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La Sicile, jour 6

La Sicile, jour 5


Le réveil a été mis à 7 heures. Donc, logiquement, nous sommes debout à… 6h301.

Il ne nous faut que peu de temps pour être opérationnels, lavés, brossés, ranger les dernières bricoles, vérifier 3752 fois qu’on n’a rien laissé derrière nous.

Le jour est lui aussi déjà levé, mais à part un coq un poil vénère et quelques chiens sans doute agacés par le coq vénère, rien ne bouge. Nous sortons nos affaires de la chambrette, puis laissons les clés sur la porte.

Nous allons ensuite jeter un œil à la pièce où nous avions pris notre petit déjeuner la veille. Comme on s’y attendait, puisque nous partons une heure plus tôt qu’annoncé la veille, notre hôte n’a pas préparé de collation pour nous. Tant pis, pas grave.

Nous montons dans la Fiatounette pour notre dernier trajet. Une fois que nous avons vérifié une ultime dernière fois qu’on avait tout avec nous, que le GPS était calé sur l’aéroport de Catania et qu’on ne s’était pas encore une fois mis en retard, nous attaquons la route.

Puis, quelques kilomètres plus loin, nous nous arrêtons dans une aire d’autoroute. De celles bien achalandées en pompes à essence, mais surtout en boutique.

Parce que c’est ce que nous cherchons ; de quoi prendre notre petit déjeuner2. Naturellement, en bons Français, nous n’attendons rien d’un café et de viennoiseries proposés dans une station d’autoroute. Nous commandons un cappuccino chacun, et deux croissants. Helene demande un fourré à la crème pâtissière, et moi je prends un duo, fourré pour moitié à la crème pâtissière et pour moitié de crème à la pistache.

L’eussiez-vous cru ? Les cappuccinos et les croissants étaient vraiment très bons. Au moins aussi bons que tous ceux que nous avons bus jusque là. L’Italie est décidément le pays du café, je n’en démords pas. Quant aux croissants fourrés, sans doutes bien trop sucrés pour être honnêtes, ils étaient délicieux.

Après cette petite halte roborative, nous repartons. Comme à l’allée, la première moitié de route est tranquille, sans histoire. Nous roulons à une vitesse raisonnablement limitée par les panneaux, entre 130 sur certaines portions, et 110 le reste du temps.

Mais, à une vingtaine de kilomètres de Catania, un bouchon stoppe notre élan. Et là, je dois présenter mes plates excuses au GPS. Autant, plusieurs fois durant nos trajets3 il s’est montré facétieux ou chafouin, en changeant à la volée le temps du trajet, par exemple, autant là, j’aurai dû l’écouter.

Car quelques kilomètres avant le bouchon, il a subitement proposé un autre itinéraire qui nous faisait bizarrement sortir de l’autoroute, en précisant que cela allait réduire le temps du trajet.

Échaudé et méfiant, je lui ai répondu que je ne lui faisais plus vraiment confiance, et que je restais sur l’autoroute.

Paf. Bouchon.

Donc, nous prenons notre mal en patience. Le GPS, bon prince4, nous indique tout de même le temps de ralentissement. Comme nous sommes partis pratiquement avec deux heures de marge sur le planning prévu, nous n’angoissons pas. Mais, quand même, on rumine un peu.

Et puis, Italie oblige, le bouchon finit par se dissoudre de lui-même5, et passé les accès à la banlieue de Catania, le trafic se fluidifie complètement sur les derniers kilomètres qui nous séparent de l’aéroport. On a encore plein de temps devant nous.

Je fais une rapide escale dans une station-service proche de l’aéroport pour faire le plein de la voiture avant de la rendre, puis nous entrons dans l’enceinte aéroportuaire, longeant le terminal pour nous diriger vers le parking attribué aux dizaines de sociétés de location.

Je gare la voiture sur l’une des places indiquées « retour », nous descendons et retirons toutes nos affaires de la petite italienne. J’en profite –parce que je suis comme ça– pour remettre l’interface de l’ordinateur de bord en italien6.

À peine pied à terre, notre ami le loueur7 vient vers nous. Je le salue tout en mettant –par réflexe– les clés de la voiture dans ma poche. Il a alors ce geste qui m’a fait beaucoup rire : de gros yeux, le doigt pointé sur ma poche et faisant « Tsss !… Tsss !… ». Je lui ai donc donné les clés.

Il fait alors le tour de la voiture. Là, forcément, je serre les fesses. Et, si vous vous souvenez d’au moins une route en particulier que je vous ai raconté précédemment, vous serrez aussi les mâchoires.

Et, le verdict tombe : rien à signaler. Là, j’avoue pousser un soupir de soulagement. On rend une voiture impeccable, et on a trop de temps devant nous. Dernier contrôle du loueur : il regarde le compteur. On a fait quasiment 1000 kilomètres durant ces cinq jours. Le loueur nous félicite même avec admiration. Apparemment, ce n’est pas tant courant.

Bref, valise et sacs à la main, nous partons vers le terminal. Mais on a presque trop de temps devant nous. Nous décidons de faire une dernière escale extérieure en nous posant à la terrasse d’un café-cafeteria qui borde l’entrée du parking. On s’y commande quoi ?… Ben, oui. Des cappuccinos.

Après un moment (peut être une heure), on se dit qu’on va quand même rentrer dans le terminal. On drague nos affaires dans le hall, cherchant si notre vol est affiché. Il l’est, mais bien entendu, quasiment deux heures avant, il n’y a aucune autre information.

