La chute de l’histoire est donné, il faut raconter ce qui y conduit.
Dans son bureau géant au sommet de la tour qui porte son nom, le magnat multimilliardaire contemple son empire en soupirant. Pour être honnête avec lui-même, la seule chose qui manque à sa vie, c’est…
Ce qui manque à sa vie c’est… Ah, si seulement il pouvait mettre le doigt sur ce sentiment intangible ! Que lui avait donc raconté cette employée anonyme, déjà ? Elle était venue, accompagnée de son enfant de… quel âge ? Il n’a rien écouté, en fait, la tête dans les cours de ses actions. Un morveux, en tout cas, qu’elle avait trainé jusqu’à son bureau pour l’amadouer, sans doute.
Un congé ? Une augmentation ? Des couches pour son petit monstre ? Bah, il s’en fiche. Il s’est contenté de cliquer sur une icône de son ordinateur. Paf ! Virée dans l’heure. Ça lui fera des indemnités, et on passe à des choses plus sérieuses.
Il s’aperçoit qu’il joue machinalement avec une bricole que le morveux a oubliée là. Un jouet en plastique moche. Et, là, le déclic !
La règle de bonne conduite dicte qu’il aille le rendre à la maman éplorée. Mais, non ! Il le garde, il est à lui, son précieux !
Et, voilà ce qui lui manque dans la vie ; spolier les gens, surtout les enfants. C’est si bon !
Allez, quel nom de super-méchant va-t-il bien pouvoir se choisir ?
D’un mot valise inventé, une absurDéfinition, imaginer sa définition et la mettre en scène. Le mot :
Tranquillosophie
(n.f.)
Ce gourou marseillais avait fondé ce qu’il clamait être un nouveau courant de pensée. Le principe de ce qu’il avait baptisé la « tranquillosophie » consistait à opposer à toute question, toute situation, la réponse suivante :
— Tranquille…
Lorsqu’un disciple lui demandait quel était le sens de la vie ?
— Tranquille…
Lorsque des journalistes lui posaient des questions sur son passé ?
— Tranquille…
Lorsqu’il fut accusé d’abus sexuels sur des disciples ?
— Tranquille…
Détournement d’argent ?
— Tranquille…
Le GIGN vient l’arrêter ?
— Tranquille…
Le seul moment où sa philosophie fut prise en défaut, et il se trouva incapable de donner sa réponse magique fut le jour où un co-détenu parisien lui demanda si on devait servir le pastis avant l’eau ou bien l’inverse.
Depuis, il purge sa peine dans le quartier de haute sécurité.