Après quelques jours à le proposer, et comme la présidence tournante m’est échue pour la journée, j’ai décidé (sans surprise) qu’on aille voir à quoi ressemble le petit village de Kastro, tout au sud-est de l’île.
La veille, nous avions été boire un digestif au tout petit bar, première échoppe après le port. Tenu par un couple adorable, elle très baba-cool et lui motard à barbe blanche, ce petit bistro est sans doute le lieu qui possède le plus l’âme grecque1.
On en a profité pour demander s’il y avait des plages à Kástro. La réponse a été : « Oui, y’en a une qui est magnifique ! ».
Bah, cool, alors !
Nous voilà donc partis, bille en tête, et sac à plage et à pique-nique sous les bras.
Arrivé sur place, trahison ! Déception…
En bas d’un long escalier à la grecque2, on se retrouve littéralement dans un mini-dédale de mini-village de pêcheur, avec trois issues possibles :
Or, donc, la plage de Kástro, c’est une langue de gros galets coincés entre les maisons de pêcheurs et une falaise de roche. Y trônent deux bancs merveilleusement abrités d’immenses parasols. À part nous, il n’y a personne. Et pour cause, avec le vent qui s’est levé depuis hier, des vagues assez nerveuses brassent les gros galets de la… plage.
Après être restés quelques minutes à méditer sur le sens du mot nostimo4 et pris quelques photos des environs, nous sommes remontés à la voiture.
On a quelque peu hésité à entrer dans Kástro même, voire à redescendre au restaurant (il était largement l’heure), mais on a finalement opté pour aller déjeuner de notre pique-nique sur la plage du Faro.
Après avoir mangé, batifolé dans les ondes, siesté ce qui doit, on s’est posé la question de que faire ensuite.
Comme on peut se montrer butés et entêtés, nous sommes retournés à Kástro, mais cette fois pour visiter la ville elle-même.
La ville est une réplique d’Apollonia en miniature. Ce ne sont que ruelles tortueuses, degrés ne sachant si ce sont des murets ou des escaliers, murs chaulés aux angles et inclinaisons diverses, petites églises à chaque coin et ruines antiques surnageant partout.
Et puis, comme toute bonne soirée de ce séjour en Grèce, on s’est posés à une terrasse.
Déjà, le choix a été difficile. Comment décider entre la terrasse ultra-chic, celle un peu moins chic, celle occupée à une dégustation de vins que donc pas trop d’autres boissons et enfin celle du baba-cool-post-punk aux coussins défoncés et à la déco constituée de bouquets de bouteilles vides de Beefeater ?
Le choix fut fait. On s’est installés à la chic-mais-pas-trop.
Sous une tonnelle de vigne occupée par une famille de chatons rigolos, j’ai commandé un ouzo au verre. Traditionnellement, je demande quelle marque d’ouzo :
— Τη ούζο έχη ;
Regard interloqué en réponse. Je retente.
— Τη μάρκα ούζο έχη ;
Même réponse. Je tente en sheakespearois.
— What kind of ouzo do you have ? What brand ?
La charmante tenancière, déguisée en actrice de soap opera grec5, semble mieux comprendre au premier abord, mais en fait, non.
Elle me demande si je veux un verre d’ouzo. Je confirme. Elle me dit alors qu’elle va mettre du ouzo dans un verre, et mettre des glaçons. Est-ce que c’est bien ce que je veux ?
— Yes…
Okay, alors !
Lorsque nos commandes arrivent, elle pose devant moi un verre. Avec de l’ouzo. Et des glaçons.
Environs quatre fois la dose normale.
Spoiler alerte : j’ai tout bu. Na !
Ensuite, nous sommes repartis pour Kamarès6, et nous sommes revenus manger au tout premier restaurant du premier jour. On s’y était régalés. On s’est à nouveau régalés.
Et, c’est tout pour aujourd’hui.
Et les boissons qui vont avec…↩︎
Les escaliers à la grecque, c’est un escalier taillé dans la roche ou cimenté qui épouse le relief où il se trouve. Ça veut dire des marches aux dimensions aléatoires. Les Grecs et les escaliers, c’est toute une histoire…↩︎
Psarotaverna : restaurant de poissons et fruits de mer.↩︎
νόστιμο : délicieux, puisque c’est avec ce qualificatif qu’on nous a vanté cette plage.↩︎
Je n’exagère pas. Faites vos propres recherches !↩︎
Décidément, le resto de poissons de Kástro n’aura pas remporté les suffrages.↩︎