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Mon premier film en 3D

Aujourd’hui, j’ai été voir mon premier film en 3D. C’était le Alice au Pays des Merveilles de Tim Burton.

D’abord, au sujet du film lui-même, je dois dire que j’y allais un peu à reculon, après le fiasco total de son précédent, cette histoire indigérable du barbier vengeur gothico-musico-gore. Après un tel ratage, j’avais franchement peur de ce que tonton Burton pouvait nous faire.

Fort heureusement, il s’en est très bien tiré. Je ne vais pas sombrer dans le superlatif facile, parce qu’on est loin du chef d’oeuvre, mais c’était rafraîchissant tout de même.

Bizarrement, le plus gros reproche sur le film vient du fait qu’il serait peut-être plus intéressant pour Burton de lâcher Disney et se trouver un producteur adulte”. Certe, Disney est un gage de budget conséquent, mais cela veut aussi dire pour le réalisateur qu’il doit —sans doute— se forcer à charter son film pour un certain public.

On se retrouve alors avec des décors et des costumes purement burtonniens, superbes et tordus à souhait, mais avec des personnages étonnament lisses et attachants. Le soi-disant Pays des Merveilles devrait être un cauchemar de personnages incohérents, ingérables et absurdes, ils sont ici rigolos, attachants et compréhensibles dans leur logique. Dommage.

Si Burton avait écrit son film pour une prod qui ne cherchait pas absolument à rassurer son public de jeunes clients de McDo tout souriant, peut-être aurions-nous eu une vision du Pays des Merveilles plus en accord avec, mettons, Beetlejuice ou Sleepy Hollow; sans se départir d’un humour noir et tordu, aurions-nous pu apprécier des personnages plus effrayants, plus insaisissables, plus burtonniens, plutôt que ce bon gros chat-nounours du Cheshire qui fait un concours permanent de matou papatte-en-rond (je l’ai adoré, comprenez-moi bien, mais où est le chat inquiétant limite pervers de l’Alice original ?)

Maintenant parlons un peu de cette fameuse projection 3D.

Là, pour moi, ce fut la douche froide. On m’en avait vanté tant de mérites, surtout pendant Avatar. On m’avait cité cette fameuse fraise Haribo (qui a mieux marché que le film, dirait-on). J’avais eu l’occasion de discuter avec des gens d’une boite de 3D à Marseille (3DFM) qui ne jurait plus que par ça et qui m’a même cloué le bec en tentant de m’expliquer que AfterEffect était déjà à la rue puisqu’il ne gérait pas encore la double-vision permettant la 3D.

Bref, le cinéma à papy en 2D, c’est mort, c’est has-been, c’est plan-plan.

J’adore quand on enterre un vieux standard avant sa mort, alors que ce qui vient derrière est aussi au point que, mettons, la roue carrée.

Parce que croyez-moi, le ciné en 3D, je suis pas prêt d’y retourner. Oh, c’était impressionnant, je ne vous le cache pas…

D’abord, on a profité du tarif matinal (séance de 11 heures), qui fait que la majoration de 3 euros pour la 3D était légèrement compensée par la réduction de 2 euros.

Ensuite, il a fallu faire la queue pour entrer dans la salle, parce que c’est un peu long de distribuer les lunettes. La petite note bien vue, c’est la lingette donnée avec, j’ai hygiéniquement apprécié.

J’ai également apprécié la taille et surtout le poids des lunettes. Ma dernière expérience en la matière remonte à la projection des Ailes du Courage de Jean-Jacques Annaud. Ca date de 95, mais c’était à la fois en stéréoscopie ET en 70mm iMax. Plein la vue, donc. Le truc c’est que les dites lunettes étaient énormes et pesaient un âne mort sur le bout du nez. Sans compter que la fréquence d’obturation des verres était largement plus basse que celles actuelles, car elle était encore sensible. Mais c’était tenable, pour un film de moins d’une heure.

Par contre, ce qui m’a étonné c’est que lorsque j’ai chaussé les lunettes, salle encore éclairée, j’ai eu l’impression de mettre des lunettes de soleil; les verres sont teintés et virés, c’est-à-dire quà la fois ils absorbent une certaine (et importante) quantité de lumière, mais en plus les verres sont teintés brun-jaunâtre.

Nous avons eu droit à une bande-annonce pour un navet musical quelconque, tout en 3D avec effets prodigieusement impressionnants (jusqu’au lancer de casquette final direct dans ma face qui m’a fait sursauter) puis un clip en 3D d’une laideur absolue pour expliquer comment manipuler les lunettes et qu’il faut pas les voler à la fin parce qu’elles te serviront pas dehors, jeune étourdi.

Et le film a commencé.

Burton, à l’instar de Cameron n’a pas tourné son film pour la 3D mais l’a intégrée comme n’importe quelle technique cinématographique, ce qui fait qu’on n’est pas noyé sous les effets de profondeur de champ et de trucs qu’on se prend dans la tronche. J’apprécie.

Mais du coup, pourquoi devoir se supporter ce poids désagréable sur le nez pendant aussi longtemps pour si peu de résultat et pour un prix assez extrême ? (la place étant quasi-prohibitive, déjà…)

D’autant que, pour revenir au côté lunettes de soleil des machines 3D, j’ai soulevé mes lunettes plusieurs fois durant la séance, pour voir comment l’image était projetée (« Mais c’est tout flouuuuu ! »), et j’ai constaté une chose affreuse.

Avec les lunettes, le film me semblait terne, sombre et viré sépia. Ça colle avec l’esprit burtonnien quelque part, mais lorsque je soulevais les lunettes, je découvrais une image claire, aux couleurs pétantes et magnifiques.

Jusqu’au générique de fin qui, certe, joue magnifiquement avec les profondeurs mais est d’une tonalité sinistre, sauf quand —puisque c’est la fin— vous retirez les lunettes pour découvrir un jeu d’ombre et de lumière, de couleurs chaudes cachées dans les plantes tout autour du cadre.

Alors quel intérêt de s’obliger à subir tout ce dispositif ? C’est cher, c’est chiant (j’ai frôlé la migraine à cause du poids supplémentaire sur mes sinus), c’est pas très utile dans ce genre de film (allez, j’ai adoré Avatar sans ce bidule, pourquoi j’aurai envie de le voir en 3D maintenant ?) et en plus ca gâche foncièrement la qualité de la mise en lumière.

Bref, merci mais non merci.

On m’a confié que les premiers écrans plats 3D n’allaient pas tarder à sortir. Gardez-les, j’veux même pas d’écran plat. Moi, la 3D, elle me va très bien en vrai…

Dans les épisodes précédents… Sweeney Flop Hier nous sommes allés voir Sweeney Todd, le dernier Tim Burton/Johnny Depp. L’affiche dit : « Un nouveau Tim Burton c’est toujours un cadeau qu’on Notre biblio
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