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Trieste-Slovénie - Jour 2

La ScapigliataLa Scapigliata

Après une presque grasse matinée — chose qui ne nous arrive plus guère — on se rend pour la seconde et dernière fois au Coyote Ugly pour y petit-déjeuner d’un cappuccino et d’une viennoiserie typiquement italienne1.

Ceci fait, on vide la chambre pour remplir la voiture, prête à partir, et on fait le checking-out. On en profite pour demander poliment si on peut laisser la voiture dans le parking, au moins jusqu’à midi, ce qu’on nous accorde volontiers.

Et nous prenons le bus jusqu’à la piazza della Pace où se trouve l’imposant Complesso Monumentale della Pilota2. C’est un ensemble d’anciens bâtiments abritant plusieurs lieux culturels, dont le théâtre Farnèse, bâti en 1618, la galerie nationale d’arts, et le musée archéologique.

Les extérieurs de la PilottaLes extérieurs de la Pilotta

L’une des cours intérieuresL’une des cours intérieures

Il y avait bien entendu trop de choses à voir, donc on s’est programmé l’essentiel. On a commencé par le théâtre :

La scène, telle qu’on la voit quand on entreLa scène, telle qu’on la voit quand on entre

Les gradins vus depuis la scèneLes gradins vus depuis la scène

Le théâtre a été construit en 1618 et a été le grand théâtre de la cour des ducs de Parme. Sa construction terminée, il ne fut inauguré que 10 ans plus tard à cause du décès par maladie de son commanditaire. C’est son fils qui en profitera lors de son mariage. Le théâtre était tellement compliqué à préparer (il était prévu qu’on puisse inonder la scène pour réaliser des naumachies) qu’entre 1628 et 1732, il ne servit que huit fois.

Détail des côtés de la scène : tout est en boisDétail des côtés de la scène : tout est en bois

Le théâtre, déjà à l’abandon, fut quasiment rasé durant la seconde guerre, puis reconstruit à l’identique sur les plans d’époque, avec les mêmes matériaux, entre 1956 et 1960.

→ En savoir un peu plus : le théâtre Farnèse

Bon, on a passé à peu près autant de temps dedans que vous à lire ce que je viens d’écrire.

Nous sommes ensuite allés visiter la galerie nationale.

Et là, je vais faire plus court.

Parce que ça représente des kilomètres de salles et de couloirs à arpenter. C’était impressionnant, mais interminable. Pour tout vous avouer, à partir d’un moment, on a commencé à chercher des raccourcis cachés façon Ikea. Puis finalement, on a fait la dernière partie de plus en plus vite, en ne jetant que quelques œillades aux toiles magistrales qui nous surplombaient.

Ne me faites pas écrire ce que vous n’avez pas lu : la visite était incroyable. Mais y’a trop.

Bref.

On a quand même vu de très belles choses. Surtout dans la première partie, notamment la Renaissance et le Quattrocento ; de superbes icônes et tableaux liturgiques.

Le premier tableau qui a attiré notre attention a été le portrait de Ludovico Orsini, peint par Francesco Salviati (dit de’ Rossi) dans les années 1530-1540. Sa particularité est d’avoir représenté le sujet dans un profil complet.

Monsieur OrsiniMonsieur Orsini

L’explication probable est qu’il voulait se voir représenté comme un empereur romain dont le profil frappe les pièces.

Un peu plus loin, on découvre avec émotion une peinture qui devait avoir orné un plafond d’église, peint par Antonio da Correggio, dit le Corrège, l’Incoronazione della vergine :

Le couronnement de la vierge par le CorrègeLe couronnement de la vierge par le Corrège

Et puis, même si nous savions qu’il était présent, c’est toujours un choc esthétique de découvrir un tableau de Leonard de Vinci, La Scapigliata :

La Scapigliata (« L’Échevelée » ou « L’Ébouriffée »)La Scapigliata (« L’Échevelée » ou « L’Ébouriffée »)

Malheureusement, l’éclairage était compliqué, projetant plein de reflets sur la toile quand on essaie de prendre une photo. Sans parler que mon Pixel 6 ne brille pas particulièrement par la qualité de ses rendus.

Donc, désolé, mais c’est vraiment moche par rapport à la réalité.

