié, le terme de tétrapode signifiait simplement «une bestiole qui marche sur trois pattes, parce que tétra, ça fait penser à trois» alors que l’autre arguait simplement que «tétrapode ça veut rien dire et qu’il faudrait plutôt utiliser le terme de triplusunpode»
Les insultes volaient des 3 + 1 coins de la pièce.
————
— Donc vous postulez pour une place dans notre équipe. — Oui. Je vous admire depuis longtemps et je rêve de faire partie de ce groupe mythique. — Merci. Vous avez un pouvoir ? — Oui. J’ai été mordu par une martre radioactive. Depuis je peux crier très fort dans les aigus et je mord très fort. — Hmmm. Admettons. Malheureusement, nous sommes au regret de ne pouvoir donner suite à votre candidature. — Oh, zut, pourquoi ? — Parce que, pour des raisons de marketing, « Les trois fantastiques » marche bien dans l’esprit des gens. Et d’après le département R&D, « Les 3+1 Fantastiques » ferait un flop.
————
Notre groupe de 3+1 musiciens marche plutôt pas mal. On a un répertoire varié, qui plaît à tout le monde. Mais, à chaque fois, il faut qu’on explique encore et encore le nom de notre formation. Comme on est tous très bêtes, notre agent a dit une fois qu’on était assez nombreux pour former un cerveau complet. Du coup, on s’est appelé le Quart-tête.
————
C’est à ce moment-là de l’histoire que l’humanité s’est aperçue qu’il lui manquait carrément un chiffre. Un truc entre le trois et le cinq. On s’en était bien passé jusque là, par une petite astuce arithmétique. Y’a bien des linguistes français qui se sont prit la tête avec quelques nombres, comme le troisplusunving (80), ou le troisplusunvingtdix (90). Mais c’est lorsqu’on a voulu ajouter ce chiffre manquant que le monde a basculé dans le chaos et la folie.
————
Inutile de couper les cheveux en 3+1. Le fait est là ; les vampires sont génétiquement enclin à travailler bénévolement. C’est un fait qu’ils sont attirés par le sans-gain.
————
Henri Barre-Vé, de son vrai nom Henri Vanille-Bourbon, est monté sur le trône après que celui-ci fut laissé vacant par son prédécesseur, Henri Trois-Barres, décédé des suites d’une épilation douloureuse. Après avoir changé d’ami imaginaire, il publie un roman érotique ayant pour titre « Lady de Nantes » avant de trépasser sous les mains expertes d’un opposant religieux portant presque le nom d’une station de métro.
————
Des 3+1 frangins Dalton, c’est d’Averell que je me sens le plus proche. D’abord c’est une question de taille, ensuite j’apprécie sa naïve légèreté. Enfin, il porte quand même un prénom totalement improbable. Bref, Averell Dalton est mon animal totémique.
————
— Y’a plus d’saison. — Carrément. Il nous en reste combien ? — Ben, y’en a plus. Y’a plus d’saison, j’te dis. — Merde. C’était laquelle, la dernière ? — Heu. La deuxième, je crois. — Si tu l’dis. On va faire quoi, maintenant ? — Remettre Vivaldi à la mode.
————
Urik le barbare était connu pour sa légendaire force. Il était si puissant que même certain dieux hésitaient à se confronter à lui. Ses colères étaient parfois à même de faire trembler tout un continent. Parmi la population est même née une expression répandue ; « Ça secoue tel Urik ! »
————
Les évangélistes se querellent depuis des siècles pour faire admettre que leur évangile est le seul qui soit canonique. Cependant, récemment, la découverte d’un 3+1ème évangile leur a permis d’oublier leurs querelles byzantines et faire front contre ce nouveau challenger ; l’évangile selon Kevin. Les spécialistes qui l’ont étudié restent perplexe sur le message qui y est véhiculé. Il y serait question de choix musicaux radicaux, de peindre sa chambre en noir et d’acquérir un scooter.
————
Les 3+1 cavaliers de l’Apocalypse sont célèbres et redoutés. C’est moins le cas de leurs cousins qui passent souvent en avant-première et qui, on ne sait pourquoi, laissent peu de souvenir derrière eux. Mais ça n’est pas très grave. Animés par la passion du travail bien fait, ils continuent à semer leurs fléaux respectifs ; Retard, Oubli, Ringard et Mal-Coiffé.
