Même si j’ai maintenant un petit souci pour aller au cinéma voir de la production grand public1 (faudra peut-être que je me décide à raconter pourquoi, mais je ne suis pas complètement sûr de comprendre vraiment pourquoi), je continue à regarder beaucoup de choses.
Plus de séries que de films, mais quand même.
J’ai vu des choses fantastiques, des choses que j’ai vraiment appréciées, voire adorées.
Des choses regardables-mais-sans-plus comme l’adaptation en série de la bande dessinée Tranrperceneige2, ou Night Sky, d’autre qu’on a vraiment adorés, comme Severance, ou les quatre saisons complètement farfelues de What we do in the Shadows.
Il y a eu aussi des découvertes qui nous ont laissé des souvenirs impérissables, telles que l’incroyable minisérie Undone, la surprenante série 1899, Andor, la seule série de l’univers Starwars qui soit respectueuse du matériau d’origine, ou la pourquoi-ils-en-font-pas-plus-de-saisons Shin’ya shokudô3, qui nous a totalement charmés au travers de deux saisons et un téléfilm, à tel point qu’on a commencé la collection des mangas et acheté le livre de recettes (excellent).
Bien entendu, je me dois de mettre dans cette liste la série de science-fiction que je considère4 comme étant la plus réussie de tous les temps (et j’y inclus la série de romans) : The Expanse.
Et puis, bien entendu, nous avons sagement regardé ce qui était dans l’air du temps ; dans le désordre :
Il y en a d’autres ? Oh, oui, sans doute.
Le fait est que mon problème, ce sont mes attentes en comparaison des autres. J’évite autant que possible de me faire influencer par l’opinion commune avant de voir un film ou une série. En général, ça marche plutôt bien et on attaque une nouveauté avec aussi peu d’attentes que de spoilers potentiels.
Néanmoins, soyons francs tout de suite : rien, dans cette liste non exhaustive, n’a satisfait notre plaisir. Pour certains titres (Rings of Power, House of Dragons, Wednesday…) c’était passable à différents degrés, et ça a généralement contribué à des débats plus ou moins longs sur les défauts de chaque série, avec en général la même conclusion :
Mouais, bon, bof…
Les avis ne sont pas non plus unanimes (encore heureux !). Prenons House of Dragons, par exemple.
De mon point de vue, la qualité essentielle de cette série réside dans ses décors, et ses costumes, et… c’est à peu près tout. Mon problème réside dans le fait que –même si c’est assumé qu’il s’agit d’une prélogie à la série-fleuve qui s’est terminée aplatie dans un mur, le spectateur lambda a des attentes légitimes ; retrouver l’univers de GoT. Donc, moi le premier, j’ai attaqué le visionnage avec des envies de dragons, de batailles épiques et de personnages intrigants marquants.
Le fait que je me suis endormi avant la fin de trois épisodes consécutifs vous donne une idée de l’intérêt que suscitait en moi cette nouvelle saga. D’un autre côté mon beau-fils, qui est bien plus intéressé par tout ce qui est Histoire-avec-un-grand-H, géopolitique, et jeux de stratégie s’est quant à lui régalé.
Deux autres séries ont par contre fait l’unanimité chez nous ; Outer Range et The Inside Man.
Très différentes l’une de l’autre, la première, made in USA, raconte l’histoire improbable, et bien alambiquée d’un père de famille5 et propriétaire terrien en lutte avec son voisin, et qui découvre dans une prairie un phénomène qu’on va qualifier de paranormal faute de mieux. Et c’est tout là le gros problème de cette série : le faute-de-mieux.
Le scénario, torturé à l’envie, fait tellement de nœuds sur lui-même qu’on peine à la fois à le suivre et lui-même, ne semble pas trop comprendre vers quoi il tend. C’est dommage, parce que le point de départ et la promesse faite par le pitch auraient pu donner quelque chose d’incroyable, mais se vautre sur un constat bête : sur 9 épisodes, 8 sont en mode « l’histoire ne va pas tarder à commencer » et le dernier se précipite pour nous raconter n’importe quoi, en laissant plein de questions en suspens pour l’éventuelle saison suivante6.
The Inside Man est plus frustrant. (mini) série anglaise, écrite et réalisée par Steven Moffat7, avec le toujours excellent David Tennant et Stanley Tucci. Intrigue policière aux prémices délicieux, servie par un duo de personnages qui fonctionne à merveille (Grief et Kempton) qui finalement s’avère être la seule réelle qualité de cette production.
Je suis désolé de devoir désormais le dire, même David Tennant n’est pas très bon, la faute à un personnage mal écrit au point qu’il n’en est pas crédible un instant. On a fini (en se forçant) à comprendre les intentions de l’auteur quant aux comportements de la famille anglaise au cœur de l’histoire, mais ça ne marche pas. Il y a trop d’approximations, d’incohérences et de réactions inexplicables pour qu’une telle intrigue soit crédible. Et puis, malheureusement, le tout est parfois saupoudré d’un humour –certes british– qui tombe souvent à côté.
C’est après le visionnage de la dernière série en date, Wednesday, que j’en suis venu à me poser des questions sur ma propre attente.
La série a ses qualités, mais à mes yeux de gamin ayant grandi avec la série de la Famille Addams des années 60, mes yeux d’adolescents s’étant régalés des deux longs-métrages de 1991 et 1993 réalisés par Barry Sonnenfeld, elle n’est pas canonique (malgré des parents Addams parfaits).
Il fallait choisir entre une série qui reste dans l’esprit du matériau de base, ou qui lorgne du côté d’un Disney contemporain. La série a choisi son camp, et ça n’est pas le bon ; des personnages sans épaisseur, des répliques sans saveur, une intrigue tellement vue et revue qu’on n’a eu aucun mal à voir les rebondissements arriver longtemps en avance8, et une Mercredi Addams qui sort de son personnage, ce qui n’est pas envisageable pour moi.
Or, donc. Toussa pour dire que, tout compte fait, je me pose une question de plus en plus souvent :
Suis-je devenu trop exigeant avec les productions audiovisuelles actuelles, ou bien est-ce que le niveau d’exigence des productions a radicalement dégringolé ?
En d’autres termes, suis-je devenu un vieux con en mode « C’était mieux avant ! » ?
Je vais vous laisser en pleine frustration : je n’ai pas la réponse. Par contre, je suis ouvert à la discussion à ce sujet.
Bref, on va continuer à se vautrer dans le canapé à se regarder un épisode par soir, avec l’espoir de se faire surprendre avec délice par une série (ou un film) d’une qualité inattendue.
Mais ça devient quand même rare.
Le dernier film mainstream vu au cinéma fut Bohemian Rhapsody. Ça remonte, hein ?↩︎
Snowpiercer. À la fois très éloignée et pourtant fidèle au matériau d’origine, elle est censée être une préquelle au film de Bong Joon Ho, mais plus la série avance, plus on se demande commence ça pourra raccorder…↩︎
Midnight Diner Tokyo Stories, la Cantine de Minuit, adaptation du manga éponyme de l’auteur Yarô Abe.↩︎
Ça n’est que mon avis, mais je le partage avec moi-même et je serais d’une mauvaise foi absolue en cas de contradiction.↩︎
Interprété par un Josh Brolin qu’on a connu plus en forme.↩︎
Qui –fort heureusement– ne semble pas vouée à être produite.↩︎
Qui fut le showrunner de la résurrection de Doctor Who, ainsi que celui de l’excellente série Sherlock.↩︎
Et pourtant je suis nul à ce jeu-là, que je ne pratique jamais. J’adore trop me faire «avoir» par un bon scénario.↩︎