Le vent a fait plus que se lever. Il s’est dressé de toute sa hauteur. En face de la maison, les rochers de l’anse sont frappés d’écume blanche qui parvient parfois à passer au-dessus de la crête qui doit pourtant bien être à une dizaine de mètres par dessus de la surface.
On a donc fait des plans sur les cartes1 pour tenter de trouver un bout de plage pas trop venteux. Comme on a vu sur Windy que l’île était balayée du nord au sud, et comme on est super-doué en mécanique des fluides météorologiques, on s’est dit qu’une plage orientée plein sud et fermée par des promontoires de chaque côté ça allait le faire.
Donc, notre premier choix s’est porté sur la petite plage de Agios Stefanos.
Comme on est super-doué en mécanique des fluides météorologiques, on n’avait vachement pas prévu que le vent traversant l’île et jouant avec les reliefs pouvait très bien se retrouver à balayer une zone comme la plage d’agios Stefanos.
Sur place, on a constaté que c’était :
On a déambulé un moment le long de la plage, une partie de l’équipe trouvant que non, c’était cool, en cherchant bien on trouvera un bout de coin protégé du vent, et l’autre qui se demandait pourquoi insister, c’est pas les plages qui manquent sur cette île, alors allons voir ailleurs.
L’équipe s’est alors scindée en deux. L’une restant sur place parce que le vent n’était pas si dingue que ça, et l’autre venait de découvrir une petite taverna tout à l’autre bout. Quitte à camper ici, autant être bien assis et –peut-être– à l’abri du vent.
Le patron nous a accueillis à la grecque, c’est-à-dire très chaleureusement, en nous annonçant qu’il venait d’ouvrir, donc la cuisine n’était pas en service et la machine à expresso n’était pas non plus démarrée. Donc on pouvait ne prendre que des boissons froides.
Quand on a demandé des frappés, il a posé la question traditionnelle ; comment on les voulait sucrés ? Puis, lorsque tout le monde a donné sa dose de sucre, il a posé une autre question qui –sur le coup– nous a déstabilisés :
Les frappés, chauds ou froids ?
On est restés un peu interloqués, mais on a répondu « froids », bien entendu. On s’est regardé en se disant que… bon… depuis le temps qu’on vient en Grèce, c’est bien la première fois qu’on entend parler de frappés chauds. Après, techniquement, rien ne l’interdit. Mais dans ce cas, ça s’appelle un fichu café instantané, quoi !
Finalement, on s’est dit que le patron s’était gentiment moqué de nous. On en a eu la confirmation lorsque le dernier membre du gang nous a rejoints et a voulu passer commande d’un freddo cappuccino.
Le patron lui a prit l’épaule et, droit dans les yeux, lui a dit :
— Tu veux un freddo cappuccino ?
— Oui…
— Hé ben moi aussi ! Alors tu vas à Naples, et tu nous en ramènes un chacun, d’accord ? Ici, on est en Grèce, alors je fais des frappés. Tu veux un frappé ?
— Heu… Oui.
— Alors c’est parfait !
Ça m’a manqué, l’humour grec.
Bon. Finalement, après avoir éclusé nos frappés grecs pas napolitains et froids, on s’est quand même repliés vers une autre plage qu’on pensait elle aussi abritée du vent ; Naoussa.
Question vent, c’était déjà beaucoup mieux. Pas de taverna ni de restaurant, un peu de monde, mais vraiment pas beaucoup, et toujours cette mer d’une couleur qui fait comprendre pourquoi les Grecs l’ont mise sur leur drapeau.
On s’y est donc copieusement baignés. On y a picniqué, on y a siesté. Bref, vous connaissez le principe maintenant.
À gauche de la plage, sur un petit promontoire rocheux, il y a une petite chapelle. On s’est mis en tête d’aller voir de près à quoi ça ressemblait.
La chapelle est bâtie sur un bout de rocher façon péninsule. Là, à mesure qu’on s’est approchés, on s’est sorti de la zone protégée, et plus nous avancions plus nous étions battus par le vent.
Au point même que ça devenait difficile de garder lunettes et casquettes sur la tête. On a tout de même atteint le bâtiment sans embûches.
