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Le petit voyage en Crète — Chapitre Final

Jour 11

La Crète – Dernier jourLa Crète – Dernier jour

Le réveil a sonné. Oui, on a mis le réveil. En vacances. Parce que c’est le jour du retour en Marcronistan France, et qu’on a de la route.

Première étape : rendre les clés de la villa à notre chère Barbara.

Deuxième étape : prendre la route à 8h30 tapante. Voilà, encore dans ce beau pays et on est déjà de retour dans les horaires disciplinaires. Pfff…

La route elle-même n’a aucun intérêt. Le temps est beau, la circulation très tranquille. On roule bien. Du coup, comme on se dit qu’on n’est tout de même pas non plus en panique horaire. Une fois passé Réthymnon, tous le monde à bord de la Kriti-mobile admet volontiers qu’en fait il fait déjà faim.

Donc, on se met en quête d’un endroit où se boire un truc et –éventuellement– manger quelque chose. Le premier arrêt est très décevant. Autour d’une chapelle se trouvent d’un côté une jetée où barbotent des yayas et des papous en plein kotstoboulo1, et de l’autre l’immense et accueillante terrasse d’un grand bar restaurant. Fermé. Malgré les horaires l’affichant théoriquement ouvert. Et en plein été. Visiblement, y’a un bug.

Dépités, nous repartons pour nous arrêter à nouveau quelques poignées de kilomètres plus loin. L’endroit s’appelle « Βυθός εστιατόριο μπαρ2 ». L’endroit est niché dans une petite crique toute calme. Une plage en croissant de lune est partiellement couverte de sunbeds bien alignés. Le bar lui-même est un bloc en dur pas plus gros qu’un conteneur transatlantique et une très belle terrasse surplombant la mer. Le tout semble tout neuf. Rien que le lieu nous plaît déjà.

Certain prennent du sucré, d’autre du salé. Mais l’un comme l’autre, tout le monde est unanime : très bon, très sympa. C’est cliché, mais si on n’avait pas un avion à prendre, on serait bien restés tranquillement ici un bon bout de journée.

Mais, il faut repartir. Direction l’aéroport de Xania. Vroum !

Après un peu plus d’une heure de route, nous arrivons dans la zone de l’aéroport. L’idée est de déposer la voiture au parc de location, puis de rejoindre le hall de l’aéroport. Comme je suis au volant, l’idée est de conduire jusqu’au terminal, tout le monde descend avec les affaires, puis je reviens seul déposer la voiture et prendre la navette pour revenir à l’aéroport.

Lorsque tout le monde est descendu, je fais le tour de la boucle et je reviens au parc automobile. Je gare la ouature à une place libre, et je vérifie que je n’ai rien oublié avant de descendre. Je me dirige ensuite vers le kiosque où je suis censé rendre les clés. Il est vide pour le moment, donc je m’apprête à attendre de voir l’un des personnels revenir. Au lieu de ça, c’est un employé de l’aéroport en voiture qui s’arrête à mon niveau et qui me demande si je rends une voiture. Je réponds par l’affirmative. Il m’indique du coup que je peux lâcher les clés dans la boite aux lettres faite pour ça, et que je n’avais pas vu.

Je largue donc les clés et je sors le contrat de location, que Pascal m’avait laissé au cas où.

– C’est à ce moment-là que la réalité s’est divisée en deux…

Pendant longtemps après ces événements, voici ce que j’ai vécu :

Le monsieur de l’aéroport me dit de le glisser avec les clés dans la boite aux lettres. Je m’exécute, et je monte à côté de lui, étant donné qu’il m’a proposé de me ramener à l’aéroport. Durant le trajet, on papote… enfin, surtout lui. Ayant appris que j’étais du sûde de la France, il me raconte ses vacances avec sa femme américaine du côté de Nice. Lorsqu’on arrive devant le hall, c’est à peine si je n’ai pas de quoi écrire sa biographie. On se sépare d’une chaleureuse poignée de main, et je file retrouver les autres dans le hall.

Là, j’explique tout content que j’ai tout bien rendu ; voiture, clés, et contrat. Et, là, c’est le drame. Je n’aurais JAMAIS dû déposer le contrat, j’aurais dû le garder. De toute manière, le loueur avait sa copie, celle que j’ai déposée appartient à Pascal qui, d’un ton contrarié m’explique que bon, y’a peu de risques de se faire entourlouper, mais quand même c’est pas prudent et non, mais c’est chiant en fait fallait pas allez on retourne le chercher.

