J’ai déjà chroniqué le journal de création du premier Prince of Persia dans ce billet. Ça a été et ça reste un régal.
Publié récemment Jordan Mechner a réalisé Replay, une bande dessinée1 à travers laquelle il raconte une petite partie de sa propre histoire, mais surtout celle de sa famille éparpillée dans le temps et dans le monde.
À l’aide d’un astucieux jeu de couleurs2 et d’encadrement, l’auteur nous invite à un voyage dans le temps de trois générations ; l’histoire de Jordan au travers de son parcours professionnel intimement lié à son Prince of Persia (sans oublier l’incroyable The Last Express), de ses enfants, de son installation en France, mais surtout de son devoir de mémoire qu’il s’est donné de numériser, et faire perdurer les mémoires de son grand-père.
C’est justement ce qui nous permet, grâce à l’astucieuse grammaire qu’il utilise, de suivre les périples croisés de son père et de son grand-père, à travers les malstroms que furent les deux grandes guerres.
L’histoire… pardon, les histoires sont incroyables, touchantes, épiques, rocambolesques, tristes et heureuses. Même si c’est une tranche de vie, un témoignage non fictionnel, il est impossible de ne pas partager les tensions, les craintes, les joies et les doutes de toute la famille Mechner et de tous ceux, de près ou de loin, qui les ont côtoyés dans les moments les plus dures comme les plus tendres.
Il est très difficile, en refermant ces quelque 320 pages d’histoires, les petites dans la grande, de ne pas avoir envie de partager un moment de paix, un verre à lever devant un coucher de soleil méditerranéen à la santé de l’auteur et des siens.
Je dois le confesser, je n’ai rien pu faire contre, mais j’ai vraiment eu les larmes au bord des yeux lors des dernières pages.
À noter une chose étonnante3 : si vous avez lu le journal de création de Prince of Persia, ou que vous connaissez la requête de dernier moment de Tomi, à la toute fin de Replay, la découverte du contenu de la fameuse page 305-A
m’a fixé un sourire naïf qui ne m’a toujours pas quitté alors que j’écris ces lignes.
Encore une fois, merci monsieur Mechner.
Replay, Mémoire d’une famille de Jordan Mechner, éditions Delcourt, collection Shampooing (ISBN 978-2-413-04086-6)
Si ça n’est pas enfin passé de mode, les milieux autorisés parleraient de roman graphique. Moi, j’ai été élevé à la bédé franco-belge bon teint des années 80 et 90, donc quand je vois une bande dessinée, j’appelle ça une bande dessinée.↩︎
Qui ne servent que de tonalités, le dessin utilisant surtout des noirs et blancs et des ombrages.↩︎
Je ne vais rien divulgâcher, z’inquiétez pas.↩︎