C’était stratégique, et consciencieusement planifié la veille.
Ce matin, le réveil a sonné ! Parce qu’il fallait se lever tôt.
Voyez-vous, lorsque nous avons loué la Suzukakia, l’agence nous a donné une carte1 des villages principaux, des plages et surtout des routes. Et, nous expliquâmes-on, le réseau se découpe en deux parties : les routes rouges, on a le droit de rouler avec notre voiture à pédales, les rouges, non. Strictement verboten !
Or, nous avions dès le début du séjour repéré une plage du nom de Kolona. Plus qu’une plage, c’est une langue de sable reliant l’île à un isthme appelé Vriókastro où ne se trouve qu’une petite église. Le coin semble paradisiaque, mais se situe au bout d’une route de 2km qui se trouve être blanche sur la carte. D’ailleurs, en bon habitué, le loueur nous l’avait bien souligné : NON !
Il y a pourtant une alternative ; de Mérikas, le port, une navette bateau fait la liaison toutes les heures avec Kolona.
Sauf que… hier, avant de se boire le petit verre tranquille sur le port, nous avions croisé l’un des gérants de la liaison qui nous a expliqué qu’à cause des conditions météo2, ils n’avaient pas le droit de faire le trajet.
Il ne nous restait plus qu’y aller à papattes. Certains semblaient armés d’un enthousiasme en acier blindé et plaidaient leur cause à coup de « Nan, mais 2 kilomètres, c’est rien ! ». Sauf que ce sont 2 km de routes d’une île grecque. Autant on peut se les faire facile, autant ça peut tourner à du Koh-Lanta. Sous un orage. Pendant une éruption volcanique. Avec des pièges. Et des serpents. Et des aliens…
Bref, on a quand même préparé la ballade, et l’objectif était de se retrouver à l’entrée de la fameuse route blanche interdite à 8 heures.
J’avoue, j’y croyais pas. Mais on a réussi.
Ça n’était pas le Koh-Lanta de l’enfer, mais ça n’était pas la promenade des Anglais3 non plus. 2 kilomètres qui montent, qui descendent, qui remontent puis qui redescendent sous un soleil déjà costaud, c’est… costaud.
Mais, ça valait le coup ! La langue de sable qui coupe la mer en deux, les quelques tamaris et la mer transparente sur des kilomètres font beaucoup penser à une plage tropicale version méditerranée4.
On a donc –très classiquement maintenant– barboté tout notre saoul et profité du calme de la plage déserte à cette heure.
Et puis, on a avisé que l’hôtel-restaurant-bar de plage-sunbeds, astucieusement appelé le Kolona, ouvrait doucement. Ça coïncidait avec l’arrivée des premiers plageurs5. On s’est donc dit qu’entre le bain et la rando de retour, on pouvait s’offrir un petit truc à boire.
On s’est pris des freddo cappuccino que le barista a exécutés juste devant moi, me dévoilant ainsi le secret de fabrication qui ne se transmet pourtant, selon la légende qu’entre barista-sensei et barista-senpai dans le secret d’un temple baristaolin au sommet d’une montagne éternellement enneigée et pourtant couverte de cerisiers en fleurs.
Mais, je m’égare.
Donc, la réalisation du freddo cappuccino n’a rien de sorcier à condition d’avoir un bon blender à frappé. Et j’ai ça à la maison. Donc, à partir de cet instant où mes lèvres ont touché la paille en carton écologique, mais dégueulasse, et que j’ai aspiré le nectar sucré et cafénié, une idée s’est ancrée fermement dans ma tête :
À la maison, je ferai un freddo cappuccino , na !
Sur ce, une fois fini d’écluser nos boissons froides, on s’est décidé à faire le chemin de retour, quoi qu’il en coûte.
On est rentrés à la maison, avec un crochet par le supermarket où on en a profité pour faire 2-3 courses, de l’avitaillement immédiat, mais aussi et surtout, deux bouteilles d’ouzo pour la maison, la vraie.
On a donc pris une bouteille de Barbayanni Bleu, un excellent ouzo de Mytilène, seulement surpassé par son cousin, le Barbayanni Afroditi. On a aussi pris une bouteille de la découverte de l’année ; le Babatzim, un ouzo pourtant distillé à Thessaloniki, mais dont on n’avait encore jamais entendu parler…
Puis on a déjeuné de salades maison, dont une choriatiki6, puis sieste, parce que bon, on a eu une rude matinée, hein !…
Nous nous sommes décidés pour le programme du reste de la journée ; ballade à Chora, histoire de (re)voir le village de jour, sans la cohue, puis pourquoi pas dîner là-bas.
En descendant vers Loutra même, on a décidé de faire un crochet pour aller voir la plaque qui semble si tranquille et abritée et qu’on voit bien de la terrasse de la maison, juste en face. On va l’appeler la plage de saint Irène, étant donné que sur GouglMap, le seul point d’intérêt de l’endroit c’est l’église d’Agia Eirini.
