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Ελλάδα 2022 — Jour 6

14 juillet 2022

Aujourd’hui, c’est le grand départ. On migre d’une île à l’autre, de Sifnos à Kythnos.

La matinée est donc occupée comme à l’accoutumée ; plage / pique-nique. Puis on retourne à Kamarès pour boucler nos valises, prêts pour le départ.

Notre bateau étant prévu pour 18h30, on la prend cool.

On commence par rendre les studios, dont la propriétaire accepte gentiment de stocker nos bagages dans un coin.

On rend ensuite la voiture à l’ouverture de l’agence1, puis on se prend un premier café en terrasse ombragée, pour commencer à… attendre.

Finalement, après un frappé et un helléniko2, on se décide à un dernier tour des magasins, pour avoir de quoi grignoter sur le bateau et peut-être quelques babioles souvenirs à ramener.

Puis, on se recale dans nos confortables fauteuils et on commande à nouveau un truc à boire, qu’on va faire durer le temps qu’il faut3.

Vers 16h30-17h, un bateau arrivant au port attire notre attention. C’est le Dyonisios Solomos, le bateau qui nous a conduit ici et qui doit nous amener à Kythnos qui est en train d’accoster.

Un léger vent de panique s’empare de nous. Il est en avance ? Est-ce qu’on a encore le temps d’aller aux appartements récupérer nos bagages et courir jusqu’à la jetée pour se jeter dedans ?

On opte pour aller se renseigner à l’agence maritime (et accessoirement y retirer nos billets).

Demi-rassurance : c’est bien notre bateau, et il n’est pas en avance, mais en retard. Il est encore dans son circuit allé. Nous, on embarque à son retour. On nous annonce donc encore 2h/2h30 d’attente…

Du coup, on retourne une troisième fois au café, on patiente encore un peu, on règle nos consommations, on prévient l’agence de location de voiture sur Kythnos qu’on aura un retard terrible, elle nous répond que tant pis, la voiture ça sera pour demain, et nous donne en prime quelques numéros de taxis pour ce soir.

Après avoir réservé un taxi, on remonte aux studios récupérer nos affaires.

Ensuite, comme l’heure de l’apéro s’approche, on se dit que ce serait une bonne idée de s’acheter (enfin) quelques pitas4 à grignoter avant d’embarquer, pour éviter d’avoir à payer (pas trop) cher des sandwitchs pas terribles sur le bateau en manière de dîner.

On passe nos dernières heures au début du quai, à boulotter des pitas un peu trop sèches, et à s’impatienter du retard du bateau.

Une discussion avec des collègues italiens nous fait découvrir une chouette appli pour smartphone, « Marine Traffic », qui permet de visualiser l’emplacement en temps réel de tout navire enregistré.

Ça nous permet du coup de mettre une image sur notre impatience…

L’attente sur le quai…L’attente sur le quai…

Avec quasiment quatre heures de retard, le Solomos se met enfin à quai. Nous montons à bord, tous joyeux et content. Ou l’inverse.

La traversée démarre en mode lecture5 et somnolence. Puis, environ une heure après le départ de Sifnos, on fait escale à Sérifos.

C’est quelques poignées de minutes après le départ de Sérifos que l’annonce crachotée par les affreux haut-parleurs nous tombe dessus : à cause de la situation météo (grands vents), le bateau ne s’arrêtera pas au port de Kythnos. Il rentre directement au port du Pirée.

Nos réactions (dans l’ordre) :

Un sourire incrédule aux lèvres, on se rend au comptoir derrière lequel deux officiers6 nous expliquent ce qui nous attend :

  • On va descendre au port du Pirée
  • Là, un bus nous emmènera au port de Lavrio
  • Là, un bateau nous ramènera à Kythnos
  • Là, arrêtez de paniquer, tout va bien aller…

Bon, ben, sans autre solution, et puisque tout est prévu, on retourne s’asseoir en attendant d’arriver au Pirée…

Entre 2 et 3 heures du matin7, le Solomos arrive au Pirée. Les officiers qui nous avaient renseignés réunissent la douzaine de passagers qui devait débarquer à Kythnos dans le salon. Là quelques échanges énervés ont lieu entre des passagers motorisés et les officiers. Les premiers râlent qu’ils vont devoir faire la route eux-mêmes, et user de l’essence (hors de prix en Grèce) pour reprendre un autre bateau.

