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Le musée de la B.D, récit complet

Alors, pourquoi Aze ma doudouce et moi-même, pourtant graphistes et amateurs de bédé tous deux, sommes nous ressorti du musée de la bédé de Bruxelles avec l’air de ceux qui viennent de passer une soirée à regarder les diapos de vacances de la famille Fudugnou ?

Pourtant, à priori ça semblait quelque chose d’assez sympa à faire. D’autant que nous venions de nous faire trois autres musées; une exposition sur un groupe d’auteurs belges proche de la Pataphysique dans les années 60 (auteurs par exemple du magnifique Tu m’interromps bêtement au moment même où j’allais te dire le plus beau mensonge de ma vie.”), une expo en deux endroits sur le romantisme belge dans la peinture (très beau) et quelques Brughel et Bosch qui passaient par là (très… intéressants).

Puis, après manger (tartines de pain frais et un Chimay entier pour moi), nous sommes parti à la recherche du musée de la bédé.

Après quelques minutes de marche et un coup de téléphone pour prendre des nouvelles des enfants, nous sommes arrivé en face d’un Gaston géant (boh, ok, disons 2 mètres quand même) qui nous annonçait que nous étions sur la bonne voie.

La statue de Gaston LagaffeLa statue de Gaston Lagaffe

Le Gaston en question était plutôt pas mal, excepté ces bêtes laids câbles d’acier qui le maintenait cloué au bitume comme s’il n’était qu’une vulgaire baudruche. Je comprend l’intention, mais les câbles étaient arrimés d’un peu partout et donnait à l’ensemble un côté sado-maso légèrement Yannminhien.

Nous sommes entrés et quelques personnages (Blake & Mortimer je crois) ainsi qu’une 2CV dédicacée (?) souhaitaient la bienvenu au visiteur. Nous sommes allé payer notre dîme au guichet, 12€ par personne quand même, et en avant l’expo !

La première partie s’est avérée la plus passionnante, avec des panneaux expliquant la genèse d’une planche depuis le scénario jusqu’à la remise à l’imprimeur, avec planches originales à l’appui. (mention spéciale au Plonk que j’ai oublié/eu la flemme de redessiné ici !)

C’est ensuite que ça s’est gâté.

Après, on s’est retrouvé à regarder des sortes de lutrins noirs ornés chacun de quatre planches originales. L’intention est bonne, mais y’avait quelques problèmes. Tout d’abord les planches étaient mal éclairées. Il fallait donc se pencher pour voir quelque chose, et l’incliaison du lutrin ainsi que sa hauteur n’avaient été choisis que pour un seul but on dirait : casser le dos du spectateur.

Et puis, au fur et à mesures qu’on passait en revue les planches (très nombreuses, trop même), on en est vite venu aux constats suivants : difficile de s’intéresser à la planche elle-même car la moitié est en flamant (ou mi-flamant, mi-français… ?), la plupart sont issues d’une histoire complète, et toutes proviennent d’auteurs qui ont fait ma joie dans les années 80 (voir plus vieux) dans les pages de Spirou et Tintin mais dont on n’entend plus du tout parler à l’heure actuelle.

Et puis enfin, les planches présentées là sont celles qui ont été livré à l’éditeur. Elles sont pour la plupart proprement encrées et nettoyées. Ca ne présente donc qu’un intérêt très limité, voire à se dire que finalement on les apprécie encore mieux dans l’album publié.

Bref, tout plein d’espoir nous montons encore un étage pour la suite…

L’étage du dessus contient la majorité des trucs à voir. Mais il m’est difficile de vous expliquer comment est organisé le truc, parce que ça a l’air à la fois classé par années, genre, auteur et série. Bref, on n’a rien compris. On a commencé à suivre la création de Spirou jusqu’aux années soixantes où on est tombé sur les oeuvres d’Edgar P. Jacobs (Blake & Mortimer), puis on est passé sans s’en rendre compte au journal de Tintin et finalement on est arrivé à Franquin. Rien compris. Si y’a une logique derrière tout ça, faut regarder du côté d’Edika. Ah merte, il est pas belge…

Encore que, à la limite, on pourrait ne pas trop s’attarder dessus; après tout, on est habitué à ce genre de classification arbitraire dans les librairies, où on parvient à voir se cotôyer Alix et Edika par exemple.