Bon, la chapelle elle-même n’avait rien de très intéressant, d’autant qu’elle était fermée. On est resté un moment, à mitrailler de photos et admirer la vue, et on est revenus.
Et puis… comme une antique malédiction, le vent nous a retrouvés.
Du coup, comme il s’agit quand même de notre dernière journée sur l’île, on s’est dit banco ! on se fait une troisième plage. Alors, en route vers Kaló Livádi !
Ce fut donc, officiellement, notre dernier bain en Grèce. Bouh…
La petite plage est toute mignonne, il n’y avait quasiment personne et la mer était calme2.
Petite curiosité ; un camion type gros fourgon de déménagement était garé entre le parking et la plage. En le contournant, on s’est aperçu qu’il s’agissait d’un camion de transport reconverti en camping-car3. Pas très intime, un peu délicat à garer, mais vachement confortable.
Bref, après le bain on est allé se prendre une petite boisson gazeuse4, et puis on s’est laissé tenter. On s’est dit que c’était le moment de céder à la tradition. On s’est pris une glace Mega.
Les cônes glacés5 Mega ou 4x4 sont un truc qu’on n’a vu qu’en Grèce. En gros, ce sont des cônes glacés ordinaires, auxquels on rajoute une moitié supplémentaire en glace par-dessus. La glace est enfermée dans son papier roulé traditionnel, mais agrémenté d’un gobelet en plastique qui renferme le surplus de glace.
C’est dont 1,5× plus indécent qu’une glace ordinaire. Et, bien entendu, on ne les trouve pas chez nous.
Bref, une fois dans l’année, c’est super bon.
Et ce fut l’heure de rentrer à la maison et de commencer à préparer les valises pour le lendemain, départ de Kythnos.
Le soir, on a hésité sur l’endroit où aller manger. On avait repéré un tout petit restaurant à la sortie de Loutra, mais on ne s’était jamais vraiment donné l’occasion d’y aller. C’était le dernier soir, alors on a tenté.
Le Koútsikos6 ressemble à une taverna typique, et ça aurait pu être très bien. Malheureusement, on a découvert –un peu tard– qu’il marchait surtout le midi.
Après nous avoir fourni la classique bouteille d’eau fraiche et les menus, la serveuse nous a laissé un moment pour faire notre choix. Personnellement, je rêvais depuis quelques jours de manger une loukaniko, une saucisse de viande locale.
Quand tout le monde a eu fait son choix, la serveuse est revenue prendre les commandes. À peine avions-nous commencé à énumérer nos plats qu’elle nous a arrêtés pour nous expliquer qu’en fait, les trois quarts de la carte n’étaient pas disponibles ; ils avaient épuisé les stocks.
Pour avoir la carte complète, faut venir le midi. Et nous, on a maugréé que pour pas laisser du client en rade, fallait peut-être le dire avant qu’il fasse son choix sur le menu, non ?
Tout le monde a donc choisi par défaut, ce qui s’est globalement soldé par du poulet en brochettes et des frites. Tous le monde, sauf moi, parce qu’il y avait encore de la loukaniko. Avec des frites. C’est important, les frites.
Bref, ça n’a pas été notre meilleur repas du séjour. Possiblement pas le pire, mais très loin d’être le meilleur7.
Donc, on ne va pas épiloguer sur la question. On est rentrés un peu frustrés.
Et demain… on lève le camp !
Ou l’inverse.↩︎
Le vent ne nous avait pas encore retrouvés, mwhouhahaha !↩︎
Honnêtement, on a d’abord pris ça comme une vitrine démo de déco d’intérieur, tout en se demandant WTF ça pouvait ficher là, sur une toute petite plage perdue d’une toute petite île des Cyclades.↩︎
Une Fix pour moi, de l’eau pétillante, et des freddo pour les autres.↩︎
Ce sont les deux noms sous lesquelles ont les connait, mais on a vu d’autres marques, comme Cornetto par exemple.↩︎
Littéralement, le Mignon.↩︎
Surtout en passant après l’excellentissime Yaya Koùkou.↩︎