De loin ça semblait sympa. De près c’est plutôt décevant. La plage est toute petite, pas très belle, et le reste du bord de mer est partagé par les terrasses de deux restaurants. On s’est garé, on a fait dix mètres le long du bord, et on est repartis.
En repassant à Loutra, on a vu que la source thermale avait été débouchée. Du grand bâtiment des thermes, un canal7 conduit une partie de l’eau de source à la mer. Dans les derniers premiers mètres, des gens en maillot de bain sont allongés dedans, profitant des bienfaits de l’eau merveilleuse8. On hésite un instant, mais en fait, non. On n’a pas envie de gratter nos postérieurs dans un caniveau.
Donc, Chora.
Je ne me lasse pas des ruelles étroites, biscornues, improbables et mystérieuses qui constituent les villages de ces îles. C’est à la fois un véritable cliché, mais également d’une indubitable authenticité. On sait que ça n’a pas été fait pour faire joli ni contenter le touriste de passage. On sent que c’est vivant, occupé, que des gens vivent là et prennent soin de l’aspect des choses.
Le choix du restaurant s’est fait un peu par accident, à l’issue de la ballade dans les ruelles. Puisque nous étions déjà en quête d’un apéro, ce qu’on a pris tout d’abord pour une terrasse de taverna s’est avéré un restaurant. Ce qui a attiré l’œil9, c’est que la moitié du mobilier de la terrasse est constitué de vieilles tables bien solides et de canapés et de fauteuils anciens10, le tout sous une théorie de lustres cascadant de verroterie. Bref, un kitch appuyé, mais assumé.
Nous avons remonté la rue principale, déjà noire de touristes pour nous apéroter à une terrasse. Un ouzo, des saletés salées apéritives, une discussion sympa et drôle. Et puis c’est l’heure d’avoir faim, alors on retourne à notre restaurant rococo.
Celui-ci s’appelle Yaya Koukoú, soit, littéralement, Grand-Mère Coucou.
Quand on s’est attablés et qu’on nous a apporté les cartes, on a manqué un battement de cœur.
C’est pas que c’était pas donné. C’était cher. Vraiment. Pour un restaurant grec, on est loin de la moyenne. Même pour un restaurant aixois11.
Et puis, on s’est dit, tant pis. On le tente quand même.
Alors, oui, on en a eu pour un petit sou. Mais on en a eu pour notre argent.
Je n’aime généralement pas quand on revisite un plat ou une cuisine. C’est souvent m’as-tu-vu, prétentieux et rarement intéressant. Ce n’est que mon avis, mais c’est mon blog alors na.
Mais, là, pour le coup, c’était excellent. Tous le monde a adoré ce qu’il a commandé. Pour ma part c’était un ragoût de poulet avec des macaronis. Dit comme ça, ça peut sembler inintéressant, mais c’était savoureux, copieux et vraiment délicieux.
Mais, ce qui nous a vraiment marqués, c’est l’entrée qu’on avait (tous) choisie ; un kataifi salé.
Si vous ne connaissez pas, le kataifi est une pâtisserie orientale qui est constituée d’un fourrage de bris de noix et de pistache enroulé dans un écheveau de cheveux d’ange, et copieusement arrosée de miel. C’est gras, sucré, terriblement bon.
Ici, le chef de Yaya Koukoú a décidé de reprendre la recette originale, mais en remplaçant la noix et la pistache par un une sorte de crème de feta cuisinée, et servie avec une sauce au miel et à l’abricot.
En deux mots : une TCHUE RIE !
Oui, c’est la note la plus lourde qu’on ait dépensée, mais c’est également l’une de celles qu’on a le plus apprécié.
Merci, Yaya Koukoù !
Et… à demain…
Qui fait sans doute partie des cartes les plus pauvres de l’univers connu.↩︎
Le vent, toussa, t’as vu…↩︎
Pourquoi cet exemple ? J’en sais rien…↩︎
Ça n’a aucun sens, je le reconnais.↩︎
Oui, parce que plagiste, c’est le mec qui loue les parasols et les sunbeds. Alors moi j’invente le plageur.↩︎
Littéralement la salade du village, c’est la traditionnelle salade grecque.↩︎
Qui fait quand même plus penser à un caniveau ou un égoût à ciel ouvert, même s’il a été récuré à fond et sans doute très propre.↩︎
Elle soigne les problèmes de peau, de digestion, de… ben elle soigne tout, quoi. Un peu comme l’ouzo, à la différence que je sais que, pour l’ouzo, c’est vrai !↩︎
Et là, encore une fois, désolé de ne pas avoir le réflexe instagrammatique de prendre des photos pertinentes…↩︎
Mais tout propres et –sans êtres neufs– loin d’être usagés.↩︎
Qui est –pour moi– une référence géographique, mais pas fondamentalement une bonne référence. Dur de trouver un bon rapport qualité/prix sur Aix, quand même.↩︎