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Le petit vélo de Vincent Corlaix

Je me suis remis au vélo. C’est un scoop dont la portée est très négligeable, mais –comme on dit si bien– ça veut dire beaucoup pour moi.

Lorsqu’en 2010 nous avons emménagé dans la maison à Puyricard, étant donné l’environnement immédiat1, l’achat d’un vélo s’est imposé comme une évidence incontournable.

À ce moment-là, j’entamais à peine un CDI dans une entreprise des Milles, et la priorité budgétaire était centrée sur l’achat d’une voiture2. Le vélo était dans la tête, pas encore dans le porte-monnaie.

Lors d’une ballade en ville, nous sommes tombés sur une opération menée par l’église autour du vélo ; des sorties étaient organisées, on pouvait offrir un vieux vélo à rechaper et –surtout– on pouvait acheter un vélo d’occase. Plus précisément, on faisait un don et on repartait avec un vélo.

Étant donné ma taille, je n’ai guère eut le choix parmi ceux qui étaient à disposition. Je suis donc reparti avec un VTT vert bouteille, d’un poids avoisinant la masse critique, et qui avait été réparée d’une cassure au cadre. Mais j’avais un VTT pour 15 euros.

Ce VTT, qui était au croisement de l’agrée de cardio et du banc de torture, n’a pas duré longtemps. Au milieu de la 2e ou 3e sortie le long du canal de Provence, derrière chez nous, la soudure qui avait été appliquée pour réparer le cadre n’a pas tenu. Ne tenant plus que par une seule barre, le cadre était devenu flottant, ajoutant aux défauts précédents l’impression que je roulais bourré3.

Bref, je suis rentré à pied et, quelques jours plus tard, j’ai accompagné le vélo de clown à sa dernière demeure, à savoir la déchetterie.

Quelques mois plus tard, à bord de ma nouvelle voiture d’occasion4, je me suis rendu au Décathlon le plus proche pour aller fafouiner le rayon vélos. Coup de bol5, il y avait une promo en cours, ce qui m’a permis de surclasser le type de vélo que je voulais, tout en restant dans les limites du budget6 que je m’étais fixé.

Je me suis donc retrouvé en possession d’un VTT léger (comparé au précédent), rutilant de neuveté, avec fourche avant télescopique, et tout le toutim d’un bon VTT de plus ou moins débutant. Yay ! Les chemins de Provence vont goûter de mes pneus !

Un peu… Au début…

Et puis, classiquement, le projet d’acheter de quoi accrocher les vélos à l’arrière de la voiture7 s’est érodé, étiolé, vaporisé. Et, en conséquence, on s’est contentés de ballades en satellite de la maison, ce qui, à terme, a conduit les vélos à prendre une retraite très très anticipée au garage.

Je ne les ai jamais négligés. Chaque année, au printemps, je les nettoyais, lubrifiais, regonflais pour qu’ils soient prêts pour un été de randonnées fofolles. L’intention était là, mais jamais suivie de faits. Il y a bien eu quelques sursauts ici et là ; aller chercher un colis au relai au village alors que je n’avais pas de voiture disponible, par exemple.

Et comme ça pendant dix ans. Si.

Jusqu’à ce que l’autonommé Poirpom nous régale en relatant son tour de Loire cet été.

Je ne me fais pas d’illusions : je n’ai ni le matériel ni la forme physique pour faire ce qu’il a fait lui-même. Mais ça m’a tellement donné envie que…

…que j’ai ressorti le vélo de sa naphtaline, et que je l’ai remis une fois encore en l’état. J’ai décrassé le camelback, commandé un machin pour accrocher le téléphone au guidon avec Komoot calé dessus, changé la selle8 et même acheté un short et un t-shirt adaptés9.

Et je me suis lancé.

Une heure de pédalage, 18 kilomètres. Une ballade plutôt sympa, mais comme j’explore à moitié les trajets, je me suis retrouvé à faire quelques kilomètres sur la route d’Avignon, ce qui n’est pas une très bonne idée…

Néanmoins, je me suis régalé, même si j’avais les jambes tremblantes en descendant de vélo et que mon corps a tenu à me rappeler combien il avait participé pendant deux jours.