En sortant de la galerie nationale, on hésite à enchaîner sur le musée archéologique. Mais deux facteurs entrent en jeu : on a un peu de route3 à faire jusqu’à Trieste, et bon, on vient déjà d’exploser notre objectif quotidien sur nos podomètres, alors bon, hein…

En ressortant, on s’avitaille en frais à un minuscule marché qui se trouve sur la place. Les commerçants s’amusent à rivaliser entre eux pour tous nous parler en français, ce que nous apprécions à sa juste valeur. On est donc repartis avec quelques tomates, petits concombres, pêches et deux pots de miel du coin.

Un peu plus loin, on s’arrête à une boulangerie où on s’offre un quart de miche de pain à ciabatta bien appétissant, une portion de focaccia nature et une part de ce qui ressemblait à s’y méprendre à une spanakópita.

On récupère ensuite la voiture, on fait le plein à une station toute proche4, et c’est parti pour Trieste !

Une petite pause dégustation sur une aire d’autoroute sans intérêt, et on reprend le trajet sans intérêt.

Sauf qu’on a constaté une chose étonnante et très désagréable : la densité de camions empruntant les autoroutes italiennes. Les fois précédentes, le trafic était normal, il y avait des camions, mais en quantité raisonnable, si on peut dire.

Mais cette année, leur nombre était carrément inquiétant. Lorsque nous roulions sur les rares portions à quatre voies, ça allait. Mais lorsqu’on se retrouve sur des portions à trois, voire à deux voies, c’est vite devenu compliqué.

Petit schéma explicatifPetit schéma explicatif

Bref, on roule vaille que vaille, en faisant une petite pause dégourdissement de jambes, soulagement de vessie et hydratation des tissus mous5. Ah, et je lis dans mes notes qu’on a découvert la présence en Italie d’une glace qui est notre péché mignon quand on est en Grèce : la Mega / 4×4. C’est bêtement un cornet de glace, mais plus gros6. Donc, on s’est jeté dessus et on l’a dévoré. Ça ne porte pas le même nom, mais c’est pareil.

Du coup, si on trouve ça en Italie, possiblement bientôt l’invasion touchera les frontières françaises, et nous, on sera foutus…

Les premières images7 qu’on a de Trieste, c’est une sorte de très longue croisette. Des plagettes, des rubans de pelouse, plein de monde dessus, des gens qui traversent de partout8 et une circulation légèrement anarchique. Étrangement, on a chaud, on a fait des kilos de kilomètres, et pourtant rien dans ce que l’on voit ne nous a incité à nous arrêter et à piquer une tête.

À mesure qu’on entre dans la banlieue de Trieste, un léger stress m’étreint. C’est le même qu’à chaque fois qu’on se rend à Marseille. En mon for intérieur, une petite voix de gamin gémis : « Pu████, mais comment on va se garer ? »

Oui, parce que :

  • Trieste, c’est une jolie ville faite de rues étroites, souvent à sens unique, pleines de voitures
  • Notre logement n’a ni garage, ni parking, ni place allouée
  • La police triestoise est plutôt pointilleuse

Néanmoins, on trouve une place pile dans une rue parallèle9, à la taille quasiment idéale10. On souffle, on débarque léger pour aller voir l’appartement.

Après quelques tâtonnements, on découvre notre chez-nous pour trois nuits. Un petit appartement super mignon, sous combles, au dernier étage d’un immeuble bourgeois11. L’appartement est en U et a été conçu avec beaucoup de style et d’intelligence.

D’autant qu’il s’agit réellement d’un airBnB ; les gens doivent y vivre12, car on sent leur présence à travers l’ameublement, la déco et les accessoires.

D’ailleurs, en parlant de déco, les murs étaient ornés de peintures dont la grande majorité sont l’œuvre du propriétaire. Et je dois dire que ça nous a énormément plu.

Néanmoins, pas l’temps d’niaiser encore. Je fais deux aller-retours à la voiture, chargé comme un bulot pour tout remonter, avant de pouvoir prendre une salvatrice douche13 et de ressortir pour notre première exploration triestoise.

Les propriétaires ont laissé tout un classeur dans lequel ils recommandent plein d’adresses pour différentes choses. On a photographié la page des restaurants, et on s’est mis en tête d’aller voir celui qui ne se situe pas trop loin.

