Paf ! C’est fait !
Bon, ce titre un peu racoleur est peut-être exagéré. Disons que pour le moment j’ai endommagé mon vélo à tel point que je ne peux –pour le moment– plus l’utiliser.
Deux jours avant le drame, j’avais été faire quelques courses dans une célèbre enseigne de magasins de sport, dont le nom évoque une discipline d’athlétisme combinant plusieurs épreuves toutes plus difficiles les unes que les autres1. J’avais besoin de quelques bricoles, notamment une chambre à air. En effet, lors de l’épisode précédent, j’avais crevé à 2-3 kilomètres de la fin de mon parcours (Reconstitution du trajet — les détails), et le trou identifié était trop gros et mal placé pour qu’une rustine tienne correctement.
J’en avais profité pour acheter de quoi changer les patins de frein. J’avais donc installé tout cela le lendemain, sans problème pour la roue, mais avec un peu plus de difficultés pour les freins2. Mais en tâtonnant, j’avais réussi, bien que le frein arrière souffre d’une mollesse anormale.
Mais, bref, le vélo pouvait rouler, donc moi aussi.
Du coup, frustré de la sortie précédente, j’avais décidé de refaire ce joli tour3 en évitant le crochet par le Mordor la Quille, mais en passant plutôt devant le domaine de La Coste. Allez hop ! On s’équipe et en selle…
Comme la fois précédente, les trois quarts du tour sont sympas. Montée douce et longue en début, pour bien aider le palpitant à décoller les bouts de gras des artères, puis quelques kilomètres de descente que j’appelle mon bonbon après le pénible, et où je vois mon tachymètre s’emballer sur des 50 km/h.
J’arrive au Puy-Sainte-Réparade proprement dit, je fais symboliquement le tour du petit rond-point de la place du marché, pour marquer le milieu du trajet, et je repars sur la route du retour.
La route jusqu’à l’entrée du domaine du Château La Coste est plutôt facile, une petite ballade avec peu de montées douces. Je tire quand même la langue lorsque je passe devant la route qui monte à la Quille, juste pour dire.
Passé le portail d’entrée du château, ça commence à piquer. Je ne suis pas pris en traite. Étant donné le nombre de fois que j’ai fait cette route en voiture, je savais quand même à quoi m’attendre.
Mais après une dizaine de minutes, descendu en 2-54, entre deux souffles qui pourraient faire penser que je fume trop, je murmure à qui ne peut m’entendre des : « Purééééeuh… », « Bourd… rhaa… ayleuh !… » et autres « Mais… pourquoi… je… m’inflige… ça… déjà ?… »
La montée, rude si elle en est représente trois lacets. Honnêtement, je pensais que ça allait être interminable, mais ça n’était pas si rude que prévu.
Par contre, ce qui est redoutable, ce sont les virages en épingle à cheveux en intérieur. Là, j’ai vraiment l’impression de devoir monter (brièvement, certes) une pente de 20° sans élan.
Et c’est la troisième et dernière qui me fut fatale. Le tournant intérieur est sans doute le plus sec, à tel point que même en 2-3 c’était dur pour moi. Alors je me résigne, entendant dans mon esprit sous-oxygéné5 ce conseil de maître cycliste Shaolin crié à mon encontre quand je peinais sur la route de retour de Rognes :
Monte les dents, ça ira plus vite !
Alors j’applique le conseil et me décide à descendre sur le plus petit plateau.
En plein appui sur la pédale pour franchir la rude montée, le pédalier se bloque. Carrément. Comme si j’étais appuyé sur un bloc de béton armé et plombé.
Je manque embrasser le bitume tel un pape un peu trop enthousiaste après trop d’heures en avion, je me rattrape de justesse, je pose pied à terre et je reprends mon souffle après un tombereau d’injures et d’invectives dont une majorité ne doit même pas exister dans le dictionnaire6.
J’ai déjà déraillé. Trop souvent à mon goût. Je sais que les index de mes dérailleurs ne sont pas au point7, et j’ai déjà fait sauter la chaîne en descendant (souvent par erreur) sur le petit plateau.
Donc, je lance le pédalier à l’envers, espérant faire remonter la chaine sur le plateau précédent, tout en mettant la manette sur l’index 2. Cling ! la chaine se bloque aussi dans ce sens-là.
What the WTF ?