Ça ne m’a pas dégoûté, loin de là. J’ai repris Komoot avec l’idée de me préparer des itinéraires sympas. Le suivant a été :

Plus court (11kms) mais plus dur, je me suis retrouvé devant de sacrées montées10 et de très belles descentes. Un chouette tour que j’ai mémorisé et que j’ai classé dans Komoot comme «recommandé».

Du coup, pour la prochaine sortie, j’ai voulu reprendre cette précédente boucle, mais à l’envers.

Et là, j’ai râlé, et même décidé de faire demi-tour… Parce que je me suis rendu compte que la moitié du trajet se passait à travers des propriétés et des voies privées.

C’est le truc, dans mon coin : plein de nature, de forêts, de sous-bois sympas et attirants, sillonnés de sentiers tout mignons. Et les trois quarts de ces endroits sont soit des propriétés privées, soit des réserves de viandards gros bourrins armés connards néanderthaliens chasseurs.

Et, pas de bol, que ce soit sur Komoot ou sur Gougoule Mappe, ces voies et chemins sont clairement indiqués, sans aucune mention ni indication qu’ils sont interdit à la circulation. Fuchiotte !

Ça ne m’a pas découragé. Alors, je continue.

Hier, je suis reparti, avec deux objectifs possibles ; rouler une heure ou parcourir 20 kms.

C-c-c-c-combo ! J’ai réussi les deux (au prix d’un parcourt spaghetti comme l’atteste la carte) !

Ce trajet, qui a un peu besoin de raffinement, est très sympa, surtout toute la partie autour du cimetière paysager du Grand Saint-Jean. Il n’a qu’un seul défaut que je vais chercher à corriger ; un passage désagréable sur la route de Rogne, étroite et où les voitures roulent vite.

La prochaine sortie, ça sera à peu près ce trajet, mais à l’envers. Yay !

En manière de conclusion

Merci, sir Poirpom, de m’avoir redonné sans le savoir l’envie de décrasser muscles et artères. Il était temps !

Parce que c’est une évidence, pédaler comme un couillon dans la campagne provençale, en me racontant des histoires11, me plait énormément et me fait un bien fou.

Il ne me reste que deux choses à faire. D’une part, rester un minimum régulier12, et de l’autre trouver la même motivation pour reprendre les poignées du rameur, histoire d’équilibrer les exercices entre les jambes et les bras.

Allez, hop ! En selle !



  1. Champs, bois, canal de Provence…↩︎

  2. À l’époque, Puyricard - Les Milles en bus, c’était une sorte de chemin de croix. Je ne suis pas certain que ça se soit beaucoup arrangé depuis.↩︎

  3. Et pourtant, non. Ça ne m’est jamais arrivé.↩︎

  4. Une Citroen C3 Plurielle, décapotable, donc. Que je regrette…↩︎

  5. Chose très rare. En général, c’est l’inverse qui se produit; j’achète un truc à plein prix pour découvrir qu’on le brade peu de temps après.↩︎

  6. «limite de budget» est un terme, pour ceux qui me connaissent, assez étrange chez moi.↩︎

  7. En même temps, c’est hors de prix, ces machins !↩︎

  8. La selle d’origine est super effilée et peu rembourrée. Après quinze à vingt minutes, j’ai l’impression de transformer mon coccyx en copeaux de parmesan.↩︎

  9. Très difficile à trouver pour moi. Je veux juste des fringues génériques. Pas question de payer pour porter des pubs à la con.↩︎

  10. …dont une qui m’a achevée et que j’ai achevée à pied. La teuhon !↩︎

  11. Oui, je suis très bavard quand je suis seul. Je m’interview, je joue des rôles, je fais un live de ma ballade, bref, je suis un véritable peloton à moi tout seul…↩︎

  12. On va rigoler quand le temps va passer au froid et se gâter…↩︎

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