Sacré Franz Josef !
C’est le jour du départ. Comme d’habitude, on le prend cool1. Petit déjeuner, puis rangement et empaquetage.
Ce n’est qu’avant de partir que j’ai l’idée de prendre en photo la jolie vue qu’on avait de la chambre.
Côté potager
Côté remontée mécanique
Adieu chers voisins…
On a un peu plus de 450 kms à faire d’ici à Bologne, mais on a prévu deux étapes ; la première quelque part en Autriche, et l’autre à Udine en Italie.
On se met donc en route. Celle-ci est sans histoire sur la portion slovène. On a quelques 70 kilomètres à faire avant la frontière austro-slovène2. Juste avant, on passe un péage3 : 8 € pour traverser un long tunnel qui traverse le relief marquant la frontière. 8 kilomètres un peu au ralenti parce que le tunnel est encore en chantier et qu’un seul conduit est praticable.
Nous voilà donc en Autriche. Peu après avoir émergé du tunnel, on s’arrête à une station d’autoroute pour prendre notre deuxième petit déjeuner4 composé d’un café et d’un croissant fourré au chocolat.
La station5 est rigolote. Le bâtiment est une immense soucoupe, entièrement circulaire. L’ameublement fait très waffle house américaine, avec ses tables en (imitation) formica rouge et ses fauteuils rembourrés en skaï rouge et blanc qui rappellent les sièges de voitures américaines des années 50.
On s’installe sur la terrasse pour déguster nos croissants et nos cafés6 tout en commentant d’un côté les bornes automatiques de vignettes d’autoroutes, où une petite queue s’est formée. Et de l’autre, un petit défilé de mecs venant soulager leurs vessies dans les rares buissons proches de la station. Ce qui a le don de nous agacer un petit peu.
Une fois notre Frühstück terminé, je me dis que j’irai bien moi aussi faire un tour aux toilettes, sans doute inspiré par le ballet des incontinents indélicats.
C’est alors que je comprends pourquoi on a eu droit à tant d’exhibitionnistes urinaires. Ici aussi, il y a un péage. Au bout d’un long couloir circulaire, deux bornes qui ressemblent à des barrières de métro attendent qu’on paye un écot pour aller profiter des commodités. Comme une seule fonctionne, il y a une queue importante devant.
Je pèse le pour7 et le contre8 pour finalement abdiquer et remonter.
On reprend la route pour s’arrêter quelques kilomètres plus loin, dans la petite ville de Villach9. Sortis de l’autoroute, on tourne un peu dans la banlieue avant de se garer10 dans une rue11 très proche du centre. On remonte ensuite la Freihausgasse qui est une charmante rue piétonne.
On s’y balade un moment, appréciant le calme du lieu malgré le monde. Les boutiques ne font pas aussi touristiques qu’à Ljubljana, par exemple. On se pose à une petite terrasse où Helene commande un café. Personnellement, j’ai soif. Donc j’opte pour un truc risqué ; une limonade à la rhubarbe.
La rhubarbe de Franz Josef
On chill un moment. Puis, je me dis que ce serait le moment de faire ce que je n’ai pas pu faire à la station d’autoroute. J’entre dans le café proprement dit, mais il y a déjà quelqu’un. Donc j’attends près du comptoir. Là, le serveur me demande (en allemand) si j’ai besoin de quelque chose. Par pur réflexe, je réponds :
— Ich warte für die Toiletten. Danke.12
Bim ! Comme ça, direct. Je n’ai pas réutilisé le peu que j’avais appris de mes cours d’allemand depuis le lycée. C’est fou comme certaines choses reviennent sans prévenir13…
En contournant l’église Saint-Jakob14, on passe devant un petit delikatessen qui nous donne bien envie. Nous commandons alors deux sandwiches. Dans un petit pain rond qui ressemble à celui d’un bagel sans le trou, on nous place une énorme tranche de salami constellé de fromage et oint d’une bonne dose de moutarde allemande15. L’autre pain reçoit une belle tranche de cochon grillé, mariné et plein d’herbes, avec sa couenne bien croustillante et la même dose de moutarde.
On va se déguster ça sur le parvis de l’église, se régalant de chaque miette. Et on se fait le constat que c’est le premier repas qu’on fait depuis la Slovénie, et nous en profitons à fond. C’est également le repas le moins cher du séjour ; 6,5 € pour les deux sandwichs.
