|||

La Sicile, jour 2

La Sicile, jour 1


Après une belle nuit de repos et une presque grasse matinée, nous attaquons la journée par… un petit déjeuner dehors. À quelques pas de notre nid se trouve la piazza Luigi Pirandello où se trouvent trois cafés-pâtisseries1. Pour cette première matinée, nous optons pour la plus proche (parce que oui, on est des fainéants) où nous commandons un cappucino et deux pâtisseries dont j’ai totalement oublié le nom depuis, alors même que je les ai demandés. Je sais que l’un d’eux, un chausson feuilleté fourré à la crème qui fait furieusement penser à une bougatsa grecque, s’appelle une langue de quelque chose. Vous n’en saurez pas plus, si ce n’est qu’on s’est régalés. Et que j’ai repris un deuxième cappuccino.

Ensuite, nous sommes remontés prendre nos affaires et la voiture, pour aller visiter la Vallée des Temples. On n’était pas venus ici que pour les beaux atours d’Agrigente. On avait aussi un but.

Sur la route, nous avons fait halte à un supermarché où on s’est équipés pour le pique-nique ; pain, tranches de mortadelle, de Parme, fromage, olives noires, tomates, oranges, deux paquets de biscuits, deux bouteilles d’eau et des petits couteaux jetables en amidon de maïs2.

À la caisse, devant nous, un monsieur tout sourire nous dit bonjour. On met quelques secondes à réagir : c’est le chef du Ruga Reali qu’on n’a pas reconnu sans sa tenue blanche. On le salue aimablement et on lui renouvelle notre plaisir de s’être régalés de ses plats.

Mais trêve de fraternisation. On file à la Vallée des Temples, qui se situe vraiment immédiatement à la bordure de la ville, dans le sud-ouest d’Agrigente.

Un bout de temple, Agrigente en arrière planUn bout de temple, Agrigente en arrière plan

La Vallée des Temples porte en fait mal son nom, car les temples qui lui donnent son nom sont bâtis sur une éminence qui est à peu près à égale altitude d’Agrigente, et surplombe d’un côté le site du Kolymbethra et de l’autre la plaine au sud. Il s’agit d’une enfilade presque rectiligne d’une série de temples construits à l’époque de l’occupation grecque. Ils sont d’ailleurs tous dédiés à des divinités grecques : Asclépios, Héraclès, Héra, Déméter, Athéna, et enfin Zeus.

Les temples sont dans des états différents de conservation, ou même de reconstructions, car certains ont été, au début du siècle, partiellement rebâti avec assez peu de bonheur3.

Un bout de templeUn bout de temple

Un autre bout de templeUn autre bout de temple

En dehors de ça, le site est très beau, mais doit être un véritable (et littéral) enfer en plein été. Nous y étions en fin avril et déjà tout le monde cherchait eau et ombre4. Nous avons d’ailleurs fait escale dans le seul café-restaurant-toilettes du site où on a fait une pause à coup de granité citron. Un choix regrettable.

Des colones de templeDes colones de temple

Un fantôme de templeUn fantôme de temple

Ce que nous avons regretté, c’est de n’avoir pas pris le temps ni la peine de visiter le Kolymbethra5. Bordant la vallée en son nord et ouest, c’est de nos jours une grande vallée encaissée qui abrite des jardins et des vergers qui font partie d’un programme national de développement et de protection.

À l’origine, le kolymbethra était un immense bassin artificiel6 alimenté par plusieurs sources dirigées par canaux et aqueducs qui cernait le site des Temples. À l’époque, le paysage devait sans doute être impressionnant. Aujourd’hui, il est magnifique.

Alors, pourquoi n’y sommes-nous pas allés ? Par flemme, et parce qu’après avoir payé notre entrée au site des Temples, on s’est aperçu qu’il fallait à nouveau payer pour accéder au kolymbethra, et ça nous a un tantinet agacés…

Le temple de Zeus, le mieux conservéLe temple de Zeus, le mieux conservé

L’un des gardiens des templesL’un des gardiens des temples

La matinée se passe en semi-randonnée sur la longueur du site et nous commençons à avoir faim. Il est temps de lancer l’opération pique-nique. Au cours de notre balade-visite, on s’est d’abord dit qu’il était interdit de manger sur le site. Mais après avoir croisé un nombre certain de visiteurs en train de croquer du sandwich, qu’on s’est finalement rallié à l’idée que bon ben allez, hein.

Du coup, nous revenons à la voiture, on s’empare du sac de victuailles, puis nous repassons devant tout le monde au guichet7, et nous longeons ensuite la très longue allée qui mène au site proprement dit. Nous bifurquons enfin vers un champ de pierres qui forment comme des bancs et des tables, le tout sous le couvert de petits arbres. Bref, l’endroit idéal, à la tranquillité absolue8.

