Je ne vous le cacherai pas ; je guette avec avidité la sortie d’un album signé Surcouf. Le dernier, PouvoirPoint, fut un régal à plusieurs niveaux. Restant dans la veine SF (anticipation cette fois, pour ne pas froisser les amateurs d’étiquettes), Mars Horizon permet à Erwann de rester dans l’espace.
L’album nous raconte les premiers jours d’une équipe d’exploration internationale qui marque le premier pas de l’homme sur Mars, dans les années 2080. Il est scénarisé par Florence Porcel qui, au vu de son pedigree, semble être promise à remplacer un jour dans mon fil Twitter un certain @Thom_astro…
Le récit est construit intelligemment autour de plusieurs enjeux ; la récupération d’une cargaison qui s’est posée trop loin, l’installation et le ressenti psychologique d’être sur un monde étranger, et l’exploration robotisée d’un océan sur Europe.
Si on a pu lire que «Le trait de dessin de Florence Porcel embrasse certes une griffe moderne qui peut sembler basique, mais la variété de ses plans, sa gestion des décors souvent détaillés et variés, ainsi que sa cohérence graphique font le job.», après qu’Erwann ait récupéré ses crayons, on peut enfin se régaler d’une mise en image qui peut paraître sobre1 mais son dessin laisse toute la place à la fois aux personnages, et surtout aux paysages martiens.
Car, comme tout bon récit d’exploration et de découverte, le décor, Mars, est un véritable personnage dans l’histoire. Au point même que les pionniers finissent par admettre une relation fusionnelle avec la planète.
Je ne peux m’empêcher de comparer cette œuvre à deux autres. La première s’appelle Olympus Mons - Tome 1 : Anomalie 1 (de C. Bec et S. Raffaele, éditions Soleil), dont une partie de l’intrigue (dans ce tome-ci au moins) se passe sur Mars, avec la première expédition qui y découvre ce que le titre suggère. Le dessin, que j’estime fait à la truelle numérique le dispute au scénario qui parvient à la fois à donner l’impression de tout révéler sans rien raconter. Un truc à éviter, selon moi.
L’autre, tout au contraire, est Seul sur Mars de Andy Weir2. Le fil narratif est pourtant complètement différent, mais l’ambiance, les enjeux et la psychologie des personnages de Mars Horizon peuvent être rapprochés des aventures en mode survival de Mark Watney sur la planète rouge. Je peux le confesser sans honte, les passages à bord du rover ou la sortie extra-véhiculaire de Jeanne Clervois m’ont procuré autant d’émotions que les moments les plus mouvementés du roman de Weir.
Le paradoxe de la production bédé actuelle veut qu’il y ait beaucoup de sorties, mais il est par conséquent difficile d’y dénicher des pépites. Soyons clairs : Mars Horizon est l’une de ces pépites, c’est même un joyau que je suis content d’avoir dans ma bibliothèque.
Je ne peux lui reconnaître que deux défauts : c’est trop court, et j’attends une suite ;)
Mars Horizon, de Florence Porcel et Erwann Surcouf, aux éditions Delcourt