De temps en temps, parmi les grosses machines faites de copier-coller de recettes éprouvées et de gameplay sans originalité, apparait une perle.
Je suis tombé complètement par hasard sur la bande-annonce de ce jeu, Chants of Sennaar. Son esthétique –qui rappelle pourtant le mauvais souvenir de Sable– m’a quand même automatiquement charmé. Sans aucun doute parce que c’est là aussi un hommage direct à Mœbius. Donc, ça ne peut que plaire.
J’ai téléchargé la démo, et je n’y ai joué que quelques dizaines de minutes. Juste le temps de comprendre ce que ce jeu proposait.
J’ai aussitôt viré la démo et j’ai acheté le jeu1. C’est quelque chose qui n’arrive quasiment jamais2.
L’histoire du jeu –que je vais me contenter d’effleurer ici– vous propose d’incarner un personnage mystérieux, sans visage ni voix. Ce protagoniste se présente sous la forme d’une silhouette en robe simple terminée par une capuche qui lui masque totalement la tête. Il se tient également et un peu curieusement voûté.
Lorsque vous vous éveillez, vous ne savez rien ; ni qui vous êtes, ni où vous êtes, ni ce que vous devez faire. La seule chose à faire, c’est d’explorer l’environnement.
Les déplacements se font au clic. C’est-à-dire que vous vous contentez de pointer l’endroit où vous désirez vous rendre et le protagoniste s’y déplace. C’est un système très simple, mais qui peut rendre une certaine phase de jeu, plus tard, un poil désagréable.
Le premier obstacle que vous allez rencontrer va poser les bases de la mécanique du jeu. Il s’agit d’une porte fermée, et d’un levier. Sur le mur au-dessus du levier se trouve une plaque ornée de quelques symboles.
Lorsque vous cliquez sur les symboles ou sur un dialogue, une interface se superpose au jeu, vous présentant à gauche un livre et à droite une liste de symboles. Les quelques symboles que vous venez de voir s’ajoutent à la liste.
Tout le délice du jeu consiste alors à deviner, parmi ces nouveaux symboles, celui qui signifie porte
, ceux pour haut
et bas
, ou bien est-ce pour ouvrir
et fermer
…
C’est là toute la magie de Chants of Sennaar. Les symboles vous sont inconnus, et c’est à vous de les interpréter et, ainsi, de découvrir et comprendre la langue de cette écriture.
Les symboles peuvent avoir trois états ; noir, leur sens vous est encore inconnu. Grisé, vous avez une idée de leur contexte, et blanc, vous connaissez leur sens. Si vous cliquez sur un symbole inconnu, vous avez la possibilité de lui donner un sens vous-même. Vous êtes libre d’écrire ce que vous voulez, et dans le jeu, à chaque fois que vous rencontrerez ce symbole, votre traduction personnelle s’affichera.
Le livre, quant à lui, affiche des dessins de situations ou d’objets, ou des listes de symboles regroupés par thèmes. Si vous arrivez à placer à côté de chaque élément le symbole lui correspondant, vous découvrirez automatiquement son sens réel. Le but étant de découvrir l’intégralité des symboles d’une langue.
Car, comme vous allez le découvrir assez vite, vous vous trouvez dans une étrange et immense tour, et chacun des niveaux est le lieu de résidence d’une population de différence, maniant une langue différente.
Ainsi, ce n’est pas une langue et ses symboles, mais bien plusieurs qu’il va falloir maîtriser. Et chaque langue à ses subtilités ; ordre des mots, position des pluriels ou négations, etc.
Ce qui vous amènera, au bout d’un moment, à aider les gens à parler entre eux.
Je ne vais pas décrire plus avant ce qui se passe dans le jeu, j’ai déjà le sentiment d’avoir divulgâché une partie de la surprise qui a été la mienne quand je suis entré dans le jeu. Sachez juste que l’histoire, s’appuyant sur son cadre à la fois connu comme légende, mais étranger par son traitement, est plutôt sympa.
Mais la mécanique elle-même est très maligne, et découvrir les différents lieux et ce qu’ils révèlent des modes de vie différents de chaque population est vraiment un plaisir.
Le jeu est émaillé de petites énigmes et puzzles, mais rien de très compliqué. On m’a fait la remarque qu’il peut s’approcher, dans l’idée3, de l’excellent Tunic, mais je vous rassure ; on est très loin des énigmes labyrinthiques et multi-intriquées de ce dernier.
Il y a également quelques phases d’infiltration, où il faut traverser des salles sans se faire remarquer, et quelques moments de course-poursuite. Autant l’infiltration n’est pas spécialement désagréable et plutôt facile, autant les courses-poursuites –assez rares, heureusement– sont elles, par le principe de déplacement à la souris, plutôt pénibles. Fort heureusement, le jeu ne se montre pas punitif, se contentant de relancer la phase de jeu sans autre conséquence qu’un peu de frustration.
Bref, un très joli coup de cœur que je suis très content d’avoir découvert. Avec la petite cerise sur le gâteau4 d’avoir découvert, durant le générique final, que le jeu était produit et réalisé par une équipe française, le petit studio toulousain Rundisk.
Si c’est le genre de jeu qui vous fait vibrer, n’hésitez pas !
Il n’est qu’à 18€, faut pas hésiter !↩︎
Et pourtant ça vient de m’arriver en quelques semaines d’écart. Le précédent étant l’excellent Viewfinder.↩︎
Dans la thématique exploration, aucune information de départ, et langue et écriture inconnus à déchiffrer.↩︎
Ça ne change rien à la qualité du jeu. C’est juste sympa.↩︎