Evènement anodin pendant une soirée assez curieuse, nous nous sommes retrouvés ma Crou, Fanny et moi attablés à la terrasse couverte du bar appelé La Suite, cours Sextius à Aix.
Bar à l’aspect presque lounge, mais (tout au moins ce soir là) aux éclairages de néon colorés du plus mauvais goût et aux serveurs ornés de perruques tout droit sorties des rebuts du Crazy Horse, d’un goût encore pire.
Nous nous étions cantonnés à la terrasse couverte, non chauffée malgré le froid polaire qu’il faisait à cette heure là tout simplement parce que l’intérieur était tellement bondé que les immenses vitres en étaient convexes et battaient au rythme du gros boum-boum bien relou et qui tâche qui passait à l’intérieur.
Après un moment à palabrer et à se frictionner les mains qui bleuissaient, le videur qui était équipé comme pour faire un raid sur la banquise nous a prit à la fois en pitié et notre commande, visiblement content de faire une entorse à son rôle, histoire de s’occuper un peu.
Fanny a commandé une vodka-orange, ma Crou un Kaïpirna et moi… un 007.
Et là, c’est le drame.
Outre le fait qu’en plein -2000°C on ait été assez inconscient de commander des boissons servies avec glaçons, je m’étais laissé charmer par le nom (sans doute une référence à un certain agent secret de sa très gracieuse majesté) et un peu par le contenu affiché : Gin & Vermouth.
J’aurai mieux fait de prendre un café. Ou mieux : un grog.
Lorsque nos verres sont arrivés, le mien ressemblait assez à ça :
Oui, moi aussi je me suis dit : « Whouaouh ! ». Jusqu’à ce que j’y trempe les lèvres. J’imagine sans peine le goût que peut avoir un produit antigel. Ça avait la même couleur en plus.
Pour résumer, c’était non seulement insipide, sans aucun arôme au premier abord, mais finalement le seul truc que le palais acceptait de reconnaitre était simplement la fadeur de l’alcool pur, presque médicinal.
Lorsque nous sommes partis, en sortant le videur a vu que je n’avais presque pas touché à mon verre. Il m’a demandé :
Ça ne vous a pas plu ?
Je lui ai donc expliqué, sans monter sur mes grands chevaux1 ce que je viens de vous décrire. Il avait l’air tout désolé et m’a présenté ses excuses. Là, j’avoue que j’ai été surpris et j’ai trouvé ça très sympa. Je lui ai répondu qu’il n’y était pour rien, et que de toute manière c’est moi qui avait choisi.
Tout de même, du coup je me suis demandé si ça n’était pas là le secret de James Bond : on est admiratif qu’il puisse boire ça. Faut être un sacré courageux pour boire de l’antigel et faire semblant que c’est bon.
Finalement, on a été se réfugier à l’Elfike2 où je me suis rattrapé avec une Apocalypse suivis d’une Boisson du Diable.
Tout de suite ça a été mieux. Jusqu’à ce que Kevin se pointe, mais ça c’est une autre histoire…
Et pour ceux qui comme moi veulent en avoir le coeur net, le 007 fait partie de la liste des cocktails reconnus, mais la recette est loin d’être aussi simpliste que celle de La Suite et surement plus buvable.