Constat d’abandon

Abandon – Archives personnelles

Ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit ici. Seuls les mois du #Writever en cours ploppent¹ actuellement. Et ce premier billet solitaire² après une longue traversée du désert a pour sujet un truc pas drôle.

Pas spécialement triste, non plus, mais quand même.

J’arrête la production de podcasts. Voilà.

Premier coup d’arrêt : Les Archives de l’Insondable

Avec les compères Olivier et Dimitri, nous avons fièrement tenu quatre saisons des Archives. Si la première se cherchait dans sa forme et dans son fond, les trois suivantes se sont installées au point de nous pousser à explorer un univers plus grand, quitte à nous éparpiller.

On a tenté les goodies à coup de t-shirts et de casquettes³. Il y a également eu des prototypes de tampons encreurs. Olivier et moi nous nous sommes lancé chacun de notre côté sur un développement de jeu ; lui sur RPG Maker, et moi sur AGS. Bien entendu, nous ne sommes pas allés plus loin que du prototype à peine jouable. Il y a eu (et il y a toujours) un projet de roman à quatre mains avec Olivier⁴, et j’ai également sous le coude une version préliminaire d’un court roman qu’il faut que je parvienne à passer en V2 avant de le faire beta-lire.

La couverture prototype de la novella

Bref, que nous manquait-il ? Une bande dessinée ? Une série animée ? Un album de chansons ? Une cryptomonnaie accolée à des NFT d’avatar basse définition des personnages de la série ?…

Nous avons conclu la saison 4, vidés et sans plus trop de feu pour la suite. Et puis, un de nos auditeurs fans nous a avoué qu’il avait trouvé la saison 4 un peu trop facile et redondante avec ce que nous avions fait précédemment.

J’avais eu l’impression de courir un marathon pour produire cette série. Sans aucun retour. Financièrement, nous en étions chaque fois de notre poche, que ce soit pour du matériel ou du logiciel⁵. Nous avons également à notre charge la location du nom de domaine et l’hébergement du site. Bien sûr ça ne représente pas grand-chose, mais c’est un pas-grand-chose qui nous coûte pour rien.

Sans aucun retour d’audience non plus. Oh, nous savions que nous étions bien écoutés, nous avons les statistiques de Podcastics, notre hébergeur-diffuseur. Et ils ne sont pas à rougir du tout. Néanmoins, nous n’avions que très très peu d’interactions avec notre public.

Le pire ayant été le live d’un peu plus d’une heure que nous avions organisé sur Twitch pour le lancement de la saison 4. Malgré une campagne d’annonces organisée un mois en amont, nous nous sommes retrouvés à 10 spectateurs, et… vraiment… absolument personne n’a posé la moindre question ni le moindre commentaire dans le chat.

Bien entendu, je sais que c’est un comportement globalement normal. Nous ne sommes pas des stars, et je sais que ce que nous faisions plaisait à un petit groupe de gens qui attendaient nos épisodes avec impatience. Mais, lorsque vous ne vivez pas d’un travail et que vous n’avez pas non plus de reconnaissance pour ce que vous faites, que reste-t-il comme carburant pour avancer ?

Nos réservoirs sont tombés à sec. Nous avons décidé de nous arrêter là. Tant pis.

Deuxième coup d’arrêt : La Société des Vieilles Têtes à Longs Chapeaux

Abandonner les Archives a été à la fois un déchirement et un soulagement. Et je pensais que j’allais pouvoir me concentrer sur les productions de la SVTLC. D’autant qu’avec la quasi-intégration dans l’équipe de Thierry Jullien, nous étions également dans un cheminement d’expansion.

Il fallait monétiser, il fallait marketingiser, et nous étions sur une dynamique d’expansion à l’image des Archives, bien que sur une amplitude moindre. Pas de goodies, pas vraiment de nouveaux univers à explorer ni à étendre⁶. Juste un trio de novellas au format feuilleton qui était prévu… pour une publication en avril 2023.

