Décrire ou raconter une histoire inspirée par l’image ci-dessous. Mais en y ajoutant un élément qui n’apparait pas sur la photo.
Source : Archillect
Ils faisaient groupe sur la plage. Tous s’étaient donné le mot : le petit Grimault1 allait faire un nouvel essai. Les adultes entouraient l’enfant tandis qu’il se harnachait de son appareillage compliqué et encombrant. Les regards apitoyés, les chuchotements moqueurs ou complaisants ne le dérangeaient pas. Il les ignorait. Il aurait sans doute aimé un ou deux encouragements. Mais ça, il n’y avait jamais eu droit, pour aucune de ses tentatives.
Une fois prêt, il étendit ses ailes mécaniques de toute leur ampleur. Il les fit battre lentement d’abord, puis un peu plus vite, soulevant des volutes de sable fin.
Et ses pieds quittèrent le sol. L’assemblée poussa des cris de surprise étouffés. Devant eux, le petit Grimault s’élevait tel un oiselet, montant toujours plus haut, spiralant dans l’air, prenant de l’assurance.
Alors, les spectateurs déployèrent eux aussi leurs ailes et s’envolèrent pour l’accompagner. Il avait enfin gagné le droit d’être comme eux.
On écrit un paysage, un moment du quotidien du point de vue d’un animal ou d’un insecte sans mentionner qu’il s’agit d’un animal.
1… 2… 3…
J’ouvre un œil. Pas grand-chose. La casquette ? Ah, oui. J’avance un peu la tête. Ah, voilà, c’est mieux. Il fait jour, chouette !
1… 2… 3…
Faudrait que je bouge, mais… C’est dur. Non, c’est compliqué. Non. C’est juste qu’il faut que je me décide, voilà tout.
1… 2… 3…
Eeeeet… voilà. Me suis dégagé de mon trou. Faim, non ? Oui, faim. Y’a quoi, alentour ? Jetons un œil.
1… 2… 3…
Ah, la livraison a eu lieu. Pas très loin, mais quand même. Faut y aller. Combien de pas ?
1… 2… 3…
Bon. Presque dix, mais j’y suis. De la salade. Et des troncs de brocoli. Et un peu de tomate. Pas mal. Allez…
1… On ouvre le bec.
2… On allonge le cou.
3… On mord. Miam !
« Ploc ! »
Oh ! Quelque chose m’a touché ! En plein sur le dos, et c’est humide ! Par réflexe, j’ai tout rentré, et j’attends…
1… 2… 3…
Ah ! Des gouttes de pluie. Ça va, c’est rien. Mais, je vais quand même aller me nicher dans mon trou, le temps que ça passe. Allez, en route !
1… 2… 3…
Le début de l’histoire est donné, il faut raconter ce qui se passe après.
Dans mon quartier, un chantier interminable cachait un terrible secret.
Dans mon quartier, un chantier interminable cachait un terrible secret. Tout le monde semble l’ignorer, mais moi, cet immeuble en construction m’inquiète vraiment. Je ne saurais vous dire en quoi je le trouve louche, mais je suis sûr qu’il s’y trame quelque chose d’indicible. Donc, j’ai décidé d’aller enquêter moi-même.
Je passe discrètement entre des panneaux disjoints de la palissade, puis je pénètre dans le squelette du bâtiment en devenir. La construction est loin d’être finie, mais la structure elle-même est achevée, donc propice à abriter tout et n’importe quoi. Je veux en avoir la pompe circulatoire nette.
J’entre dans la pénombre des premières pièces. Des outils oubliés, des gravats. J’avance. Dans la pièce suivante, des reliefs frais de nourriture. J’en étais sûr ! Quelqu’un vit ici. C’est peut-être un simple squatteur, mais…
Un bruit me fait sursauter. Je me retourne pour me retrouver face à l’être le plus laid, le plus informe que je n’ai jamais vu. Rose, lisse, très symétrique sur sa hauteur, orné de deux globes humides juste sous des poils dressés sur son sommet, et quatre membres horriblement articulés.
Je veux crier d’effroi, mais un autre bruit me tétanise. Ils sont plusieurs ! Je craque. Je me rue à l’extérieur, détalant en hurlant à qui peut m’entendre :
« À l’aide ! Des humains ont débarqué ! »
Clin d’œil à Paul Grimault, le réalisateur du film d’animation Le Roi et l’Oiseau.↩︎