Nous débarquons à quai pour nous faire aussitôt monter dans un bus garé à quelques pas. En route pour le port de Lavrio…

…dans un bus à la sono à fond et à la clim bloquée sur « cercle arctique en pleine période de glaciation ».

La sono finit par s’éteindre miraculeusement, mais nous resterons en mode igloo durant les deux heures de trajet nocturne.

Et, nous voilà à Lavrio. Charmant port maritime qui…

… n’a rien de charmant.

Le chauffeur de bus nous lâche sur un quai désert, devant quatre ferries à l’arrêt, près d’un abri qui n’en a que le nom. On lui demande « Et… quoi, maintenant ? », mais le chauffeur (visiblement embêté) nous répond qu’il n’en sait rien, qu’on lui a juste dit de nous conduire ici et que… bonne chance ?

Nous voilà donc, douze expatriés SDF sur un quai désert balayé par un vent, certes doux, mais fou furieux, à 5 heures du matin environ, sans le boire ni le manger, et surtout sans aucune info…

Ça n’est pas encore fait, mais nous allons envoyer notre polie façon de penser à la compagnie Zante Ferries sur leur élégante manière de gérer cet incident…

Bref… On se cale, on se blottit comme on peut, et on fait n’importe quoi pour passer le temps ; discuter, vider la batterie de son portable, essayer de somnoler entre les bourrasques de vent qui jouent avec les serviettes de plages reconverties en couvertures de fortune…

Notre «foyer», vu depuis le bateau qui nous a sauvéNotre «foyer», vu depuis le bateau qui nous a sauvé

Vers 6h30, 7 heures8, un monsieur aimable et accueilli comme un pape vient ouvrir une petite gargote derrière l’abri où nous étions stockés. Tout le monde s’y précipite pour un cappuccino, ou une viennoiserie9. Puis nous reprenons notre attente.

Pendant ce temps, le port reprend doucement vie. Des membres d’équipages commencent à s’activer sur l’un ou l’autre des ferries devant nous, des véhicules et gens à pied font leur apparition.

J’ignore d’où est venue l’information10, mais on a appris à ce moment-là qu’il fallait aller aux bureaux à l’entrée du port pour faire changer nos billets. S’en est suivie une migration plus ou moins joyeuse vers lesdits bureaux.

Le billet salvateurLe billet salvateur

L’un dans l’autre, finalement, les douze paumés se sont retrouvés avec de nouveaux billets, un nom de bateau (le béni « Marmari Express ») et une heure de départ ; 8h15.

Il ne nous restait plus qu’à rassembler et ranger nos affaires, et nous pouvions… enfin… monter à bord.

À 8h30, le Marmari quittait le port de Lavrio. Nous étions enfin en route pour l’île de Kythnos…

Allez, salut, Lavrio !Allez, salut, Lavrio !




  1. À 1mn à pied des studios, donc à environ 20 secondes en voiture.↩︎

  2. Helléniko, littéralement, un « grec » : un café à la mouture très fine, qu’on fait bouillir (préalablement sucré) dans une toute petite casserole, et qu’on verse tel quel dans la tasse. Il faut alors attendre que le marc retombe pour le boire lentement et précautionneusement.↩︎

  3. Une formule bien grecque valable pour tout.↩︎

  4. La pita (Gyro-pita en entier) en Grèce est ce qu’on appelle un kébab en France, mis à part qu’il est servi dans un pain pita. D’où le nom.↩︎

  5. J’y ai fini le génial tome 9 de The Expanse de James S. A. Corey, et j’y ai entammé l’excellent Les Voleurs de Curiosités de Jess Kidd.↩︎

  6. Ils ont de belles chemises blanches avec plein de barettes dorées dessus, donc c’est des gradés, non ?↩︎

  7. À l’origine, nous aurions dû débarquer à Kythnos vers 19h30-20h.↩︎

  8. Dans le contexte, une éternité plus tard…↩︎

  9. Les croissants grecs, c’est quelque chose, mais rien à voir avec nos croissants, à part vaguement la forme.↩︎

  10. Le vent s’étant un peu calmé, j’avais vaguement réussi à m’endormir.↩︎

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