Si vous démontez un chat pour comprendre comment il fonctionne, tous ce que vous obtiendrez c’est un chat qui ne fonctionne plus.
(DNA - The Salmon of Doubt)
J’adore cette phrase. En fait je crois qu’il n’y a que quand il ne parle pas que je trouve DNA un poil moins brillant.
Il faut qu’encore une fois je me mettre à connaître quelqu’un qui pourrait encore être mon contemporain trop tard. Je ne suis pas croyant (je n’ai pas encore décidé si j’étais agnostique ou athée, mais j’ai encore le temps… je crois) mais j’espère de tout coeur que tout ce petit monde qui part trop tôt (au hasard Pierre Desproges, Bruno Carette, Graham Chapman et DNA) se retrouve dans un endroit où ils passent leur temps à se taper sur les cuisses en nous regardant. Ou pas.
À propos des chats (que j’adore depuis que j’ai mon Gros, mais que je tenais hautainement pour des sortes de parasites poilus auparavant), il y a une autre citation que je garde sous la chaude couette de ma mémoire (fort mal aérée).
Elle est due à un poète contemporain vivant dans le Nord je crois. Je ne me rappelle ni de son nom ni du titre de son oeuvre. C’est mon ex qui me l’avais mis dans les mains mais elle l’a repris à notre séparation, la petite vipère ;) Toujours est-il que ça dit ceci (à très peu près) :
Si jamais par une infinie stupidité je me trouvais mis à la tête du pouvoir, j’espère que j’aurais encore assez de lucidité pour ne jamais avoir à appuyer sur le bouton rouge : c’est qu’il importe de ne pas faire de mal aux chats.
Ancien membre forcené (bien que passif) du CCC, me voilà guimauve quand je vois ces petits félins.
J’écris ces lignes à 140 Kms sur l’autoroute (encore heureux).
Ce n’est bien sûr pas moi qui conduit (encore heureux), mais je trouve ça grisant. Ca le serait sûrement moins en avion, en train ou en bateau (ce que je ne ferais pas pour éviter de sentir mon cerveau fuir par tous les orifices), sûrement parce que la voiture reste un moyen de transport précaire et dangereux. C’est comme rédiger un article à la sauvette dans un pays en guerre.
Un ami a une théorie intéressante au sujet de la voiture ; pour lui la voiture est la forme ultime du casus belli.
Il l’explique comme ceci : tous les cas dans lesquels l’homme a du courir dans le passé se trouvent être des cas de sauvegarde ; fuir devant un prédateur, courir vers ou depuis le conflit ou même marathonner pour porter une nouvelle (rarement de bonne augure).
La voiture donc n’est qu’une extension des jambes de «course» de cette époque, elle mettrait donc le conducteur dans un état hérité de générations de coureurs-par-survie, à savoir belliqueux.
L’explication est amusante, mais je la trouve réductrice; il manque quelques aspects au problème. Tout d’abord il y a l’individualisme forcené que provoque le fait de conduire une voiture. C’est un microcosme hyper-protégeant. On est assit (position de repos et non de guerre), niché choyé par un éventail de fioriture et gadgets, et on est dans une bulle, un cocon permettant (en théorie) de survivre à un choc. Ceci fait que le sentiment de protection conduit à quelque chose de contradictoire ; protégé on devient provocateur. «Même pas peur !» résume bien l’attitude de la plupart des usagers de la route.
Un ami m’a raconté que lorsqu’il a passé son permis (avec succès) est sorti du véhicule en admirant sa jolie feuille rose et en s’exclamant :
Ayé, je sais conduire, je sais conduire !».
L’examinateur l’arrête aussitôt et lui rétorque :
«Non. Tu sais te servir d’un véhicule et tu connais les règles. Mais tu ne sais pas conduire.»
Et toc !
En fait, et pour beaucoup d’autres aspects de notre vie, il semble que nous passions notre temps à reproduire le trauma de la naissance : nous naissons prématurés, incapables de marcher ou de survivre seuls avant des mois.
La voiture est à l’identique : nous sommes tous des prématurés de la route. On nous délivre l’autorisation de rouler comme des fous après 20 heures d’apprentissage, mais il faut des années d’expérimentation et de peurs pour façonner un conducteur –bon ou mauvais.
Non seulement c’est totalement irresponsable, mais rares sont ceux prêts à l’admettre.
Alors maintenant, savoir pourquoi les conducteurs de BMW sont plus dangereux et plus irresponsable que les autres, c’est un autre débat.
Personnellement je ne veux pas trop étendre mon expérience là-dessus car cela impliquerait d’avoir le point de vue d’un BMWiste, et la dernière fois (et la seule) que je suis monté dans ce genre de voiture, ça m’a fait l’effet de visiter Marseille avec un guide du cru dans un wagon de montagnes russes : chiant et inconfortable à vomir.
En attendant, j’écris tout ça assis bien à l’abris sous la pluie battant à 135 Kms et même si c’est génial de pouvoir faire ça de nos jours, je crois que je vais arrêter un peu parce que je vais être malade.
Ayé je suis à la maison. Mort, mais chez moi.