Nous déjeunons donc de tartines de mortadelle et de Parme, accompagnées d’une sorte de tapenade à l’olive verte très relevée, et de quelques tomates. Et en dessert, des biscuits Molino Bianco et une orange juteuse et sucrée à souhait. Miam !

Il ne manque plus que il caffè et ça serait parfait !

Qu’à cela ne tienne, la suite du programme nous attend : le musée archéologique, de l’autre côté de la Vallée. Nous reprenons notre 500 et remontons de quelques kilomètres à peine, quasiment à l’entrée d’Agrigente où se trouve le fameux musée.

Et, comme tout est bien fait dans ce pays, l’entrée donne directement… sur un café. Donc, on s’y pose quelques minutes pour siroter un ristretto en bonne et due forme9 avant d’attaquer le musée proprement dit.

Le musée est très beau, très calme10, et très fourni. Beaucoup trop fourni. Il y a des pièces magnifiques, notamment un atlante de pierre de plus de sept mètres de haut installé dans le hall principal, ou encore, vers la fin du parcours, un banc de stade en pierre dont le dossier est gravé en l’honneur du sponsor11. Néanmoins, c’est parmi les musées archéologiques que j’ai déjà visités, sans doute le plus fourni, et de loin. On finit par saturer.

On termine par une petite balade dans l’ancien cloitre où a trouvé refuge le musée et où on peut voir un petit théâtre antique, avant de suivre une passerelle qui surplombe la Vallée, dernier coup d’œil de loin aux silhouettes toujours impressionnantes des temples alignés.

Le petit théâtre près du musée archéologiqueLe petit théâtre près du musée archéologique

Et sur ce, retour à Agrigente, parce qu’il est sans doute encore tôt, mais on a tout donné ! Plus sérieusement, on envisage la fin d’après-midi simplement en musardant dans Agrigente même, avant de se trouver le restaurant qui clôturera comme il faut cette chouette journée.

Donc, retour à la pensione pour une bonne douche, en même temps qu’on consulte le guide. Puis, on se met en route. Partant de notre piazza Pirandello, nous remontons tranquillement la via Atenea qui traverse longitudinalement la vieille ville, avec pour destination, la piazza Cavour où ma Douce a repéré dans le guide un glacier qu’il faut aller visiter.

Nous nous promenons donc tranquillement dans cette longue avenue piétonne, très agréable. Encore un peu calme à cette heure de l’après-midi ; ce sont encore les boutiques qui priment sur les bars et les restaurants.

Nous nous arrêtons d’abord devant la Chiesa di San Lorenzo detta del Purgatorio, une église baroque à la silhouette massive et au clocher excentré. L’intérieur est très lumineux, les murs et le dôme sont peints en blanc. Curieusement, il n’y avait ni bancs ni autel (il y a pourtant un très beau tabernacle au centre du chœur).

En ressortant, on découvre qu’en face de l’église se trouve un restaurant appelé le Gambrinus. C’est la fameuse pizzeria recommandée par notre hôtesse. On en prend note et on continue notre ballade, en se disant que si on ne trouve pas mieux…

Nous visitons ensuite une librairie-papèterie-souvenir où nous avons vu de jolis tirages de dessins originaux mettant en scène dans un style naïf des personnifications des symboles de la Sicile12. On est presque à craquer, mais… bon… le prix nous refroidit. Donc on continue notre parcours.

Arrivés au bout de la via Atenea, on traverse la piazetta Vadalà en diagonale, pour récupérer la viale della Vittoria qu’on longe jusqu’à notre destination cible. À partir de là, le visage de la ville change, nous sortons de la vieille ville. Par contre, le promontoire au-delà de la viale donne sur l’étendue de la Vallée des Temples, et le regard porte jusqu’à la mer. C’est beau.

C’est pas tout à fait la bonne vue, mais vous avez l’idée…C’est pas tout à fait la bonne vue, mais vous avez l’idée…

Nous atteignons finalement la piazza Cavour, et le tout petit glacier nommé il Cuspidi13 devant lequel… des gens font la queue. On est prêt à renoncer (au profit d’un spritz, sans doute), avant de se rendre compte que les dites gens attendent de pouvoir s’asseoir en terrasse couverte pour commander.

Nous, on s’en OSEF, on veut juste prendre une glace et la savourer sur un banc du parc de la place, juste à côté. On entre donc, et on se commande chacun un gobelet moyen (2 boules) qu’on paye 4 euros en tout. Seulement ? Vu la quantité ? Je vous avoue, on s’est demandés, et on se demande encore s’il n’y a pas eu erreur. Mais, baste, dégustons.

C’est copieux, et très sucré. Donc, c’est officiel : c’est la première fois que je cale sur une glace. Elle était très bonne, mais c’était beaucoup trop bien servi. Malheureusement, à la commande, on n’a pas réussi à se rendre compte des volumes proposés. C’est bête, j’ai horreur de gâcher.

