Raconter une histoire inspirée par trois dés Story Dice choisis au hasard parmi les sets Actions, Astro et Heroes.
Les trois dés (26-10-2023)
Augustin était préposé à l’entretien des surfaces de mobilité sociale des étages inférieurs. Il ignorait totalement ce qu’on pouvait bien fabriquer dans cet immeuble. Et, à vrai dire, il s’en fichait royalement.
Jusqu’au jour où deux hommes, imposant en complets noirs et lunettes assorties, vinrent le prier de les accompagner avec, en sous-entendu physique, qu’un refus n’était pas à l’ordre du jour. On le conduisit plus haut, dans les étages accessibles uniquement aux porteurs de certains badges rares et importants, jusqu’à une petite pièce anonyme où l’attendait un troisième homme tout aussi sinistre que les deux autres. Le long d’un des murs, une immense surface vitrée était d’un noir profond et inquiétant.
L’homme invita Augustin à s’asseoir et commença à lui expliquait qu’il était en fait le dernier espoir de l’humanité. Une expérimentation scientifique compliquée s’était mal terminée, ce qui avait provoqué la division de l’univers tout entier en deux copies identiques, mais qui ne pouvait pas coexister longtemps sans détruire le tissu même de la réalité. En d’autres mots, on frôlait la fin du monde.
Après de longues recherches, les scientifiques ont fini par découvrir le pivot du duplicata ; Augustin lui-même. Pour preuve, l’homme fit un geste et la vitre s’éclaira. Augustin sursauta ; un double de lui-même l’observait à travers la vitre. L’homme conclut son explication en disant qu’un seul Augustin devait rester en vie, ce qui ramènerait l’équilibre dans l’univers.
— Que dois-je faire ? demanda-t-il timidement.
— Buvez ceci.
L’homme lui tendit une petite fiole.
— Ça va faire mal ?
Hésitant, tout le poids de l’avenir de l’humanité reposant sur ses épaules, Augustin engloutit le contenu du flacon. Après une grimace de dégoût, l’agent d’entretien s’écroula la tête la première, inconscient.
Une minute plus tard, un quatrième costard sombre fit irruption dans la pièce, furieux.
— Encore ? Vous n’avez rien de mieux à faire ? C’est le combientième, celui-là ?
— Oh, ça va… répondit laconiquement celui derrière le bureau. Ils tombent tellement facilement dans le panneau. Et puis, faut voir la tête qu’ils tirent quand le miroir s’allume !
Chacun fait une description parcellaire et orientée d’un personnage. On donne cette description à un autre participant qui doit imaginer une histoire avec lui.
Vincent a reçu de la part de Clotilde : « Long manteau, tournevis, cheveux en bataille »
Un énorme boucan retentit. Tous les ouvriers du chantier tournent la tête vers le petit local d’où proviennent maintenant le bruit d’un moteur maltraité, des fracas métalliques et des invectives inintelligibles.
Finalement, un homme à l’allure dégingandée, portant un pardessus élimé et passablement décoiffé, surgit du cabanon en brandissant un tournevis et en hurlant :
— Ça ne va pas, ça ne marche pas ! C’est toujours plus petit à l’intérieur que dehors !
Et, sous les regards médusés de ses collègues, il disparait au coin de la rue en continuant de crier : « Courrez ! »
Le calme revenu, un jeune apprenti finit par oser demander à son chef ce qui venait de se passer.
— C’est rien. C’est Bob qui fait une crise. Dès fois, ça lui prend comme ça. Alcool et séries de science-fiction, c’est pas un bon mélange, gamin.
Il s’agissait bien sûr du 10e Docteur de la série Doctor Who.
La première phrase de l’histoire est donnée : « Je crois que j’ai entendu du bruit sous le lit… ». Et la dernière également : « Et c’est pour ça que je pars à New York. »
Je crois que j’ai entendu du bruit sous le lit. Bon, des bruits de chambre, dans cette résidence étudiante, rien de spécial. Surtout si le collègue d’à côté a réussi à faire entrer en douce sa copine du moment. Mais, non. Là ça vient bien de sous mon lit. Intrigué et pas rassuré du tout, je me penche lentement. D’abord, je ne vois rien. Puis la petite horreur à huit pattes me bondit au visage. Je sens immédiatement une vive piqûre au cou. Par réflexe, j’écrase la saleté arachnide, mais trop tard. La bestiole m’a bel et bien mordue.
Les jours passent. Le bouton me démange toujours, mais ce n’est rien comparé aux étranges démangeaisons que je ressens sur tout mon corps. Et, en parlant de ressentir, j’entend, je sens et je vois trop bien, maintenant. Vu les voisins que j’ai c’est pas toujours un avantage. Mais il parait que je m’en fais pour rien, d’après l’infirmière du campus. Elle tente de me persuader que ce sont mes hormones qui travaillent au court-bouillon.
Mais je sais que c’est autre chose. Je le sais, parce que je n’arrête pas de mener de petites expériences quand je suis seul dans ma chambre. Bon, c’est vrai, j’ai balancé du fluide collant et blanchâtre partout. Mais ce n’est pas du tout ce que vous croyez.
Enfin bref, grâce à Erasmus, je me suis trouvé un stage de journaliste aux U.S.A. Et c’est pour ça que je pars à New York.