Après s’être léché les doigts, on redescend tranquillement jusqu’à la voiture.
La route jusqu’à la frontière italienne (22 kms) puis jusqu’à Udine (125 kms) est tranquille. Bien entendu, plus on avance en Italie et plus on retrouve nos chers camions. Mais le paysage change très rapidement. On part de l’Autriche, encadrés par de belles montagnes bien abruptes, pour trouver en Italie des reliefs de plus en plus douces jusqu’à se retrouver en plaine. La végétation aussi change radicalement. C’est tout à fait normal, mais c’est impressionnant à voir.
On arrive donc à Udine.
Et là, pas de bol. Non seulement la météo n’est pas avec nous, puisque le ciel est tout bouché et quelques sporadiques gouttes nous tombent sur le chef mais, surtout, on est arrivés trop tôt. Udine vit vraiment à l’heure méditerranéenne. Il doit être à peu près 15 heures quand on se gare, et on découvre que quasiment tout est fermé et ne rouvrira qu’à partir de 16 heures.
Ce qui ne nous empêche pas de déambuler jusqu’à la très belle piazza della Libertà16.
N’empêche, même désert et gris, c’est beau.
Désert, gris, et de plus près. C’est joli.
La piazza della Libertà
En remontant la petite via Rialto, on se pose à un caffè17 d’où on peut entrevoir la sortie d’un mariage célébré au palazo d’Aronco juste à côté. Puis, désaltérés, recaféinés à coup de cappuccinos et allégés de quelques fluides sans intérêt, on reprend notre mini exploration.
On s’arrête pour prendre une petite glace qu’on déguste d’auvents en auvents parce que la pluie s’est définitivement invitée. Ensuite, nous retournons à la voiture. On a encore près de 300 kms de route à faire, donc tant pis pour la visite d’Udine aux heures ouvrées.
Donc, c’est parti pour 275 kms d’autoroutes italiennes saturées de camions et de travaux, à jouer du régulateur de vitesse quand on peut rouler, et à le mettre en pause quand un 34,5 tonnes tente de doubler un 34,7 tonnes.
On arrive enfin à Bologne. Ou, au moins, à sa banlieue. L’approche de Bologne et le spaghetti de périphériques pour atteindre notre étape du jour est longue et fastidieuse. Ça a comme un petit goût du contournement parisien, en légèrement plus exotique.
Notre refuge du soir s’appelle le Hotel Country House Savoia18, tout près de l’autoroute A14. Ça aura quelques conséquences plus tard…
L’hôtel est assez cosy, niché dans un petit écrin de verdure citadin. C’est très mignon. On s’enregistre, on reçoit les consignes, on réfléchit deux secondes au fait qu’une fois posés, on pourrait aller se balader dans Bologne. Deux secondes plus tard, les voyants de flemme clignotant en rouge, on oublie l’idée. Nous demandons à l’accueil de nous réserver une table pour deux au restaurant de l’hôtel.
Ensuite, on va prendre possession de notre chambre d’une nuit. L’air dans le couloir pour y accéder est d’une lourdeur phénoménale. Fort heureusement, la chambre est climatisée réfrigérée comme il faut.
On y lâche nos quelques affaires, puis on se prend une douche réparatrice, avant de s’habiller correctement19 et de redescendre.
Puis, d’un pas tranquille, mais affamé, nous nous rendons au restaurant20 qui est tout proche, dans le clôt de l’hôtel, juste en face de son parking.
Nous entrons, et – comme l’a instruit le réceptionniste de l’hôtel – nous annonçons que nous avons une réservation pour la chambre 2. Le patron semble très brièvement surpris, avant de nous indiquer une table libre. On est à deux doigts de s’asseoir, quand Helene me dit qu’il y a un problème.
— C’est censé être un restaurant chic. Là on dirait une pizzeria de famille. Ça te semble chic, à toi ?
Je dois admettre que non. Je fais taire mon estomac qui tente d’argumenter qu’on s’en fiche, j’ai faim, et nous ressortons à la recherche de quelqu’un susceptible de nous aiguiller.