Mais même si l’historique générale des sections était expliquée, y’avait quand même de droles de choses. Des dioramas interactifs” foireux par exemple. Un peu partout il y a des sortes de petits box ornés d’une vitre et d’un ou plusieurs boutons. Ca m’a un peu fait penser aux vieilles visionneuses qu’on trouvait dans les fêtes foraines. Ben là, j’ai pas pu savoir si c’était les mêmes trucs coquins, vu que 90% de leurs bidules n’étaient pas branchés. Le seul qui marchait montrait un diorama d’une case tirée du Piège Diabolique, une aventure de Mortimer presque sans Blake. Le bouton servait à allumer ou éteindre la lampe… Passons sur les jeux pour les tout-petits sans rapport avec la bédé, ou peut-être tout simplement pour les occuper pendant que papa va admirer les vitrines sur Manara à l’étage ?

Mais il y avait également des vitrines d’objets qu’on a deviné être des collectors.

Je dis deviné parce que là encore, point d’explication sur le contenu des vitrines qu’on exposait à la vue des simples mortels que nous sommes à genoux pauvres impies vous n’êtes même pas digne d’admirer ces merveilles mais je m’égare. En matière de merveilles, on a eu droit à un capitaine Haddock en plâtre effrité, à un milou en caoutchouc qui avait dû connaitre des jours meilleurs avant de servir de hochet à un môme faisant ses dents et des bricoles non identifiables et non identifiées. En matière de vitrine de musée, ça m’a plutôt fait penser à un étalage de brocante à la petite semaine. Ah, si, j’ai quand même vu le paquet de 52 cartes à jouer Spirou que j’avais reçu il y a fort longtemps. Dommage que je n’ai pas de vitrine, mais en même temps j’ai plus le jeu non plus.

Et pour achever ce tour un peut triste, la vision la plus glauque de tout ça :

Il s’agit d’une grande vitrine à ciel ouvert où l’on voit une grande table à dessin, une armoire et divers objets. Sur la maigre étiquette sur la paroie on apprend qu’il s’agit d’effets ayant appartenus à Edgar P. Jacobs et qui reconstituent le bureau dans lequel il créait ses bédés. Soit. C’est mignon. Mais ça le serait peut-être un peu plus sans la couche d’un demi-centimètre d’épaisseur de poussière qui recouvre tout, ni les moutons accumulés au pied des meubles. Pathétique.

Pas même arrivés à la motié de l’expo, on en a eu marre. D’un commun accord on s’est décidé à se casser pour aller rendre hommage à la Belgique dans toute sa gloire (comprendre trouver un troquet, boire une bière). Mais on a eu un remors et finalement on a été faire un tour à la boutique du musée.

Pas mal achalandée, on peut y trouver moultes séries et auteurs, et des trucs assez curieux comme la série Donjon de Trondheim & Sfar en anglais, d’autres trucs en allemand et espagnol. Mais là encore quelque chose m’a fait tiquer. Le musée” (je mets des guillements parce que franchement je trouve le terme relativement usurpé) de la bédé est essentiellement orienté sur la bédé franco-belge avec deux nuances : Hergé presque totalement absent (la fondation n’a pas dû vouloir se commettre) et la présence incongrue de bédés d’océanie, mais la boutique, elle, est orientée bizness. Donc on y trouve du Astérix, du comix amerloque et du manga en voilà. Et question figurines et objets divers, rien qui ne vienne à la cheville d’une boutique comme Album à Paris. Je suis même intimement persuadé qu’on trouve quelque chose d’infiniment mieux quelque part ailleurs dans Bruxelles.

On a fichu le camps, on s’est posé à la première terrasse venue, et on s’est remis de nos non-émotions.

Néanmoins, Bruxelles, on t’aime.

Dans les épisodes précédents… Je déteste Apple… Travaux Dentaires
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