Une fois n’est pas coutume1, j’ai envie de vous parler de trois films et une (mini)série vus récemment.
Je ne vais pas faire dans le dithyrambique, mais je vais vous donner mon avis synthétique sur ces trois œuvres
On commence par une sorte de monument…
— Francis Ford Coppola, 2024
Adam Driver tentant de savoir où il doit marcher dans le décors en fond vert
Le grand Coppola, de retour pour son opus magnus qu’il porte depuis des décennies et qu’il a financé intégralement sur ses fonds propres.
Je suis passé totalement à côté. Il fourmillent de bonnes idées, possède un casting incroyable, et est parfois visuellement bluffant.
Mais j’ai quand même eu le sentiment d’une coquille creuse, un conte boursouflé de métaphores et seconds degrés, autant narratifs que visuels.
Je l’ai donc vu, sans un prendre un quelconque plaisir, et j’ai déjà oublié la moitié du film.
Tant pis.
— Joseph Bennett & Charles Huettner, 2023
Ça a le goût du Mœbius, ça a l’odeur du Mœbius, mais…
Cette mini-série d’animation est un ovni, dans tout les sens du terme.
Un vaisseau de colons se retrouve en orbite autour d’une planète à la suite de graves avaries. Une partie de l’équipage éveillé est parvenu (avec de grandes pertes) à atterrir à bord de capsules de sauvetages. Très éloignés les uns des autres, ils tentent chacun de leur côté, de survivre sur cette étrange monde à la faune et la flore aussi incroyable que dangereuse.
Les créateurs ont convié de nombreuses inspirations pour cette histoire ; j’y ai trouvé du Stefan Wül (La Planète Sauvage, l’Orphelin de Perdide), du Jack Vance (le cycle de Tschaï), mais aussi quelques gouttes de Satoshi Kon (Paprika), voire du Katsuhiro Otomo (Akira), le tout emballé dans une direction artistique ouvertement inspirée par l’œuvre de Mœbius, notamment Arzakh et le Garage Hermétique.
Malgré quelques séquences gores assez inattendues, ce petit ensemble de 8 épisodes courts (20 minutes en moyenne) s’est avéré un régal quasiment sans faille2. Chaque épisode promet son lot d’étrangeté et de rebondissements.
Le final est satisfaisant, malgré l’idée qu’on se délecterait d’une saison 2 qui n’est à ce jour pas du tout prévue.
— Brady Corbet, 2024
Un des (rares) moments où l’on voit du brutalisme
Après une scène d’introduction parmi les plus magistrales que j’ai jamais vue3, le déroulé des 3h30 de ce pavé se déroule avec plaisir. Paradoxalement, le temps ne nous a pas paru particulièrement long, mais l’interruption de 15 minutes en milieu de séance s’est avérée ennuyeuse et nuisant à l’immersion.
Autre paradoxe : c’est bien le premier film auquel on reproche de manquer d’une bonne heure de narration. La fin nous a paru bien trop précipitée.
Outre une image magnifique, une mise en cadre au parti-pris osé et réussi (tout les plans sont claustrophobiques, même en plein air on se sent enfermé), un travail chirurgical sur le son, et des acteurs irréprochables, le film recèle son lot de curiosités et d’insolite.
On n’arrive toujours pas à savoir si ce que l’on a détecté vient d’intentions de mises en scène que l’on n’a pas comprises ou d’erreurs provenant de remontages pour faire tenir l’ensemble en moins de 4 heures.
Le film est émaillé de sautes narratives parfois gênantes (personnages qui disparaissent), de raccords dans l’axe sans raison apparentes et autres bizarres erreurs qu’on pourrait attribuer à un travail de débutant.
La fin, elle aussi, a sans doute aussi souffert d’une pression pour raccourcir la durée du film, de par son côté précipité, frénétique et bombardant le spectateurs des clés de compréhensions qu’on aurait vraiment dû avoir bien plus tôt de manière détournées.
Notre dernière critique concerne le titre et ce qu’il implique. Contrairement à ce que le titre suggère (et par conséquent nos attentes propres), l’aspect esthétique et historique du mouvement Brutaliste4 est particulièrement anecdotique. Certes, on voit du brutalisme. Certes des noms d’architectes issus du Bauhaus sont cités, mais ça ne va pas plus loin. La véritable thématique du film est l’exil et la reconstruction. Pas le Brutalisme
Malgré cela, c’est un beau film. Pas un chef d’œuvre, certainement pas le Citizen Kane de 2024, mais un moment de cinéma à ne pas louper.
— Kristina Buozyte & Bruno Samper, 2022
Un des (rares) moments où l’on voit de la science-fiction
J’étais tombé sur la bande-annonce de ce film par accident. Il m’avait tapé dans l’œil par son esthétique spéciale5 et par le fait que — une fois n’est pas coutume — c’est un film lithuanien6 de science fiction.
Vesper est une petite fable écolo-post-apocalyptique. Plutôt sympa à regarder, il ne brille ni par sa réalisation, ni par son interprétation7, ni même par ses effets qui — malgré un budget riquiqui — font quand même bien le job.
Cependant, le gros défaut du film est qu’il n’a pas de chute. Et pour cause, comme l’ajout au titre de la mention « Chronicles », il semblerait8 que les créateurs de ce film avaient l’ambition d’en faire une trilogie, série, univers étendu, que sais-je. Du coup, l’histoire ne se termine pas. Bien au contraire, le film se referme sur un début. Tout les éléments sont en place, y’a plus qu’à nous immerger dans l’histoire.
Or, quatre ans après sa sortie, d’histoire il n’est pas question. La fiche IMDB des deux auteurs réalisateurs mentionne un film en cours de production ; « Frost and Fire », qui serait un film de science-fiction également, mais qui se passe dans l’espace et n’a à priori rien à voir avec Vesper.
Donc, tant pis.
Voilà. On referme cette petite cinéchronique ici. Merci d’avoir tenu le coup jusqu’en bas.
Et on se retrouve ici et plus loin.
En ce qui concerne ce blog, c’est un euphémisme.↩︎
À l’exception du design de deux personnages qu’on a trouvé plutôt ratés.↩︎
Je n’exagère pas. L’arrivée à Ellis Island est une incroyable leçon de mise en scène et de sound-design.↩︎
Mais auquel les génériques ont su brillamment rendre hommage.↩︎
Notamment par l’inspiration des réalisateurs puisée dans la Planète Sauvage de Topor et Laloux.↩︎
Je n’ai même pas le souvenir d’avoir vu un jour un film lithuanien.↩︎
Sauf Eddie Marsan. Lui, il gère.↩︎
Je n’ai pas trouvé d’infos qui corrobore ma théorie, cependant.↩︎