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Un dernier billet avant la fin du monde

Ça fait plus d’un mois que je n’ai rien écrit dans ce blog. Et le dernier billet en date était pour raconter que je n’avais plus le temps d’écrire.

Ça n’a pas beaucoup changé.

La dernière journée de cours de cette année a eu lieu ce vendredi 22 décembre. Une journée complète qui clôt une semaine bien chargée, assez représentative de mon planning actuel.

J’ai tout de même trouvé le temps de continuer à expérimenter la fabrication de savon. Après avoir galéré sur plusieurs expériences frankensteiniennes en suivant les indications du petit livret (et des tutos en ligne) d’Aroma Zone, j’ai découvert l’existence de deux livres, écrits par Susan Miller Cavitch, disponibles uniquement en anglais, et qui sont considérés comme la bible1 du savonnier amateur.

Une fois reçus et bûchés, j’ai vite réalisé que toute la méthodologie Aroma Zone était complètement foireuse, très mal expliquée et inutilement compliquée sur certaines étapes.

En gros, ils ont presque tout faux.

J’ai donc fait une fournée2 d’un prototype. Une recette déjà réalisée (60% d’huile de coco, 40% d’huile de sésame), sans coloration, juste parfumée d’un mélange d’huile essentielle de bergamote et d’un parfum vanillé.

L’une des différences essentielles tient à la manière de mélanger. Là où Aroma Zone demande de mélanger mollement à la main et peu de temps, les conseils de miss Susan sont d’utiliser un plongeur électrique, et d’insister un bon moment3.

C’est là qu’enfin j’ai découvert la trace. En fait, ce que le livret d’Aroma Zone n’explique jamais (même s’il mentionne la trace plusieurs fois), c’est qu’un mélange de savon se comporte presque exactement comme une sauce béchamel. Il faut touiller jusqu’à ce que la pâte devienne visqueuse au point que lorsqu’on sort le plongeur du mélange, la viscosité soit telle que ce qui retombe du plongeur laisse une trace à la surface.

C’est con, mais quand on sait pas expliquer les choses, on écrit pas des bouquins, moi j’dis.

Bref, cette fournée qui a donné seulement quatre petits pains d’un savon, joliment parfumé et coloré de manière étrangement rosé, s’est avérée géniale.

Les savons sont durs et le sont restés4, ils produisent une mousse dense et agréable, et lavent bien. Parfait.

Du coup, dimanche dernier, j’ai lancé la première fournée « massive » ; sur la même recette, j’ai moulé un kilo de savon.

Le pain de 1 kg de savonLe pain de 1 kg de savon

C’est la première fois que je travaillais avec une telle quantité de produits. Je me suis planté sur plusieurs choses :

  • J’ai acheté beaucoup trop de corps gras. J’ai de l’huile de coco et de sésame à ne plus savoir qu’en faire5
  • Je me suis ruiné en flacons d’huile essentielle de bergamote6
  • …pour me rendre compte après coup que les 5 flacons contenant chacun quelques grammes ne représentaient même pas la moitié de la dose prévue
  • Et, je ne sais toujours pas doser la couleur

Néanmoins, dans l’ensemble, la recette s’est bien passée, mis à part le mixage pour obtenir la fameuse trace, qui, vu la quantité de liquide, a été longue à obtenir. Au point que j’ai amené mon plongeur7 proche de son point de rupture. Il a fallu faire plusieurs petites pauses pour le laisser un peu refroidir, je peinais à le garder en main tellement il chauffait. Après coup, je l’ai laissé toute une nuit dans la véranda pour évacuer l’odeur de plastique chaud qui s’en dégageait.

Figurez-vous qu’il marche encore8.

Bref. La recette s’est bien terminée, le savon semble avoir une belle consistance.

48 heures plus tard9, je l’ai démoulé et tranché. C’est là que j’ai compris pourquoi tous les savonniers amateurs10 utilisent un fil à couper le beurre. La pâte du savon, solidifiée, mais loin d’être sèche, colle abominablement à la lame du couteau.

Pour finir sur le sujet, rendez-vous dans un mois (le 16 janvier11) pour tester pour de vrai le comportement d’une tranche sous l’eau (et peut-être un petit test de pH12).

En attendant. T’as lavé tes mains avant de passer à table ?


Addentum :

Ce matin j’ai fait un autre savon. Un 100% beurre de karité. Ça risque d’être étrange, rien ne s’est passé comme prévu.

  • Je pensais avoir 300g de beurre de karité. Je n’en ai eu que 285. Il a fallu refaire tous les calculs.
  • La plonge a quasiment été inutile. À peine avais-je appuyé sur le bouton du plongeur que le mélange s’est mayonnaisé en un instant, et la trace était immédiate.
  • J’avais une recette précise de parfum (60% de HE de Lentisque, 30% de HE de cèdre et 10% de HE de cannelle), mais, encore une fois, le flacon de lentisque y est passé sans que j’atteigne le poids visé13
  • J’ai décidé de faire deux couleurs ; un blanc pailleté et un rouge vif14. Autant le pailleté s’est très vite mélangé, autant le rouge… jamais

Bref, il s’agit peut-être là de mon plus gros fail. Encore une fois, rendez-vous aux alentours du 25 janvier pour découvrir l’ampleur des dégâts…

Le 100% karité en cureLe 100% karité en cure

Les petits grains sombres à la surface, sur la photo, sont les pigments rouges non dissous…



  1. En deux tomes, du coup.↩︎

  2. Les sachants appellent ça un batch. Je sache, mais j’aime pas. Moi, je fais des fournées. Na.↩︎

  3. Dans un blog, j’ai lu que suivant la recette et la quantité, on pouvait parfois compter plus d’une heure de mélange.↩︎

  4. Les précédents présentaient une surface ferme, mais l’intérieur restait mou et devenait fondant.↩︎

  5. Si. Des savons.↩︎

  6. J’en ai acheté 4, il m’en restait un de la dernière fournée.↩︎

  7. Une petite crotte chinoise achetée dans les 10-15€ à Monoprix (mais quand même).↩︎

  8. Pour le moment…↩︎

  9.  Plutôt 72 heures, car après 48 heures j’étais en cours.↩︎

  10. Les pros artisanaux aussi, sans doute.↩︎

  11.  Plutôt le 18 janvier, étant donné que je n’ai que ce jeudi matin de libre dans la semaine.↩︎

  12. Pour ce que ça vaut…↩︎

  13. Les huiles essentielles sont ultralégères.↩︎

  14. Les couleurs de Noël en retard ! :)↩︎

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