À l’extérieur, tandis que Helene commence à discuter avec la patronne de ce restaurant, je clopine vers l’accueil de l’hôtel et je demande au réceptionniste combien de restaurants il y a ici. Il me répond un seul, celui où nous avons la réservation.
Déboussolé, je reviens voir Helene qui, elle, a eu le fin mot : si, il y a bien deux restaurants sur la zone de l’hôtel. Mais un seul fait partie de l’établissement.
Là où nous sommes, c’est le Hotel Country House Savoia, qui comprend les chambres « pas chères ». En sortant de l’enceinte par l’arrière, puis en traversant la via del pilastro, on arrive sur du sérieux ; le Savoia Regency21, le haut de gamme du coin. Et, juste à droite de l’hôtel lui-même, nous avons le Garganelli22, notre restaurant.
Celui qui est en face de notre chambre, c’est le Ristorante Danilo e Patrizia23, petite pizzeria bien charmante24. Il est certes dans l’enceinte de l’hôtel, mais n’en fait pas du tout partie. J’ai trouvé un poil indélicat de la part du réceptionniste de me répondre qu’il n’y avait qu’un seul restaurant au lieu de lever l’ambiguïté25.
Bon, donc, ce grand mystère résolu, nous entrons au Garganelli. Clairement, l’ambiance est bien plus classe et guindée que chez Patrizia et Danilo. À tel point qu’on se sent un peu gênés durant les premières minutes26.
Mais c’est vite passé, et une fois bien installés, passé de longues minutes à consulter la carte27, on déguste un verre de prosciutto de bienvenue et quelques délicieux mini arancini en manière d’amuse-bouche.
Voici notre commande :
En entrée :
En plat principal :
Et pour déguster tout cela, une demi-bouteille de Pinot blanc local
C’était… très bon ! On s’est régalé de bout en bout. Nous avons quand même hésité à continuer sur un dessert, mais ça n’aurait vraiment pas été raisonnable.
Du coup, on est rentrés doucement dans la presque fraicheur du soir, pour regagner notre chambrette.
Helene aurait aimé qu’on puisse dormir sans la clim’ et la fenêtre ouverte. Malheureusement, comme je l’ai dit plus haut, l’autoroute était à une jetée de pierre de notre chambre. Il a fallu renoncer, laisser la fenêtre en double vitrage bien fermée, et la climatisation allumée.
Tant pis. Dodo quand même.
C’est les vacances, quand même, non mais !↩︎
Ou plutôt slovo-autrichienne ?↩︎
Quoi ?‽! Alors qu’on s’est battu pendant une heure la veille pour acheter notre e-vignette ?↩︎
Je me dis parfois qu’on a tout de même un côté hobbit.↩︎
///brossage.domiciliation.exemplifier
↩︎
Pas mauvais du tout, au passage.↩︎
Un peu envie d’y aller.↩︎
Pas si pressé, y’a de l’attente, faut de la monnaie, et je ne sais pas combien.↩︎
Oui, ça mérite un point d’ironie. Le voilà : ⸮↩︎
Easy Park powaaa !↩︎
///diminuer.expéditeur.usinant
↩︎
J’attends pour aller aux toilettes. Merci.↩︎
Ça n’est pas pour autant que je comprends grand chose et que je suis capable de demander mon chemin.↩︎
///soleil.grêlant.réunisse
↩︎
Une moutarde douce et un peu sucrée.↩︎
///patiner.rachetons.subvenir
↩︎
///rigide.ruban.émanons
↩︎
///statistique.automatique.suffire
↩︎
Sans être un étoilé, le restaurant a des allures de chose chic.↩︎
///augmentant.retrouvons.crémière
↩︎
///fouiller.bêchons.concevoir
↩︎
///pondérateur.billion.chargeur
↩︎
///augmentant.retrouvons.crémière
↩︎
Et où on mange sans doute très bien.↩︎
Comme si ne serait-ce que parler de ce petit restaurant allait conduire à couler l’affaire de ce groupe hôtelier… j’vous jure…↩︎
Ce qu’on n’a pas du tout ressenti lorsqu’on a été mangé chez Hélène Darroze. Mais on n’était pas en mode touristes relax (et capillairement négligés pour moi).↩︎
Dont on nous avait gentiment confié la version francaise.↩︎