On a le temps, heureusement. Donc, un Pascal agacé et un Vincent dépité retournent à pied3 au kiosque du loueur. Là, j’explique comme je peux le pourquoi de ma contre-visite. Et le jovial employé me répond que oui il a bien récupéré les clés, mais il n’y avait pas de contrat. Je lui dis que si, c’est pas possible autrement. Il me répond que non, y’avait pas. Moi, si. Lui, non. Il m’explique aussi qu’on ne met pas le contrat dans la boite. Moi j’explique que c’est un monsieur de l’aéroport qui m’a dit de le faire. Comme, évidemment, ledit monsieur n’est pas dans le coin, impossible à justifier. Le ton ne monte pas, mais les nerfs, si.

En tout cas, de mon côté, je me sens de plus en plus niaiseux. Pascal ne bronche pas, mais je le sens fulminer un peu4. Sur ces entrefaites, un autre employé arrive. Le premier explique la situation à l’autre qui, encore plus jovial, me dit la même chose : a pas contrat dans la boite. Comme j’insiste, les deux hilares me proposent un pari : 100 euros qu’on ne me voit pas déposer de contrat dans la boite sur la vidéo surveillance.

Merde. Sans dec’ ? Je me sens tellement mal que je suis prêt à me liquéfier sur place.

Pascal, sans doute totalement désabusé et voyant l’heure tourner, me dit de laisser tomber et tant pis, on se barre, merdalors. Après une fin de conversation abrupte avec les kiosquiers, nous nous dirigeons vers la navette qui vient d’arriver.

Une fois dans la navette, je n’en mène pas large. Je me conmorfond5 en excuses auprès de Pascal qui essaye de se dire que ça va aller, les mâchoires serrées.

– C’est à ce moment-là que la réalité s’est recousue…

J’ignore ce que je cherche exactement, mais je farfouille alors dans les poches plus ou moins secrètes de mon sac à dos qui ne me quitte pas. Et là où –sans doute– mon subconscient s’attendait à le trouver, j’extirpe ledit contrat de location.

Je ne sais pas ce que l’employé de l’aéroport m’a répondu exactement. Je ne sais même plus si on a évoqué le contrat. Je n’ai jamais glissé le contrat dans la boite. J’aurai perdu 100€ en pari idiot parce que rien sur la surveillance vidéo n’aurait indiqué que j’avais lâché ce foutu papier.

Bref, j’ai buggé dans les grandes largeurs6.

C’est donc un Pascal détendu et ayant reprit possession de son papier sacré, et un Vincent confit de ridicule qui rejoignent leurs compagnes respectives dans la file d’enregistrement. Ouf.

Une fois l’enregistrement, le dépôt des bagages faits7, et une certaine sérénité retrouvée, nous déambulons dans le duty-free pour des achats de cadeaux et bricoles de dernière minute. Et parce que c’est quasiment l’heure et que c’est le dernier moment, nous nous achetons de quoi nous restaurer, sous la forme de tyropita, spanakopita et gyropita. Pour continuer la grande tradition du manger dans les zones aéroportuaires, nos pitès s’avèrent totalement pas très bonnes.

Comme à l’aller, il y a encore cette histoire de places non continues parce qu’on n’a pas voulu payer en plus. Nous sommes donc saupoudrés ici et là dans l’avion, ce qui est également le cas de la majorité de nos co-passagers. Du coup, il s’ensuit durant quelques minutes rigolotes un jeu de fauteuils musicaux pour tenter que tout le monde retrouve son ou sa conjointe. On y arrive finalement, et c’est un vol de retour sans histoire qui se déroule ensuite.

À l’aéroport de Marseille, rien de particulier si ce n’est qu’on a droit à un contrôle des pièces d’identité. Contrairement à la dernière fois, les portiques automatiques étaient en service et nombreux, ce qui fait que ça s’est passé rapidement et sans douleur.

Il ne nous reste plus qu’à récupérer (sans problèmes) nos bagages, nous dire au revoir devant l’entrée du hall, et monter dans nos taxis personnels respectifs, après s’être fait la promesse d’un débriefing de fin de mission accompagné d’une ouverture de bouteille d’ouzo qu’on a ramené8.

La seule chose à espérer maintenant, c’est que je mette moins de temps à raconter tout cela la prochaine fois…


Jour précédent — Les T-shirts


  1. Des ragots en grec.↩︎

  2. Beach Bar Vythos↩︎

  3. Pas l’temps d’attendre la fichue navette, là !↩︎

  4. Dans un dessin animé, il aurait un petit volute de vapeur au-dessus de la tête.↩︎

  5. Sans doute la contraction de « je me morfonds d’être aussi con »↩︎

  6. Et même encore maintenant, je ne comprends pas ce que j’ai fait.↩︎

  7. Avec, encore une fois, la preuve que la version marseillaise n’est vraiment pas au point.↩︎

  8. Ce qui fut fait quelques semaines après.↩︎

Dans les épisodes précédents… Le petit voyage en Crète — Chapitre 10 Le petit voyage en Crète — Les T-shirts
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