On déambule un moment dans le petit terminal, pour finir par se dire qu’après l’enregistrement, il y aura peut-être plus de choses à faire, plus de boutiques, de restaus, etc.

Donc, on s’enregistre, on largue les bagages et on passe la sécurité. C’est à ce moment-là qu’on se dit qu’il y a un truc vraiment pas au point côté marseillais. Lors de notre départ de Marseille, nous étions peu à passer le contrôle, c’était très tôt, et il n’y avait qu’un vol (plus nous en retardataires). L’enregistrement et le contrôle ont pris un temps fou, sans raison apparente8. Or, ici à l’aéroport de Catania, en milieu de matinée, avec un bon paquet de vols en partance, l’enregistrement et le contrôle se sont passés à toute vitesse, sans heurt, sans stress. Bourdayle, les Marseillais, c’est quoi votre excuse ?

Pardon. Fin de la diatribe.

Or, donc. Nous voilà dans la zone post-enregistrement, et… ben en fait c’est décevant. Il y a quelques boutiques de souvenirs typiquement siciliens à des prix typiquement émirat-arabuniesques, deux zones de restaurations essentiellement à emporter et quelques distributeurs automatiques. On se rend compte à l’instant que la zone commerciale de cet aéroport est plus grande dans la zone publique que dans la zone d’embarquement.

On déambule un petit moment, explorant l’endroit, jetant un œil aux boutiques, puis aux menus des cantines. On s’achète de quoi manger, dérogeant par obligation à notre traditionnel piquenique. On s’achète des friands aux épinards (pas mal) et un truc étonnant, sorte de croisement improbable entre un panini et plus ou moins une pizza (très bon). Et on se trouve des fauteuils libres9 pour attendre que la porte de notre vol s’affiche.

De là où nous nous sommes installés, impossible de voir directement les panneaux annonçant les départs. Donc je me lève à peu près toutes les dix minutes pour aller consulter le plus proche, revenant presque systématiquement pour dire « Rien encore », m’asseoir et continuer de lire les « Dernières nouvelles d’Oesthrénie10 » en attendant la suite.

Presque systématiquement, parce qu’à partir d’un moment, je reviens en disant : « Il a un retard annoncé de 30 minutes. », mais le reste du rituel ne varie pas. Ça valait le coup de prendre 2 heures de marges pour ne pas louper son vol, non ?… Ben en fait carrément que oui, rien que pour la sérénité de ne pas faire la redite du départ.

Bon. Quand même, notre vol s’affiche, une queue se forme devant la porte numéro 8. Nous restons sagement assis, autant attendre que l’embarquement commence vraiment, pas la peine de piétiner bêtement pour rien.

Dans la queue pour le scan final de nos titres de transport, nous assistons à un esclandre. Un père de famille, sa femme et sa fille vocifèrent contre la pauvre hôtesse qui fait de son mieux pour répondre. Nous ne comprenons rien11 puisque ça s’enguirlande en italien. Le père, bâti comme un ours des Carpates, se montre de plus en plus véhément au point que les hôtesses finissent par appeler les carabineri. Curieusement, dès qu’ils entrent dans la conversation, le padre passe rapidement des vociférations aux explications tendues.

Lorsque notre tour arrive, ils sont garés sur le côté de la file, en mode attente nerveuse.

Nous montons dans notre avion, et on ne peut s’empêcher de zieuter qui descend du bus et quelles têtes apparaissent à l’entrée de l’avion. Lorsque les portes de l’appareil sont scellées, la famille énervée n’est pas à bord. Désolé.

Bref, ce fut la dernière mésaventure12 de notre séjour. Le vol de retour s’est bien passé. La récupération des bagages et de la voiture sans histoire. Et, en milieu d’après-midi, on retrouve notre maison, nos toutous, les enfants et la routine.

En conclusion

La Sicile, c’était formidable. Il a fait beau, on a délicieusement bien mangé, les vins qu’on y a bus vont du très correct au succulent. Les gens se sont tous montrés sympathiques et attachants. Et, c’est beau. Très beau13.

On reviendra. J’ose l’espérer.

Autoportrait accidentelAutoportrait accidentel


Score Fit : 9.736 pas



  1. Notez que c’est l’heure habituelle du réveil en semaine de travail.↩︎

  2. Dont on nous a si injustement privés ce matin. Par notre faute, mais quand même.↩︎

  3. Même à pieds.↩︎

  4. Ça reste un outil utile, mais une petite saleté à mes yeux, quand même.↩︎

  5. Et, donc, à l’Italienne, sans nous dévoiler la cause dudis bouchon.↩︎

  6. Autant l’italien, c’est mignon à entendre, autant pour avoir les infos pratiques quand on conduit, je préfère les lire dans ma langue natale.↩︎

  7. Oui, le même. C’est rigolo.↩︎

  8. Et ça semble la norme, vu que ça ne nous a jamais vraiment choqués. Agacé, oui, mais pas surpris.↩︎

  9. Denrée rare, la zone d’embarquement étant particulièrement pleine.↩︎

  10. Dernières nouvelles d’Oesthrénie de Anne-Sylvie Salzman (éditions Dystopia), un cadeau d’anniversaire de mon bro Olivier.↩︎

  11. J’ai cru saisir dans une phrase les mots « billet familial », mais c’est tout. Ça ne nous mène pas loin, hein…↩︎

  12. Par procuration. On n’allait quand même pas se refaire un embarquement catastrophique comme à l’allée, hein.↩︎

  13. Sauf les abords de la côte. Mais, peut être n’étions-nous pas du bon côté de l’île pour ça…↩︎

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