Padbol, il était fermé14. On hésite, puis on se rend à Eataly15, sur les quais, mais on n’est pas convaincu. Du coup, on ressort déambuler.

Finalement, on va au plus simple : une pizzeria toute bête, quasiment en face du gros cube d’Eataly. On s’installe donc en terrasse de la « Pizzeria Mancini Vicin16 » où nous commandons… des pizzes !

  • Pour Helene, une pizza aux anchois, qu’elle a trouvée divine
  • Pour moi, une pizza nduja17, qui tire son nom d’une saucisse calabraise un poil piquante.

Helene se commande un verre de vin blanc sec18, et moi, je demande une pinte de… Ichnusa19, une bière plutôt sympa et au design rigolo ; la forme de la bouteille fait très ancienne, et l’étiquette — typée vintage aussi — est ornée de la tête de maure corse20.

Tellement agréable que j’en ai commandé une deuxième. Parce que bon, on est arrivés, on est fatigués, on a bien mangé !

On s’offre ensuite une petite balade le long des quais jusqu’à atteindre la magnifique piazza Unità d’Italia21.

La piazza Unità en forme de PhotoshèreLa piazza Unità en forme de Photoshère

La même, mais avec un objectif normalLa même, mais avec un objectif normal

La façade de la Sala Comunale d’Arte, qui est une salle d’expositionsLa façade de la Sala Comunale d’Arte, qui est une salle d’expositions

Après avoir déambulé un peu au hasard, on s’arrête au comptoir d’une gelateria, pour ce qui est sans doute la glace la plus quelconque du séjour.

On va s’asseoir sur la jetée, face à la mer, pour déguster un granité amande citron pour Helene, et un sorbet citron et agrumes / gingembre pour moi. Deux coupelles pas top au niveau du goût, trop sucrées, mais au moins c’est rafraîchissant.

Et puis on se dit qu’il est temps d’essayer la literie de l’appartement et de voir si on arrive à s’offrir une grasse matinée…


Jour 1Jour 3



  1. Les fameux croissants fourrés à plein de choses différentes pourvu qu’elles soient sucrées.↩︎

  2. ///dégivrer.animatrice.défiler↩︎

  3. 400kms, un peu plus de 4 heures, donc…↩︎

  4. ///habillant.sarment.moteur↩︎

  5. À l’aide de deux boissons payées trop cher et parfaitement immondes, mais qui eurent le bénéfice d’être fraîches et vaguement désaltérantes.↩︎

  6. Et qui donc n’est pas simplement fermé par un opercule en carton, mais carrément par un gobelet en plastique transparent.↩︎

  7. Désolé, j’en ai pas, je conduisais…↩︎

  8. Mais rien de comparable à ce qui nous arrivera à Bled, en Slovénie.↩︎

  9. ///crèche.évasant.daim↩︎

  10. Minus bien manœuvrer pour ne rien laisser dépasser ni trop serrer la voiture de derrière.↩︎

  11. ///astuce.imitable.diplômer↩︎

  12. Sans doute pas à l’année.↩︎

  13. Ce fut le seul réel point noir de cet appartement. Le chauffe-eau est minuscule, et l’eau chaude était longue à venir, et ne restait chaude qu’assez aléatoirement.↩︎

  14. Mais, genre, pas comme un lundi. Ça faisait un peu définitif.↩︎

  15. Une chaine d’épiceries, bars, restaurants et écoles de cuisine regroupés en un lieu unique. La formule s’exporte à l’international ; il y en a un dans le marais à Paris.↩︎

  16. ///plissage.lingerie.dédiant↩︎

  17. Toujours pas saisi comment ça se dit.↩︎

  18. Une constante de ces vacances.↩︎

  19. Entre le nom de la bière et celui de la saucisse de Calabre, je suis servi question prononciation.↩︎

  20. J’ai appris par la suite – et vous également, si vous avez cliqué sur le lien du nom de la bière, qu’elle est de Sardaigne.↩︎

  21. ///déclarant.épurant.saison↩︎

Dans les épisodes précédents… Trieste-Slovénie - Jour 1 Trieste-Slovénie - Jour 3
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