Hier soir, nous étions cours Julien à Marseille.
À un moment, j’ai vu, depuis une terrasse, parmi un regroupement de gens d’origines et d’états divers, un pseudo-punk s’énerver contre son chien. Le type devait être passablement imbibé, voire sous l’emprise d’autre chose. Peu importe.
Le chien était sans doute un bâtard de quelque chose approchant le pit-bull. Blanc avec quelques discrètes taches noires, comme des grains de beauté. Et il m’a semblé jeune. Son comportement transpirait le brave toutou.
Le proto-punk s’énervait tout seul, sans doute dans le courant d’une discussion. Le chien semblait connaître la faune locale et baguenaudait d’une personne à l’autre, visiblement content d’être là. Et puis son propriétaire a commencé à faire de grands gestes, et à lui crier dessus.
De là où j’étais, je ne pouvais pas comprendre la nature des récriminations. Mais il a continué, jusqu’à l’empoigner, le secouer, le retourner brutalement. Le chien s’est mis à couiner, de peur ou de douleur, je n’ai pas su dire. Cela s’est terminé par des claques sur le museau pour qu’il reste couché. Le chien a obtempéré et l’homme a fini par se calmer et retourner vers ses interlocuteurs. Tout cela sans jamais lâcher la bière qu’il avait à la main.
Ce qui m’a le plus fendu le cœur, c’est de voir le chien, blotti contre la marche où son maître1 l’avait plaqué. Il ne quittait pas des yeux celui-ci, et battait de la queue, sans doute plein d’espoir de réussir à faire plaisir à son humain.
J’aurai volontiers atomisé l’individu en question. Mais comme je n’avais pas l’arme adéquate sur moi, je n’ai pas bougé.
J’ai réfléchi, plutôt.
Je me suis posé une question à laquelle je n’ai pas trouvé de réponse.
Il y a un moment extraordinaire, dans l’histoire de la civilisation humaine, où nous avons réalisé quelque chose. Qu’avons-nous donc pu bien faire pour mériter l’affection, l’amour de la race canine ?
J’ai beau feuilleter mes maigres connaissances de l’histoire de l’homme, je n’arrive pas à comprendre. Rien, dans ce que l’homme fait à lui-même ni à son environnement ne peut justifier qu’un animal comme le chien continue à nous faire autant confiance.
Je crois que nous devrions leur laisser la place. Ils la méritent infiniment plus que nous.
Pierre Boule avait tord, Clifford Simak avait raison.
J’espère qu’un jour, la Terre sera la planète des chiens.
Une photo de mon toutou. Une pâte, une crème, un meilleur être humain que je ne le serais jamais.
Quel terme à la con…↩︎