La piazza Cavour a ceci de rigolo qu’elle semble être le lieu de convergence des enfants du quartier d’à peu près tous les âges. Ça piaille, ça crie, ça joue au foot14 et ça court dans tous les sens. On a trouvé ça rigolo pendant un moment, mais au bout d’un moment on s’est dit qu’il était temps de bouger.

Nous sommes remontés par le même chemin, nous demandant si on ne s’arrêterait pas quelque part se boire un spritz ou autre15 pour finalement se dire qu’on se boirait de toute manière un verre de vin en mangeant et que c’est bien de ne pas abuser.

Nous sommes donc retournés devant l’église de Saint-Laurent-du-Purgatoire, et nous nous avons demandé à la serveuse du Gambrinus s’il était possible de dîner à deux . Nous n’avions pas réservé (bien entendu), mais comme quasiment aucune table n’était prise et qu’il était quand même relativement tôt, on avait bon espoir. On a en fait eu chaud, parce qu’apparemment ils attendaient de grandes tablées, et une fois que nous nous sommes attablés, nous avons vu un bon nombre de gens se voir refuser une table.

Nous avons commandé un vin blanc qui s’est avéré très minéral, très sec (mais bien bon quand même) qui m’aurait fait tiquer avec le repas de la veille, mais qui s’est finalement bien accordé avec les pizzas. Et lesdites pizzas que nous avons commandées furent une Gambrinus, très douce, voire un peu sucrée, à la coppa et aux éclats de pistache grillés. Un régal. Et l’autre s’appelle la Purgatorio. Et, elle porte bien son nom ; ornée de tranches de chorizo bien fort et relevée au piment dans la sauce tomate. Très bonne aussi, mais… il fallait la dompter.

On a ensuite résisté à l’idée de prendre un dessert. On s’est contenté de rentrer à la penzione faire un gros dodo.


Score Fit : 17.992 pas


La Sicile, jour 3



  1. Association très commune en Italie.↩︎

  2. On avait totalement oublié de prendre des ustensiles de cuisine. On n’attendait rien de ces couteaux qui ne valaient pas grand-chose, mais ils se sont révélés très solides et utilisables.↩︎

  3. Consolidations à coup de briques rouges, éléments mal identifiés qui font que des éléments de différents temples ont été mélangés.↩︎

  4. Qui a parlé de dérèglement climatique ?↩︎

  5. Wikipédia prétend le nom féminin. Nous, on l’a systématiquement pratiqué au masculin. Où sont les wokistes quand on n’a pas besoin d’eux pour résoudre cette énigme ? On s’en fout.↩︎

  6. De Kolymbo: baignoire.↩︎

  7. « On a nos billets ! On peut passer, nous, on a nos billets ! Hahaha ! »↩︎

  8. Tout le temps que nous avons passé à déjeuner, personne n’a osé venir nous tenir compagnie.↩︎

  9. Et bien entendu en profiter pour faire une escale technique.↩︎

  10. Je pense que peu de personnes parcourant la Vallée viennent ensuite le voir.↩︎

  11. On n’a rien inventé, hein.↩︎

  12. L’Etna, les figues de barbarie, les citrons, etc.↩︎

  13. Soit le Cuspide (pointe d’un organe), soit l’Orée, soit la Pointe. Je sais pas trop…↩︎

  14. On a cru plusieurs fois se prendre un penalty directement dans la glace.↩︎

  15. Mais, quoi d’autre ?↩︎

Dans les épisodes précédents… La Sicile, jour 1 La Sicile, jour 3
Dernières entrées Writever 2024 — Octobre L’éclat de Coquille — Octobre, tome 0 Writever 2024 — Septembre L’éclat de Coquille — Septembre, tome 2 L’éclat de Coquille — Septembre, tome 1 Writever 2024 — Août L’éclat de Coquille — Août, tome 2 L’éclat de Coquille — Août, tome 1 Writever 2024 — Juillet L’éclat de Coquille — Juillet, tome 2 L’éclat de Coquille — Juillet, tome 1 Writever 2024 — Juin L’éclat de Coquille — Juin, tome 2 L’éclat de Coquille — Juin, tome 1 Writever 2024 — Mai L’éclat de Coquille — Mai, tome 2 L’éclat de Coquille — Mai, tome 1 Writever 2024 — Avril L’éclat de Coquille — Avril, tome 2 L’éclat de Coquille — Avril, tome 1 Writever 2024 — Mars Le bulletin de la Coquille — Mars Constat d’abandon Writever 2024 — Février Writever 2024 — Janvier Un dernier billet avant la fin du monde Un état du temps qui passe… Les Chants de Sennaar Le point écriture de la rentrée Jordan Mechner, Replay Le petit voyage en Crète — Les T-shirts