————
La triplusunechromie, c’est ma spécialité. Il faut savoir qu’on utilise en fait trois couleurs ; le cyan, le magenta et le jaune. Et, parce que le mélange de ces couleurs ne donne jamais un véritable noir, mais un marronasse moche, on ajoute dont une 3+1ème nuance qui est le noir. Bizarrement, ce sera ma seule contribution sérieuse à cet exercice d’écriture.
————
Le tétraèdre (Tetraedro urogallus) est un gallinacé vivant dans les forêts conifères, notamment dans les Vosges, le Jura et dans les Pyrénées.
Sa particularité est de se servir indifféremment de ses deux pattes, mais également de sa tête et de sa queue pour se mouvoir. Son allure lorsqu’il se déplace a donné source à de nombreuses plaisanteries parmi les chasseurs qui apprécient sa chair.
On dit d’ailleurs, dans ces régions, l’aphorisme suivant : « Marcel, t’es encore trop bourré, tu marches comme un tétraèdre. »
————
Le condamné regardait la cire s’écouler lentement. La flamme de la chandelle illuminait chichement les contours de la geôle, soulignant d’un trait igné les barreaux de sa cellule.
On lui avait signifié sa sentence ; quand la chandelle serait consommée, quand sa flamme s’éteindrait, il serait mis à mort.
Il ne pouvait quitter des yeux la lueur vacillante. Il était triste. Non pas de mourir, mais de savoir son destin lié à un cliché aussi éculé que celui-ci.
Il fallait cruellement manquer d’imagination pour exercer le métier de bourreau.
————
Le jeune apprenti boulanger était féru de littérature et de théâtre. Au point d’écrire, dans ses rares moments libres, une pièce de théâtre. Un vaudeville compliqué mettant en scène un triangle amoureux entre un boulanger, sa femme et un inspecteur de la DGAL1. Il parvint même à monter une première représentation amateure, avec lui-même dans le rôle principal, son patron et sa petite sœur. Ce fut un four.
————
Le mot béryllium viens du grec « berullos » qui signifie peu ou prou « cristal ». Auparavant, le béryllium a porté le nom de glucinium, toujours du grec « glukús », doux, sucré. Il est moins répandu que cet élément a porté un nom plus ancien, et oublié de nos jours ; le mikroglikomavrofoudoukiligotsibaium, du grec littéral : « petite noisette noire sucrée qui pique un peu ». Saluons le pauvre Sophos Filoxenou, qui s’est sacrifié pour la science sans en être remercié.
————
L’humanité a toujours été persuadée que le jeu, Tétris, n’était rien d’autre qu’un petit passe-temps innocent, même si son invention et sa diffusion furent parfois rocambolesques. Le créateur original de Tétris, Alekseï Pajitnov, avait une tout autre idée à l’origine. Limité par la technologie de l’époque, il avait en tête que ses abstractions géométriques puissent évoluer dans un environnement à n dimensions, lui permettant à terme d’ouvrir un portail inter-dimentionnel et invoquer les Grands Anciens endormis. La fortune qu’il a reçu grâce au succès du jeu et son installation à l’ouest ont eu raison de ses étranges velléités.
————
Il est admit que nous vivons dans un monde à 3 dimensions ; largeur, hauteur, profondeur ; X, Y, Z. Mais des chercheurs ont spéculés que nous pourrions envisager qu’il y en ai plus. On a longtemps décrit la 3+1ème dimension comme étant le temps, mais cela fait débat. D’aucun argumentant qu’ « on n’a pas le temps pour ces niaiseries » (pr. E. Snufa, Conférence en 2 minutes, 1972) Après des années d’incertitude, il a finalement été décidé — pour plus de simplicité– qu’on puisse porter le nombre de dimensions à 6 ; le haut et le bas, la gauche et la droite, et devant et derrière.
————
On connait bien les trois états de la matière ; solide, liquide, gazeux. On connait mal le troisplusunième ; poicre. C’est pourtant un état bien connu du corps humain, lorsqu’on a un peu abusé de liquides chargés en alcool.
