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Les Archives ferment

Et c’est sans doute définitif

On pourrait croire que je cède au teasing putàclic avec un titre pareil. C’est pourtant une page qui se tourne. Nous arrêtons la production des Archives de l’Insondable.

Il y a plusieurs raisons à cela, et je vais tenter de les expliquer sans verser ni dans le pathos facile1, ni dans le texte déluge dont j’ai l’habitude2.

Le podcast des Archives, c’est quatre ans d’audio, 104 épisodes représentant plus de 4 heures d’écoute, plus de 50.000 écoutes depuis plus de 80 pays dans le monde3.

C’est trois copains qui ont d’abord écrit un corpus de très courts textes absurdes, et qui se sont dit un jour que ça serait encore plus chouette à écouter.

C’est trois saisons d’un feuilleton idiot faisant vivre des personnages qui sont chargés d’administrer lesdites Archives, avec une saison 3 qui a été une véritable superproduction, tant à l’écriture qu’à sa distribution des rôles.

Et c’est naturellement que survient la première raison4 : on est lessivés.

1° — La grande lessive

Comme à chaque fin de saison, lorsque nous rendons notre copie et que la diffusion se fait petit à petit, nous on se met en vacances. Comprenez qu’on laisse de côté les Archives et qu’on mène notre barque domestique chacun de notre côté.

C’est une erreur que nous faisons systématiquement, car cela implique un hiatus entre la fin d’une saison et la reprise de la suivante. Et nous perdons toute la fidélité acquise entretemps. Mais, n’étant pas produits ni financés d’aucune façon, ne travaillant sur ce programme que sur notre temps et nos fonds propres, on ne peut guère faire autrement.

Nous aurions aimé nous consacrer plus attentivement à cet univers, quitte à nous contenter d’un mi-temps. Mais ça ne nous a pas été possible.

Donc, entre la fin de la saison précédente et maintenant, nous avons, comme à notre habitude, laissé filer le temps. Non pas que nous sommes restés inactifs. Olivier et moi avons attaqué assez tôt la mise en écriture d’une saison 4 des aventures des agents Gechter et Corlaix, ainsi que –c’est quelque chose qui couvait depuis un moment5– le roman des Archives. Olivier bossait également sur un petit jeu d’aventure fait sous RPG Maker, et moi je m’amusais à créer un générateur de badges d’agent du B.I.O.

Et puis, il y avait ce projet d’exposition pour les Utopiales. Ça fait beaucoup. Trop, peut-être quand on se souvient de ce qu’étaient les Archives au tout début ; une série de récitations cliniques de faits extraordinairement absurdes émanant d’une base de données indicible.

On a donc un jour fait le constat commun suivant : merdre, mais où on est ?

Et, surtout, la question corollaire : est-ce qu’on a encore envie de faire tout ça ?

D’autant que…

2° — La routine tchue

C’est Francis Mizio qui a mis le doigt là où on savait avoir mal, mais où on préférait regarder ailleurs. Comme quand on vous fait un vaccin et que, tandis que le praticien vous insère quelques millimètres d’acier chirurgical dans le derme, vous vous prenez de passion pour cette incroyable affiche de prévention aux couleurs délavées parce qu’au mur depuis 1974.

En substance, le maître de l’umour drôle m’a résumé la saison passée en ces termes :

C’est toujours aussi drôle, et vous maîtrisez votre univers et vos personnages. Mais là, y’a rien de nouveau. Vous roulez sur la routine.

Ça pique, docteur6 ! Mais, après quelques secondes de réflexions intenses, j’ai admis qu’il avait raison. J’ai polycopié la conversation7 à Olivier qui s’est lui aussi rangé à cet avis. Et puis, un peu plus tard, nous en avons discuté aussi avec Dimitri qui a acquiescé également.

Nous en avons pourtant encore sous le pied, comme on dit dans des milieux sachant manier la métaphore aussi bien que le ballon de rosé. Sans parler des PFE8 eux-mêmes, l’univers créé autour de la tentaculaire et mégalomane B.I.O. est une cour de récréation géante dans laquelle on peut potentiellement raconter des vies entières d’histoires. Mais nous en sommes arrivés à cette conclusion : les Archives dans leur forme actuelle commencent à bégayer.

