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Considérations professionnelles

De tous les travails que j’ai eu jusque là, il existait un point commun assez étrange quand on considère la raison même, fondamentale et essentielle, d’un travail ; tout ce que j’ai fait jusqu’alors ne sert à rien.

Un maçon construit une maison ; il y a fort à parier que son oeuvre lui survivra. Tous les métiers du génie, tous les domaines qui sont en commun dans la construction conduisent à un même but : faire quelque chose qui perdure.

Autre exemple ; un boulanger ne fait rien qui dure, certes. Mais sa contribution à la collectivité sert quand même un but assez fondamental; la survie de cette collectivité.

Etc…

Mais moi, je fais quoi ? Des images, du vent, du rien et de l’éphémère. Résumons ma carrière un brin, voulez-vous ?

J’ai été gardien (nuit & jour)… mon rôle était tellement essentiel que je l’ai passé à écrire des récits. J’ai ensuite travaillé en tant que stewart chez Ernst & Young (1 semaine mémorable), ça consistait à faire de la présence et rassurer les costards-cravattes qui circulaient dans la tour. On aurait mis une plante verte à ma place, personne le n’aurai remarqué.

Ensuite, j’ai réellement commencé ma carrière de graphiste et vidéaste.

Alors là, par la nature même de mon travail, et par les projets auxquels j’ai participé, qui peut dire sincèrement en quoi ce que j’ai fait a pu perdurer. Des vidéos de réunions de travail durant 3 heures ? Des films internes pour Alcatel déjà inutiles avant qu’on les ait bouclés ?

Où se trouvent les fonds d’écrans que j’ai créé pour un raoût chez Pfizer ? Qui a encore le Cd-Rom tout en HTML que j’ai fait pour je ne sais plus quelle mairie de la banlieue parisienne ?

Même moi je n’ai plus ces travaux :)

Attention, je ne cherche pas à dénigrer mon travail, qui m’amuse toujours autant, mais simplement à bien souligner son inutilité patente et son aspect totalement éphémère.

Et tout ça pour dire… ce n’est plus le cas.

Non pas que ce que je fais soit plus folichon qu’avant, mais un faire-part c’est par essence un objet qu’on garde. Combien de fois ais-je vu des faire-parts de mariage bien en vus chez des potes ? (oui, je pense à toi, Dave).

Rien qu’aujourd’hui j’ai imprimé plus de 100 faire-parts de naissance et un peu plus de 300 faire-parts de mariage. C’est un score moyen, on va dire, depuis que j’ai commencé ce taff.

Sur cette quantité, combien de faire-parts que j’ai maquetté, imprimé, manipulé, resteront pendant des années et des années en vue dans un salon, nichés au fond d’un tiroir chez la grand-mère heureuse d’avoir des petits-enfants ?

Certe, mon impact, ma contribution est minime, et ce qui reste de mon travail dans chacun de ses faire-part est aussi négligeable que la responsabilité du type dont le boulot est d’usiner des balles dont l’une au moins dans toute sa carrière aura l’insigne privilège d’ôter la vie à quelqu’un.

La différence, je vous l’accorde, est cosmologiquemen insignifiante entre les deux aspects de mon travail, mais… cette micro-particule de différence fondamentale fait que à mes yeux tout a changé, mon travail est complètement différent.

Merdalors. Ca me réussi pas de philosopher sur mes bottes…

Dans les épisodes précédents… Deux, trois infos, si pas plus… Bonne année 2007 !
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