————
Le losange est une figure géométrique dont les principales caractéristiques sont d’avoir troisplusun côtés égaux, des angles opposés égaux, des diagonales qui forment ses axes de symétrie et un centre de symétrie qui fait que pour chaque point sur le losange existe un point opposé à distance égale du centre. Tout dans le losange respire l’égalité, la symétrie, l’équilibre. Bref, le losange est un truc barbant.
————
Lors de débats enflammés, les philosophes antiques se sont battus pour déterminer combien et quels éléments constituent le monde. Les débateurs finirent par se mettre d’accord sur l’air, la terre, l’eau et le feu. Mais, le philosophe Une-Théière-en-Équilibre-sur-le-Nez a prétendu qu’il en existait un cinquième. Bien entendu, les sages se sont entretués pour savoir lequel. Après une longue période de suspense, le philosophe Une-Théière-en-Équilibre-sur-le-Nez a donné la réponse : « C’est la vinaigrette, bien entendu. »
————
Quand j’étais gamin, et que j’ai appris la légende autour des trèfles à troisplusune feuilles, j’ai très vite tenté de forcer ma chance. Il me suffisait pour cela de cueillir un trèfle tout à fait banal à trois feuilles et d’en fendre une. Le miracle était accompli. Et pourquoi en rester là ? Fendre les trois me donnait un trèfle à six feuilles ! J’étais le plus chanceux du monde ! En tout cas, la chance n’a jamais été du côté des trèfles, avec moi.
————
— Il est fondamental que vous compreniez l’importance de ce que je viens de vous expliquer. — Le truc de l’oiseau ? — Pardon ? — Vous m’avez dit un peu avant que c’était une notion cardinale. — Je ne vois pas le rapport. — C’est un oiseau. — Le type en rouge qui parle en latin ? — Non, l’autre. — Heu. Vous m’avez perdu. On reprend depuis le début…
————
Le futur est là, mais il ressemble malheureusement à beaucoup de films de science-fiction. L’utopie ne fait pas recette, la dystopie a toute sa place. Les mégacorps, les oligarches, les techno-papes, les politiques sans scrupules… GATTACA faisait peur, mais maintenant, bienvenu à la CATA.
————
Un gamin mal élevé et irresponsable a jeté troisplusune petites tortues dans les égoûts. Elles se sont retrouvées à patauger dans une substance chimique radioactive. Elles ne se sont pas transformées en guerriers ninjas à l’humour bas du front. Un rat qui passait par là s’est empressé de les boulotter avant de mourir d’un cancer fulgurant. Les équipes de la voirie ont assaini la zone avec encore plus de produits chimiques, par précaution. Les histoires réalistes ne sont jamais très palpitantes.
————
Bienvenue dans cette micro-fiction interactive. Vous vous trouvez au 28ème niveau du donjon. Que faites-vous ?
————
En géologue, le Quaternaire (du latin quaternarius : « troisplusun par troisplusun ») désigne la troisième période de l’ère cénozoïque.
Devant cette absurdité, Jules Desnoyers, le géologue qui l’a nommé ainsi a tenté de se justifier en expliquant que « c’était bien la troisième ère du cénozoïque, mais quand même la troisplusunième dans un sens plus large, c’est compliqué, arrêtez de crier ! »
Au final, un amendement a proposé qu’on le rebaptise le « Unièmaternaire et pis c’est marre… »
————
Il existe une superstition étrange liée au chiffre troisplusun. Dans notre société, elle est appelée la triomonophobie, qui est la peur du chiffre troisplusun. Bien entendu, les plus malins d’entre vous savent qu’il existe un vocabulaire plus juste et spécifique à ce qui vient d’être dit. C’est juste que j’ai la trouille de l’employer.
————
Fin 1958, le dessinateur Steve McShannon inventa troisplusun personnages de bande-dessinées. Il imagina troisplusun cafards qui auraient été irradiés par accident, subissant une mutation qui les transforma en guerriers de l’ombre, sous la houlette d’un vieux caïman qui leur apprend les rudiments de la savate. Son projet n’aura trouvé aucun éditeur potentiel, et il fut débouté de sa plainte pour plagiat lorsque les gamins de Liverpool créèrent leur groupe, deux ans plus tard.
————
La Direction Générale de l’Alimentation↩︎