Je refais la manœuvre plusieurs fois. Rien. La chaine reste (en apparence) bêtement déraillée, et refuse de remonter sur un plateau. « Diantrefuck, que me voilà bien embarrassé ! » me dis-je in petto mais au bord de péter un câble.
Tandis que je tripote comme un forcené sur la chaine pour essayer de débloquer ce que je ne comprends pas ce qui bloque8, un collègue cycliste routier qui arrive dans la montée avec une facilité propre à croire qu’il a un vélo électrique alors que non, s’arrête et me demande si j’ai des soucis.
L’envie de dire que non, que je cherche des pieds de mouton pour l’omelette ce soir ne me traversant pas l’esprit, je réponds par l’affirmative.
L’homme, plus prévenant que moi, tire un mini combiné d’outils d’une astucieuse9 mini sacoche cachée sous la selle de son vélo, et tente de me rassurer qu’on va remettre cette chaine dans le droit pignon en deux coups de clé dans son maillon récalcitrant.
Pendant quasiment une dizaine de minutes, mon bon samaritain s’échine, mettant ses mitaines à peu près dans le même état que les miennes, sans parvenir ni à entamer sa patience ni à faire bouger cette ████████████ de chaine en place.
De guerre lasse, je lui dis d’arrêter son acharnement thérapeutique, je vais appeler ma compagne qui va venir me chercher en voiture-balai.
Toujours aussi sympa, il insiste tout de même pour me confier son portable, au cas où je n’arrive à joindre personne d’autre. Le brave homme.
Mais j’ai eu ma Douce qui est venue me chercher quelques minutes plus tard10, pour me ramener la queue entre les jambes, le vélo dans le coffre et les vitres ouvertes parce que ça fouettait pas mal le vestiaire de zombies mal aéré.
Le lendemain, reposé, frais, et équipé de ce que j’ai de mieux comme outillage, j’ai entrepris de débloquer mon problème.
Dans la lumière et le calme du devant du garage, j’ai enfin pu mieux voir le problème dans toute sa splendeur :
Comment ai-je réussi ce tour de force ? L’un des maillons s’est littéralement incrusté entre le petit et le moyen plateau, coincé de telle manière que, même en tirant comme un bourrin, en faisant levier comme je peux ou carrément –mesures de dernier espoir– en tapant dessus par en dessous, rien n’y fait, je n’ai pas pu le faire bouger d’un millimètre.
Là, à ce stade, je n’ai plus beaucoup de solutions. Je n’en vois que trois, en fait :
Bizarrement, il y a quelques mois, la solution n°3 m’aurait paru absurde. Mais quand je compare les prix des interventions en atelier, et le prix modique des deux pièces détachées11, je me dis qu’en fait c’est tout à fait envisageable et à ma portée.
D’autant que, du coup, ça n’est pas incompatible avec la solution n°1. Si le bourrinage modéré n’a pas eu de succès, je peux tenter le epic-bourrinage, avec le seul risque de devoir quoi qu’il arrive changer les pièces.
Je réfléchis encore à l’heure actuelle, tout en marronnant que bon zut, je peux plus aller faire du vélo.
Grompf.
En tout cas de mon point de vue personnel.↩︎
Malgré une dizaine de tutos de tout bord, le protocole me reste obscur.↩︎
Bien qu’un peu trop routier, mais j’ai compris que c’était difficile de faire autrement.↩︎
Je ne sais pas si ça se dit comme ça, mais c’est ce que j’utilise avec moi-même pour situer mes vitesses ; 2e plateau, 5e pignon, soit le médium de force pour pédaler.↩︎
Mais oui, j’exagère, rhô là là !↩︎
Pourvu qu’un scénariste de Disney n’aille pas s’inspirer des lapinous du coin. Après ce qu’ils ont entendu, le film serait interdit aux moins de 18 ans.↩︎
Même après le passage à l’atelier Décathlon©®. Ça laisse perplexe sur la qualité du service. Mais je suis peut-être un poil parano.↩︎
Au point de m’être ouvert le pouce déjà passablement noir de graisse dégoûtante. Si je ne choppe pas un truc…↩︎
Il m’en faut peu pour m’épater…↩︎
Je n’étais qu’à peine à 5 kilomètres de la maison.↩︎
En ajoutant en sus le prix d’une pince pour ouvrir et fermer la chaine, que je n’ai pas en ma possession.↩︎