Question étrange et pourtant légitime. Parce que pour tout vous dire, en ce moment je n’ai pas écrit un mot pour l’Alchimérie. Pour rien d’autre non plus1.
Et pourtant, ce n’est pas comme si je j’y travaillais pas. Je n’arrête pas d’y réfléchir. Comme si j’étais un sculpteur qui avait taillé une ébauche et prenait le temps d’observer la forme encore brute avant de se lancer dans les détails.
Hum. Bon, l’analogie n’est pas très bonne. Néanmoins, c’est exactement comme cela que j’ai décrit cette étape à un ami :
J’en suis au stade où je commence à devoir cerner ce qu’on appelle dans le jargon les petits détails à la con.
Vincent, auteur-technicien
Et, c’est très exactement ce que je suis en train de faire. Outre les changements assez radicaux (mais très intéressants) évoqués dans le billet précédent, je me rends compte qu’il y a également une foultitude de détails à inventer, décider, revoir.
Cela touche aux personnages eux-mêmes ; celui d’un gentleman anglais en passe de se métamorphoser en persan, par exemple. Cela touche aussi à des détails techniques purs, à des vérifications historiques2, et à du vocabulaire.
Sur ce dernier point, c’est un jeu qui me plaît énormément. Il y a, dans mon histoire, toute une technologie inventée qui doit être décrite avec un mélange de vocabulaire technologique du début du siècle et des allégories littéraires.
Par exemple, je suis en train de lire en ce moment le Latium de Romain Lucazeau. Durant un dialogue, des pilotes de vaisseaux sont appelés des nautoniers. J’ai beaucoup aimé ce mot et j’ai pensé l’utiliser pour un rôle que je cherche encore à définir.
Dans mon histoire, les personnes qui plongent en Alchimérie travaillent toujours en binôme avec un assistant qui a différentss tâches durant la plongée. Je cherche depuis le début à leur trouver un nom qui me plait et qui représente au mieux leur rôle.
Lorsque je suis tombé sur ce mot, nautonier, il m’a tout de suite charmé. Hélas, en regardant sa définition3, je me suis rendu compte qu’il ne correspondait pas du tout, ni pour l’assistant du plongeur, ni même pour le plongeur lui-même.
Je suis donc reparti à la chasse.
Pour en revenir au titre ironiquement ambigu de ce billet, il est évident que je n’ai pas progressé dans la rédaction du récit. Mais, il est également vrai que je continue à le développer, en poussant les idées, les réflexions, en réglant des problèmes, en en inventant d’autres, et –parfois— en prenant quelques notes.
Alors, oui, dans un sens, je continue d’écrire alors que je n’écris pas. Tout simplement parce que le fruit de ces réflexions du moment débloquera et fluidifiera le récit à un moment donné ou à un autre.
Sur ce, je retourne jouer avec le vocabulaire des Plongeurs, et je vous fais la bise depuis les prairies idéales de l’Alchimérie !
Pour l’illustration : Photos de Jack B et Jaquelinee Martinez sur Unsplash.