Et puis…

3° — Et, surtout, la santé !…

Lorsque nous avons lancé le podcast des Archives, nous étions quatre, comme les cinq mousquetaires des doigts de la main. Olivier et moi étions aux claviers, Dimitri prêtait sa voix incontournable, mais il y avait aussi avec nous François TJP qui se chargeait des mix et montages sonores. Et qui a également prêté sa voix à l’agent Gechter le temps de l’intro et de l’outro de la saison. Deux pastilles sonores qui furent d’ailleurs à l’origine de l’envie de faire vivre ces personnages9.

Et puis TJP a eu des ennuis de santé qui ont fait qu’il n’a pas pu continuer à s’amuser avec nous. Nous avons restructuré notre production, et nous avons continué à produire les saisons suivantes. Et le mystère de la voix de l’agent Gechter qui mue10 est resté et restera encore insoluble.

La guigne a rattrapé notre petite équipe, et surtout l’un d’entre nous. Je ne rentrerai pas dans les détails, par respect pour l’ami. Mais après plusieurs déboires, Dimitri nous a envoyé il y a quelques jours un mail pour nous faire part de sa décision d’arrêter sa participation au podcast des Archives.

Comme les points cités ci-dessus étaient déjà en discussion, et que nous savions déjà qu’il avait des soucis, non seulement nous n’avons pas été surpris, mais c’était finalement un alignement des planètes non voulu, certes, mais effectif.

De toute manière, soyons honnêtes. Sans la voix de Dimitri, les PFE n’ont aucun sens. Nous avons envisagé, l’espace d’une demi-seconde, de basculer la narration des PFE entièrement sur une voix artificielle11. Mais nous avons balayé cette possibilité quasi immédiatement. Imaginer ces particules d’absurdes sans le timbre et le sérieux de Dimitri, c’est retirer au moins la moitié du sel de la chose. Donc, non.

Et continuer à produire tout ça seulement à deux, là aussi c’est quelque chose que nous n’avons pas envie d’essayer.

Les Archives ont vécu, les Archives ont vogué durant quatre années sur les ondes internettiques. Elles n’ont pas su trouver leur place ou leur public, mais elles ont eu leur petite fanbase qui va sûrement les regretter.

Mais il faut savoir tirer le rideau sur une scène qui laisse de bons souvenirs plutôt que de virer au carnage qui tire dramatiquement en longueur12.

Et après ?

Et après ? Bonne question.

Comme mentionné plus haut, Olivier et moi allons nous concentrer sur une seule chose pour le moment ; le roman des Archives. Et je tiens à vous prévenir tout de suite, sans spoiler : il ne s’agit déjà plus des Archives telles que vous les connaissiez à travers le podcast. À l’instar de Ghost in the Shell, par exemple, les Archives audio et les Archives du roman se trouvent dans des univers parallèles et n’ont que peu de choses en commun…

En outre, Olivier aimerait également poursuivre le développement de son jeu « Première journée au Bureau ». Quant à moi, je songe à reprendre tout ce qu’on a commencé à développer pour le feuilleton de ce qui devait être la saison 5 pour en faire une novella à épisodes.

Dimitri, de son côté, va prendre soin de lui, et se recentrer sur des choses plus essentielles.

Quant aux Utopiales… J’ai rangé ce projet dans la case13 des grands regrets.



  1. Facile.↩︎

  2. Ni vous abreuver de pluie de notes de bas de page.↩︎

  3. Sources : Podcastics.com↩︎

  4. Y’a pas d’ordre particulier.↩︎

  5. On l’a mentionné durant le catastrophique live sur Twitch, il me semble.↩︎

  6. Vous exagérez, j’ai pas encore piqué.↩︎

  7. Tout se passe sur Discord, à l’exception des conversations avec Dimitri. C’est plus compliqué, ou c’est au téléphone.↩︎

  8. Petits Faits Extraordinaires — le corpus des Archives.↩︎

  9. Ça, et le premier confinement.↩︎

  10. À partir de la saison 2, c’est Olivier qui prête habilement sa voix à l’agent Gechter. Un casting qui n’était pas évident au premier abord.↩︎

  11. En utilisant celle de Renée ou celles produites par Soundly, par exemple.↩︎

  12. J’ai immédiatement l’ultime saison de Lost qui me vient à l’esprit. Malheureusement ça n’est pas le seul exemple…↩︎

  13. Monstrueusement encombrée.↩︎

Dans les épisodes précédents… La Sicile, jour 6 J’en ai des choses à raconter. La question est : comment ?
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