Et puis ?… Et puis mes heures de cours ont drastiquement augmenté au point d’approcher un temps plein. Cela représente beaucoup d’heures de présence en cours, mais, pour les sachants⁷, ça inclue une masse très considérable de préparations de cours (d’autant que j’inaugure carrément une filière), de création de sujets d’examens et de partiels, de préparations de journées portes ouvertes, de corrections, de remplissages de bulletins, de réunions, etc.

Bref, mon emploi du temps est passé du semi-farniente⁸ à une course contre la montre quotidienne avec anomalie temporelle incontrôlable en forme de gouffre. Ou, comme j’ai eu tendance à trop répéter au début :

Y’a ma semaine et mon weekend qui font la course pour arriver le premier, et je pense que c’est toujours moi qui perds…

Nous avons dû en arriver à un accord en forme d’arrache-cœur ; on pousse à la roue pour cette saison et, faute de repreneur sur l’aspect technique, on ferme boutique.

À l’heure où j’écris ces lignes, il reste deux épisodes à monter. Je suis parvenu à tenir mes délais au prix de pas mal de stress et en voyant se transformer le plaisir originel de travailler sur ce projet en une contrainte, une corvée totalement dénuée de motivation.

Quelques personnes m’ont confié leur regret d’apprendre la fin de la saga audio des Vieilles Têtes. Mais, proportionnellement aux Archives, ça ne représente rien du tout. Alors, c’est triste et cruel, mais la conclusion pour moi est sans appel : à quoi bon ?

Parenthèse : les Hebdocubes

Ça n’est pas du podcast. Ça aurait pu ; je l’ai un moment envisagé. Les Hebdocubes, le petit jeu d’écriture que je proposais sur les réseaux de microblogging que sont Mastodon et Twitt’X, s’est également achevé. Pour exactement les mêmes raisons que les deux autres projets cités juste au-dessus, bien que ce ne soit pas dans les mêmes proportions.

Fort heureusement, le très chouette Mathieu Doublet m’a demandé si j’acceptais de lui céder le fond de boutique, ce que j’ai fait avec plaisir. J’attends avec impatience la relance pour ne devenir que participant, avec la petite pointe de satisfaction de savoir que ce projet continue d’exister.

Troisième coup d’arrêt à venir ?

Le dernier pré carré qui me reste en production audio, c’est le Festival de l’Imaginaire Geek Family & Autres Mondes⁹. Pour la quatrième année, je réalise pour eux une série de podcasts animés¹⁰. Les années précédentes, il y avait d’autres demandes ; un podcast de fictions écrites¹¹ sur le thème du festival, et bien encore avant, il y avait même des interviews d’auteurs réalisés sur place.

Cette année, nous réalisons uniquement ce que nous appelons les pastilles informatives ; des formats courts¹² étalés sur six épisodes qui communiquent, au travers de petites fictions absurdes, tout le programme de l’édition à venir.

Là, le problème n’est pas d’ordre personnel, technique ou moral, mais bêtement politique. Les réorganisations et autres luttes de budgets remettent d’une année sur l’autre en balance la pérennité du festival. Chaque année, on se demande s’il y aura une nouvelle édition. Et plus le temps avance, plus cette question se pose avec sérieux et angoisse.

Cette année, en plus de réaliser ce programme, je suis aussi invité en tant qu’auteur. Mais, ça, c’est une autre histoire sur laquelle je reviendrai… bientôt !

En conclusion

Parce qu’il faut bien un jour terminer un billet. En conclusion, cette année aura été étrangement violente. J’ai espéré, réclamé plus d’heures de formation, que j’ai fini par obtenir¹³, et alors que ça aurait dû m’alléger l’esprit¹⁴, ça a eu pour conséquences de me générer de nouveaux territoires d’angoisses quand j’ai compris que je n’avais ni l’énergie ni le temps de conserver certains « passes-temps ».

Je m’en sors, finalement, mais avec l’amertume d’avoir laissé derrière moi des choses qu’on aurait pu porter loin et bien.

La question qui reste est : vais-je garder mon matériel audio, ou vais-je continuer à m’alléger l’esprit et l’espace en revendant mon Zoom, mon micro, et tant qu’à faire ma basse et mon ampli¹⁵ ?